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Une visite de Robert Spano, le président de la Cour Européenne des Droits de l’Homme en Turquie suscite des critiques

Le président de la Cour Européenne des droits de l’homme (CEDH), Robert Spano, a entamé jeudi 3 septembre en Turquie une visite qui suscite des critiques de défenseurs des droits humains en raison des violations reprochées au pouvoir turc.

Robert Spano s’est entretenu jeudi avec le ministre turc de la Justice Abdulhamit Gul avant une rencontre prévue dans l’après-midi avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Le juriste italo-islandais, qui a pris la tête de la CEDH en mai dernier, doit recevoir vendredi un doctorat honoraire de l’Université d’Istanbul.

L’annonce de cette distinction a suscité des critiques, dans un contexte où des milliers d’universitaires ont été purgés dans la vague de répression qui a suivi la tentative de coup d’Etat en 2016. «Je ne suis pas sûr à quel point il est réjouissant de devenir un membre honoraire d’une institution qui a condamné des centaines d’universitaires au chômage et à la pauvreté en les virant de manière injuste», s’est indigné Mehmet Altan, écrivain et universitaire, dans une lettre ouverte qu’il a adressée au président de la CEDH. Altan, qui avait été accusé d’être impliqué dans la tentative du coup d’Etat et emprisonné pendant près de deux ans, n’a pas pu retrouver son poste à l’université, malgré son acquittement.

Ne pas «cautionner»
Des défenseurs des droits de l’homme ont aussi appelé le président de la CEDH à ne pas «cautionner» par sa visite l’instrumentalisation de la justice par les autorités turques pour punir les opposants. L’Association des droits de l’homme (IHD) a notamment rappelé les cas d’Osman Kavala, un mécène turc détenu pour «tentative de renversement du gouvernement» et de Selahattin Demirtas, leader kurde, emprisonné pour «terrorisme». Osman Kavala est incarcéré depuis près de trois ans en dépit d’une demande de la CEDH de le libérer et d’un acquittement rendu par un tribunal turc.

La Turquie arrive en tête des pays qui ont commis le plus de violations depuis la création de la CEDH en 1959, avec 3.645 condamnations. La situation des droits humains a empiré dans le pays après la tentative du coup d’Etat en 2016. De nombreux journalistes, universitaires, activistes et opposants ont été arrêtés alors que plusieurs médias ont été interdits d’activité. Actuellement, 92 journalistes sont derrière les barreaux, selon la Plateforme pour le journalisme indépendant.

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«Une visite dans de telles circonstances s’adressant uniquement aux institutions étatiques peut signifier que vous tolérez ce qui se passe en Turquie», a indiqué l’Association des droits de l’homme dans une lettre ouverte adressée mercredi au président de la CEDH. Robert Spano devrait aussi rencontrer vendredi et samedi des représentants de la société civile turque, dont le président du barreau d’Istanbul.

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