Il y a une semaine à Marseille, Badara M’Baye a asséné un coup de poing à un quinquagénaire, décédé 48 h plus tard. L’ex-boxeur pro a été écroué.
Lorsqu’on tape son nom sur internet, une petite fiche apparaît et indique le palmarès de Badara M’Baye, boxeur professionnel de 1997 à 2003 : 12 victoires dont la moitié par KO et 8 défaites dont 5 où il a fini au tapis.
Un boxeur que les spécialistes qualifieraient de « moyen ». Mais là n’est pas l’essentiel. Dans un portrait que lui consacrait La Provence, il y a cinq ans dans le cadre d’une enquête sur le rôle des « grands frères » pour lutter contre la violence dans les cités, l’ancien poids lourd lâchait froidement : « Sans la boxe, je serai mort aujourd’hui. Elle m’a appris le contrôle, la discipline. »
C’est que le parcours du natif de Dakar (Sénégal) a connu des très hauts et… des très bas. À 16 ans, lorsqu’il débarque dans la cité de Campagne-Lévêque (Marseille 15e), il arpente le droit chemin, il passe sa vie sur les rings et dans les salles de prières.
À 20 ans, le jeune homme passe chef de la sécurité à Grand Littoral, quand les autres minots de son âge font déjà des séjours aux Baumettes. Jusqu’au jour où ses fréquentations changent.
Badara, enchaîne les embrouilles, les coups et blessures en discothèques notamment, et finit, en 2009, par être condamné à dix-huit mois de détention pour avoir menacé des individus avec une arme à feu. « C’est comme si un mauvais sort m’était tombé dessus. La violence m’a envahi », racontait-il dans La Provence.
Une rencontre, entre les murs, va changer sa vie : celle du coach de boxe Jean-Claude Chabanne. M’Baye canalise sa violence, bénéficie d’une remise de peine, retrouve sa fiancée et ses amis, un boulot à Plan-de-Campagne et un but : aider les gamins de la rue. « Ces gosses ils ont besoin d’un leadership, d’un père », pilonnait l’ex-boxeur dans nos colonnes…
Une rixe aux contours encore bien flous
Alors que s’est-il passé dans la soirée de mercredi dernier ? Comment Badara, qui assurait que « la violence est partie », s’est-il laissé entraîner dans un tel drame, dans une rixe à sens unique, entraînant un KO fatal ?
À 43 ans, l’ancien boxeur, qui a principalement combattu sur les rings de la région marseillaise, a conservé sa carrure – 1,91 m pour 88 kg – et un certain punch. « Largement en tout cas pour avoir une réputation de dur dans le quartier », assure un proche de ce dossier dramatique.
Alors évidemment quand, au cours d’une rixe aux contours encore bien flous, survenue dans la rue Longue des Capucins (1e), l’ex-boxeur a décoché un crochet du gauche surpuissant à Mohamed, un homme de 56 ans, celui-ci s’est littéralement effondré. À l’arrivée des fonctionnaires de la police secours, la victime était toujours inconsciente et hospitalisée en urgence.
Le lendemain, alors que son état de santé continuait de se dégrader, les enquêteurs de la brigade criminelle de la Sûreté départementale étaient chargés de retrouver l’auteur de ce coup de poing dévastateur. Ce que les policiers allaient parvenir à faire en 24 h seulement, notamment grâce à leur enquête de voisinage et aux images de vidéoprotection et alors que la victime venait de succomber à ses blessures.
Selon nos sources, l’autopsie a révélé que c’est le choc de la tête sur le sol qui est la cause de la mort. Mais Badara M’Baye, qui a assuré en garde à vue s’être seulement défendu, a été mis en examen pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » et a été écroué.
Il y a cinq ans, il confiait, comme une prémonition : « Je n’aime pas dominer, quand je domine ça peut mal finir. Avec ma force, vous savez… »
La Provence