Senef.fr : Le site des Sénégalais de France
Le site des Sénégalais de France

L’Espagne est débordée par le flot des migrants venant d’Afrique

L’Espagne est débordée par le flot des migrants venant d’Afrique

Les capacités d’accueil des îles Canaries sont saturées et les arrivées d’embarcations clandestines sont de plus en plus nombreuses, aussi, sur la côte méditerranéenne. Parmi les arrivants, de plus en plus d’Algériens et de Marocains qui profitent du fait que les frontières fermées pour cause de pandémie empêchent le renvoi automatique vers leur pays d’origine.

La crise migratoire s’emballe à nouveau en Espagne. Nuit après nuit, les débarquements clandestins se succèdent sur les plages des îles Canaries et les centres d’accueil sont saturés.

L’archipel a vu arriver 16.000 clandestins depuis le début de l’année, soit dix fois plus qu’en 2019. Le quai du port d’Arguineguin, sur l’île de Grande Canarie, est envahi de campements dressés par la Croix rouge et les ONG, tandis que le rythme des arrivées ne cesse de s’accélérer, avec 9.000 personnes durant le week-end dernier.

« Pas de nouveau Lesbos »
« Nous n’allons pas convertir les Canaries en un nouveau Lesbos », promet le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande Marlaska, qui reconnaît « une situation d’urgence ». Selon lui, l’engorgement des structures d’accueil n’est que provisoire et il compte sur la diplomatie espagnole pour trouver des terrains d’entente avec les pays d’origine des migrants.

Si la situation est de plus en plus tendue aux Canaries, un afflux inhabituel d’embarcations de migrants se note aussi sur le littoral méditerranéen, aux alentours d’Alicante ou aux Baléares notamment. A mesure que se compliquent les sorties depuis la Libye vers l’Italie , les réseaux de passeurs ont réactivé d’autres routes vers l’Espagne.

A LIRE  Téléphonie: Orange lance une offre dédiée à la communauté sénégalaise

Ce brusque changement de cap a pris de court Madrid, qui doit gérer en catastrophe les questions migratoires, les contrôles sanitaires des arrivants et la limitation des déplacements. Aux Canaries, l’ONG d’aide aux migrants CEAR dénonce la situation dramatique des centres d’accueil et réclame à la fois des conditions décentes, la garantie des droits et l’aide juridique aux personnes.

L’opportunité de la pandémie
La situation n’est pas totalement neuve, mais la pandémie et la fermeture des frontières viennent d’introduire des paramètres inattendus. Aux migrants de l’Afrique subsaharienne viennent maintenant s’ajouter de nouveaux candidats au départ, marocains ou algériens. La fermeture des frontières de leurs pays respectifs pour cause de pandémie leur offre une opportunité inattendue.

D’habitude, les accords d’extradition signés entre l’Espagne et leur pays d’origine permettent leur rapatriement immédiat sitôt posé le pied sur le sol espagnol, ce qui décourage une bonne part des candidats au départ. Mais la clôture de leurs pays pour cause de pandémie bloque actuellement les retours, et nombreux sont ceux qui saisissent l’occasion pour tenter le voyage vers l’Europe.

Entrée dans l’espace Schengen
Pour la grande majorité d’entre eux, l’Espagne n’est que la porte d’entrée dans l’espace Schengen, et ils débarquent avec l’intention de rejoindre leurs familles plus au nord, vers la France, la Belgique ou les Pays-Bas. Sauf que Madrid est en principe tenu de garder les arrivants en territoire espagnol et les contrôles ont été renforcés à la frontière française. Lors d’une récente visite au poste frontière du Perthus, en Catalogne, Emmanuel Macron a annoncé la multiplication par deux des effectifs de la police des frontières et clairement fait passer le message : c’est aux Espagnols de gérer le problème.

A LIRE  Les ressortissants Africains bloqués au Liban en pleine guerre se disent abandonnés par leurs autorités

A Madrid, on a pris bonne note et la ministre des Affaires étrangères multiplie les efforts diplomatiques vers le Maroc, le Sénégal ou la Mauritanie pour réactiver les accords de retour et convaincre ces pays d’aider à freiner les départs. Il s’agit de « renforcer la collaboration et travailler de manière conjointe pour éviter les départs », explique la ministre de la Politique territoriale, Carolina Darias, afin, dit-elle, « que personne ne risque sa vie en montant dans ces embarcations ».

Cécile Thibaud avec Les Echos

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *