Ce franco-béninois s’en est pris à plusieurs reprises à la politique française en Afrique, et critique vivement l’occident, tout en restant proche du Kremlin.
« Une posture constante et actuelle résolument anti-française ». Kémi Séba, militant franco-béninois connu pour ses positions radicales anti-occidentales, a annoncé la semaine dernière être visé par une procédure de déchéance de la nationalité française, une information confirmée par une source proche du dossier au Parisien.
L’activiste a partagé sur ses réseaux sociaux le document du ministère de l’Intérieur qu’il a reçu, et que BFMTV a pu authentifier. Il lui est notamment reproché de prendre dans ses déclarations « une posture constante et actuelle résolument anti-française » ce qui peut « porter gravement atteinte aux intérêts français ». « Sous couvert de prises de position hostiles à la politique étrangère du pays, vous diffusez des messages particulièrement virulents, voire outranciers contre la France, ses représentants et ses forces militaires, incitant à la rébellion », précise le document.
Suivi par plusieurs centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, Kémi Séba se présente comme un « révolutionnaire africain au XXIᵉ siècle » et « président de l’ONG Urgences Panafricanistes ». Dans ses interventions, il explique la nécessaire révolution que doit mener le continent africain face au néocolonialisme et s’en prend régulièrement à la France et à sa politique en Afrique mais aussi en Outre-mer. Il déclare d’ailleurs sur X avoir reçu de la part de la Maire de Cayenne (Guyane), Sandra Trochimara, la médaille de la ville « pour son combat contre l’injustice et l’oppression des Noirs ».
Un « coup d’épée dans l’eau »
En France, l’activiste s’est fait connaître en 2006 en tant que fondateur de la Tribu Ka. Ce groupuscule a été dissous par le ministère de l’Intérieur après une marche à caractère antisémite à Paris, dans la rue des Rosiers. Il a également été, un temps, proche de l’humoriste Dieudonné, condamné, entre autres, pour antisémitisme et négationnisme.
La #France a tardé à engager la procédure de déchéance de nationalité de Kemi Seba, selon Issa Kaou Djim. Il appelle la France à expulser tous les panafricarusses bénéficiant du système français et continuant à dénigrer et insulter le pays.#Bèki_Takè pic.twitter.com/XJ6b6TGX1L
— KONATE Malick (@konate90) March 5, 2024
Il s’est plusieurs fois montré proche de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, de l’Iran des Mollah, de Cuba, mais aussi de la Russie de Vladimir Poutine. Il a ainsi déjà été l’invité d’honneur de la Douma, le parlement russe. C’est d’ailleurs sur la chaîne Russia Today qu’il est revenu, lors d’une interview, sur sa déchéance de nationalité.
DÉCHÉANCE DE LA NATIONALITÉ
: « C’EST POUR NOUS UNE DÉCORATION DE GUERRE, ET JE NE MENDIERAI PAS POUR GARDER LEUR NATIONALITÉ» pic.twitter.com/iyNN4bcg1k — Kemi Seba Officiel (@KemiSeba1) March 1, 2024
« Pour nous c’est une grande médaille que le gouvernement français soit dans une démarche de nous attaquer de cette façon (…) ils apportent de l’eau à notre moulin », lance-t-il. Il assure également que cette décision n’est qu’un « coup d’épée dans l’eau », car il utilise principalement le passeport béninois dans ses voyages, sauf pour se rendre en France et en Europe, et vit au Bénin.
Kémi Séba a un mois pour faire parvenir ses « éventuelles observations » au ministère de l’Intérieur. La demande de déchéance sera ensuite transmise au Conseil d’État, qui tranchera.
Avec Le Parisien