Le gouvernement conservateur du Texas menace de fermer un centre d’accueil pour migrants à El Paso, intensifiant sa lutte contre l’immigration clandestine, alors que la crise migratoire fait rage en pleine campagne en vue de l’élection de novembre.
Le président démocrate Joe Biden, qui se représente pour un second mandat, et son probable adversaire en novembre, l’ancien président républicain Donald Trump, doivent tous les deux se rendre jeudi au Texas, à Brownsville pour le premier et à Eagle Pass pour le second, portant leur duel à la frontière avec le Mexique.
Des émissaires du procureur général du Texas, Ken Paxton, un proche de Donald Trump, ont récemment débarqué dans les bureaux d’Annunciation House, une ONG d’obédience catholique qui, grâce à des bénévoles et à des dons, accueille depuis 1978 des migrants dans la ville d’El Paso, frontalière avec le Mexique.
Il leur été demandé des documents sur les activités de l’ONG, ainsi que des dossiers de migrants.
Les autorités du Texas, qui ont porté plainte contre l’ONG et demandent la fermeture du centre d’accueil, accusent l’ONG de faciliter les entrées illégales de migrants.
L’ONG prétend offrir « compassion et liberté aux marginaux et aux étrangers », mais ses « activités réelles semblent être tout à fait différentes » et « semblent violer systématiquement la loi », selon la plainte du procureur du Texas.
Dans des propos publiés en ligne l’année dernière, son directeur, Ruben García, affirmait que l’ONG héberge 300 personnes, dont certaines n’ont pas été prises en charge par les autorités après leur arrivée aux Etats-Unis, craignent d’être expulsées et y reçoivent des conseils juridiques et de l’assistance.
« La position illégale, immorale et antireligieuse du procureur général de fermer la Maison de l’Annonciation est infondée », a-t-il dit lors d’une conférence de presse.
L’avocat de l’ONG, Jerry Wesevich, a dit avoir demandé à un tribunal de déterminer quand et quels documents devront être remis.
« Campagne d’intimidation »
La crise de l’immigration est l’un des thèmes centraux de la campagne pour l’élection présidentielle de novembre, les républicains rassemblés derrière Donald Trump accusant l’administration Biden d’avoir favorisé « une invasion » de migrants.
Les traversées irrégulières depuis le Mexique, principalement par des Latino-Américains à la recherche de meilleures conditions de vie, atteignent des chiffres record.
Le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, défie depuis des mois l’administration Biden, tentant par exemple de prendre le contrôle d’une partie de la frontière le long du Rio Grande, alors que la frontière est du ressort de l’Etat fédéral. Le bras de fer a été porté devant les tribunaux.
Ou encore en promulguant une loi, entrée en vigueur le 6 février, qui alourdit les peines pour ceux qui se livrent au trafic de migrants.
Une autre loi autorisant la police à détenir des migrants sans statut légal doit entrer en vigueur au Texas en mars.
« Cette loi vise toute personne sans papiers vivant au Texas, qu’elle y soit depuis 10 minutes ou 10 ans et qu’elle ait ou non des enfants scolarisés », a affirmé Ruben Garcia.
Pour l’évêque du diocèse d’El Paso, Mark Seitz, le Texas est confronté à « une campagne d’intimidation croissante », impliquant « le ciblage de ceux qui offrent de l’aide » aux migrants.