En temps normal, ils étalent leur couverture et exposent lunettes, maillots de football et chaussures — souvent contrefaits — dans les grands lieux touristiques espagnols. À la Puerta del Sol de Madrid, sur les Ramblas de Barcelone… Et, à la vue de policiers, ils tirent sur les cordes pour refermer le tout et prendre la tangente. Le jeu classique du chat et de la souris.
Or sans touristes et dans un pays confiné, pour cause de Covid-19 les manteros, ces vendeurs ambulants, n’ont plus de quoi vivre. C’est une économie quotidienne. Sans sortie, plus de ventes et donc plus d’argent. Nous sommes invisibilisés , déplore Malick Gueye, 38 ans, un porte-parole du syndicat des manteros de Madrid.
Alors, ils se sont organisés pour subvenir à leurs besoins. Sur le modèle des « caisses de résistance » qui existent pour aider ponctuellement un compagnon malade ou incapable de travailler, ils se sont constitué un « revenu de base » grâce à une campagne de dons.
Le mois dernier, nous avons pu donner 200 € à soixante vendeurs, poursuit Malick Gueye. Pour le mois prochain, cent soixante-douze manteros se sont inscrits. On donnera entre 50 et 200 €, en fonction de ce que l’on va recevoir. Chaque vendeur gère ainsi son revenu et peut en envoyer une partie à sa famille, notamment au Sénégal d’où la majorité est originaire.
Solidaires avec les hôpitaux
Des initiatives similaires ont vu le jour à Barcelone ou Bilbao. Dans la ville basque, plus de 8 000 € ont ainsi été collectés. À Barcelone, le syndicat local des vendeurs à la sauvette a opté pour une aide alimentaire, distribuant de la nourriture et des produits de première nécessité à environ 300 personnes.
En demande de régularisation, ces derniers viennent d’offrir 5 000 masques et blouses aux hôpitaux catalans, qu’ils ont eux-même confectionnés, floqués de leur propre marque, Top Manta. Précaires mais solidaires.
Baptiste LANGLOIS
