Dans Mémoires d’outre-haine, l’ancien secrétaire d’État fait état des centaines de lettres racistes qui lui ont été adressées et leur répond «sans haine et sans colère».
Kofi Yamgnane plonge le lecteur, dans un livre à paraître vendredi Mémoires d’outre-haine, au cœur d’une «France hideuse» décrite via les centaines de lettres racistes reçues depuis son élection à la mairie de Saint-Coulitz (Finistère) en 1989.
L’ancien secrétaire d’État franco-togolais de François Mitterrand, l’un des rares élus noirs de métropole sous la Ve République, entend «montrer au grand public la face de cette France hideuse qui n’a rien à voir avec ce que je crois être la réalité de l’évolution de ce pays», comme il l’explique en avant-propos de ce livre de 272 pages publié aux éditions Locus Solus.
«Espèce de macaque, gros singe noir, remonte dans tes arbres…» ou «Les Bretons sont-ils à ce point tarés, dégénérés, alcooliques pour ne trouver qu’un nègre à élire – c’est la fin d’un monde»: Kofi Yamgnane a conservé toutes les lettres, anonymes ou non, reçues tout au long de sa vie politique.
En écrivant «cette réponse collective à tous les anonymes qui refusent de voir l’évidence de l’évolution colorielle de la société française moderne», l’ancien homme politique âgé de 75 ans souhaite «apporter (sa) petite pierre à l’édifice du mieux-vivre-ensemble».
«J’écris sans haine et sans colère, juste pour soigner les plaies des pauvres hères qui se sont trompés de colère, et pour amener les autres, la multitude, à le savoir», écrit-il encore, évoquant également le «profond traumatisme» vécu et partagé avec sa famille et ses amis.
Sur le mode d’un conte traditionnel en 52 «veillées», l’ancien secrétaire d’État des gouvernements Cresson et Bérégovoy revient sur son parcours, son engagement politique, sa rencontre avec Nelson Mandela, l’Europe et les migrations, indique sa maison d’édition.
Kofi Yamgnane, arrivé à 19 ans en France pour y faire ses études, est élu en 1983 conseiller municipal à Saint-Coulitz, puis en 1989 maire de la petite commune de 400 âmes. Adhérent du Parti socialiste, il sera ensuite secrétaire d’État aux Affaires sociales et à l’Intégration (1991-1993), conseiller général du Finistère (1994-2008) et député socialiste du Finistère (1997-2002). Il fut également candidat aux élections présidentielles togolaises de 2005 et 2010.