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Paris : Un Angolais condamné pour trafic de médicaments

Joao D. a été condamné ce vendredi à trois ans ferme pour s’être fait délivrer des médicaments avec de fausses ordonnances.

Le montant de l’arnaque est vertigineux. Tout seul, un escroc d’expérience s’est fait délivrer des médicaments pour un montant de 1.124 000 €.

Une arnaque menée au fil des années 2012 à 2017 dans près de 500 pharmacies parisiennes, des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. Pour cette escroquerie « de grande ampleur », s’accordent à souligner les avocats des caisses d’assurance maladie flouées, Joao D., 43 ans, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Paris ce vendredi.

Des cartes Vitale volées

« En 2012, j’étais seul, je n’avais pas de femme ni d’enfants, tente d’expliquer le prévenu, un Angolais en situation irrégulière. Après, j’ai compris qu’il ne fallait plus faire de bêtises. » En même temps, s’il a « compris qu’il ne fallait plus faire de bêtises », Joao a continué. A un rythme assez soutenu et toujours selon le même scénario.

D’abord, il volait la carte Vitale d’un patient dans une officine ou l’achetait à Barbès. Les cartes d’assurés pris en charge à 100 % pour n’avoir jamais à débourser le moindre euro. Ensuite, il bidouillait des ordonnances au nom de vrais médecins. Souvent en changeant le numéro de téléphone pour éviter qu’un pharmacien suspicieux ne puisse joindre le praticien. Et indiquant à la main « non substituable » – dont la valeur est supérieure à celle des génériques sur le marché parallèle – et « départ à l’étranger » pour se procurer des traitements de plusieurs mois.

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Le prévenu a « tout reconnu »

Il y eut notamment quantité de boîtes de Casodex, prescrit pour le traitement du cancer de la prostate. « Monsieur était très bien organisé. Pour le Casodex, il utilisait bien les cartes d’hommes âgés », a insisté l’inspecteur de la CPAM 92 représentant la caisse à la barre. Avec les cartes de trois assurés, il y a eu 95 prescriptions ! » Autre médicament au cœur du trafic : les bandelettes prescrites aux diabétiques pour mesurer le taux de glycémie : d’après les calculs de l’inspecteur de la CPAM, Joao s’en serait procuré 200 000 boîtes.

La question du devenir des médicaments indûment délivrés n’a pas été creusée durant l’instruction. Ce que Me Julie Guillarme, l’avocate du prévenu, a clairement critiqué. Son client affirme qu’il agissait « sur commande » et remettait la marchandise « au fond d’un magasin » : « Il y avait une mama, je lui donnais les médicaments, elle me donnait des espèces ». A l’entendre, Joao négociait tout « à Barbès et Château-Rouge, avec les mêmes que ceux qui vendent les papiers ».

Face à un tribunal l’entendant peu, le prévenu s’est finalement peu expliqué. Sinon pour répéter qu’il avait « tout reconnu », « pas minimisé », et pas envisagé « d’aller en prison » à cause de sa grosse magouille. Elle lui aurait rapporté, dit-il, quelque 2200 € par mois.

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Celle-ci fut mise au jour après un long travail de recoupement des enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA) de la PJ parisienne, saisis de l’affaire après que la CPAM du 93 a adressé un signalement au parquet en janvier 2015.

En deux ans, Joao s’est fait remettre pour 450 000 € financés par la seule Sécurité sociale de Seine-Saint-Denis. L’enquête, puis l’instruction, ont révélé l’ampleur de la fraude à l’échelle de toute la petite couronne. L’escroc, confondu notamment par la vidéosurveillance des pharmacies et le bornage de son téléphone à proximité des officines, est condamné à trois ans de prison ferme.

 

Le Parisien

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