Le gouvernement ne voudrait plus d’elle au Conseil National du Numérique. Rokhaya Diallo a été nommée membre du Conseil par un arrêté publié mardi.
Dès mercredi au soir, le secrétaire d’Etat au numérique Mounir Mahjoubi a annoncé qu’il avait demandé à la présidente du CNNum Marie Ekeland de revoir sa copie.
Sans nommer Rokhaya Diallo, le gouvernement écrit dans un communiqué que le CNNum « a besoin de sérénité pour travailler et les derniers échanges sur la composition du Conseil soulignent que ces conditions ne sont pas pleinement réunies ».
Une militante qui suscite les critiques
Les « échanges » évoqués sobrement par le gouvernement ont principalement porté sur la nomination de la militante antiraciste Rokhaya Diallo. Mercredi, la députée LR Valérie Boyer a dénoncé son arrivée au Conseil ainsi que celle du rappeur Axiom, dans une lettre adressée au Premier ministre qu’elle a publiée sur son compte Twitter.
Pas satisfait de la nouvelle composition du @CNNum (où l’on retrouve notamment Rokhaya Diallo), le gouvernement demande à la présidente de revoir sa copie : « Les conditions [de sérénité pour travailler] ne sont pas pleinement réunies ». pic.twitter.com/SVO3Ps9YFF
— Olivier Tesquet (@oliviertesquet) 13 décembre 2017
Selon Le Figaro, plusieurs personnes travaillant à l’Elysée et à Matignon ont elles aussi alerté Mounir Mahjoubi à ce sujet. Mais qui est donc cette militante qui suscite tant de précautions ? Sur le site du CNNum, où sa biographie figure encore, elle est présentée comme « une journaliste, écrivaine et réalisatrice dont le travail est marqué par un engagement en faveur de l’égalité ».
Rokhaya Diallo, qui a travaillé pour RTL, Canal + et Le Mouv’, est chroniqueuse dans l’émission Touche pas à mon poste présentée par Cyril Hanouna depuis la rentrée 2017.
Pétition pas très « Charlie » et soutien du PIR
Née en 1978 à Paris de parents arrivés du Sénégal dans les années 1970, Rokhaya Diallo a grandi à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Elle dit avoir décidé de militer contre le racisme au cours de ses études de droit et de commerce. En 2007, elle cofonde l’association Les Indivisibles, dont le slogan est « Français, sans commentaire ».
Rokhaya Diallo mise notamment sur l’humour en créant en 2009 les « Y’a Bon Awards », sortes de césar des « meilleures phrases racistes » prononcées par des personnes publiques. La même année, le Parti des Indigènes de la République, qui se définit comme « antiraciste » et « décolonial », prend sa « défense » contre l’hebdomadaire Marianne.
Nominations de @RokhayaDiallo et du rappeur #Axiom au Conseil national du numérique : alors que les Français exigent de leurs responsables politiques de la cohérence, je souhaite mettre la lumière sur plusieurs contradictions d’@EPhilippePM pic.twitter.com/0YsMOd9ZFw
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 13 décembre 2017
Ses prises de positions anti « racisme d’Etat », anti islamophobie, ou contre la loi sur l’interdiction du voile à l’école en 2005 suscitent régulièrement la polémique en France, comme son interview pour le média Regards, publié le 30 novembre dernier, dans laquelle elle déclare : « Je ne vois pas en quoi le fait de marquer la féminité par un voile, c’est plus sexiste que de le marquer par des talons aiguilles ou minijupe. »
Ses détracteurs dénoncent aussi sa signature en 2011 d’une pétition « contre le soutien à Charlie Hebdo » ou son emploi du terme « racisme d’Etat », que le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer veut sanctionner.
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A peine nommée, Rokhaya Diallo devrait donc quitter le CNNUm. Sur les réseaux sociaux, elle a reçu de nombreux messages de soutiens auxquels elle répondait encore ce jeudi presque systématiquement.