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La Turballe (44) : Mor Diouf, marin, crée des liens avec son pays

Mor Diouf

Mor Diouf, 40 ans, marin pêcheur travaille avec Ludovic Leroux, patron pêcheur à La Baule. Hier, l’équipage composé de 12 salariés est resté à quai pour cause de mer démontée. L’occasion pour Diouf de nous raconter sa vie à La Turballe, loin de sa terre natale.

Il a quitté son pays natal, le Sénégal, en 2008, pour venir travailler à la Turballe, Il est à l’origine de la création de l’association MBoolo, fondée pour venir en aide au développement des villages sénégalais et de l’organisation, du 16 au 23 novembre, d’une semaine sénégalaise à La Turballe.

Quel est votre parcours personnel ? Comment du Sénégal, êtes-vous arrivé à La Turballe ?

Je suis né, en 1975, dans une famille de 7 enfants dans un petit village au nord de Dakar. Je suis allé à l’école primaire, j’ai obtenu mon CEP, puis au collège et au lycée.

Le bac en poche, en 1996, je me suis inscrit à la fac, en socio. Puis, je me suis présenté au concours de l’École nationale de formation maritime (ENFM) de Dakar. J’ai été admis.

Au cours des 2 années d’études, j’ai été pris comme stagiaire par un armateur des Sables-d’Olonne, basé à Dakar, André Berthomé. Celui-ci m’a promis, à l’issue de la formation, de m’embaucher. Il a tenu parole. Après l’obtention de mon certificat d’aptitude maritime, j’ai travaillé avec lui, de 1999 à 2008.

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En 2007-2008, je suis retourné à l’ENFM, pour devenir lieutenant. Au cours de la formation, Ludovic Leroux qui recherchait du personnel, s’est adressé à l’École. L’offre d’emploi m’a été transmise. C’est ainsi que je me suis retrouvé sur un bateau, à la Turballe, le 23 juillet 2008.

La destinée est bizarre. Je ne voulais pas être pêcheur : je n’aimais pas ce métier qui chez nous, se transmet de père en fils (mon père que j’ai perdu tôt était agriculteur). C’est un métier où il y a beaucoup d’accidents. Si j’avais pu, j’aurais continué dans l’administration, dans la politique. J’aurais passé l’ENA, à l’image du président Leopold Senghor. Un modèle chez nous.

J’imagine que les débuts n’ont pas été faciles…

Oui et non. Ludovic Leroux m’a simplifié les formalités administratives. Il a justifié auprès des autorités les raisons de mon entrée en France. J’ai signé un contrat. Plus tard, j’ai reçu un titre de séjour et une carte de résident d’une durée de 10 ans.

La langue française (langue officielle au Sénégal) n’a pas été une barrière. Elle a été un atout. « Tout est une question de bon sens ». Le climat, au début, a été dur à supporter. Pour la première fois, j’ai connu à Cherbourg, la neige. Maintenant, je suis acclimaté. Je supporte la pluie, le vent…

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J’ai, dès mon arrivée, été pris en charge par d’autres Sénégalais, déjà présents à la Turballe, dont un sur le bateau du patron. Ils ont facilité mon intégration. De toute façon, l’hospitalité fait partie de la culture sénégalaise et l’éducation reçue prépare à l’adaptation.

À la Turballe, j’ai de bonnes relations, je n’ai pas été victime de rejet de la part de la population, j’ai été bien accompagné par la mairie, par les armateurs, par le groupement des pêcheurs pour l’ensemble des démarches à accomplir.

Les pêcheurs sénégalais vivent à La Turballe, dans une bonne ambiance de travail. Bien sûr, le pays natal me manque, j’y retourne, selon l’état de mes finances 2 ou 3 fois par an.

 

Source : Ouest-France

 

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