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« Solidaires ici, solidaires là-bas »

Cette tribune constitue la première expression publique d’un groupe de travail composé d’institution et d’organisations de la société civile et animé par l’Agence française de développement. Elle rappelle que parmi les « travailleurs essentiels » durant la pandémie, les personnes issues des migrations ont pris une place éminente dans notre réponse collective aux défis lancés.

« Au moment où la société française entre dans une nouvelle phase de son déconfinement, nous pouvons être fiers de ces millions de travailleuses et travailleurs essentiels qui ont permis que la vie continue malgré tout, au plus fort de la mise à l’arrêt de la société.

Parmi ceux qui ont assuré les fonctions vitales du pays, la part des personnes issues des migrations est significative. Et en leur sein, les femmes. Nous pensons en premier au personnel de santé, au personnel d’entretien, auxiliaires de vie, caissiers, épiciers et boulangers, livreurs à vélo, éboueurs, agents de nettoyage, éducateurs de rue. Cette crise sanitaire a eu le mérite de rendre visible tous ces métiers du quotidien et ceux qui les ont assurés. Va-t-on aujourd’hui les oublier, les laisser retourner à leur invisibilité ?

Ce serait d’autant plus choquant que ces travailleurs si essentiels ont aussi été les plus exposés à la maladie. D’après l’Insee, pendant l’épidémie, les décès de personnes nées à l’étranger ont augmenté deux fois plus que ceux de personnes nées en France, et cette surmortalité a touché en particulier les classes d’âge en activité. Les exemples sont multiples.

Le Dr Razafindranazy, d’origine malgache, a été le premier médecin décédé du Covid-19 en France le 21 mars. Jeune retraité, cet ancien médecin-urgentiste avait volontairement pris une garde de nuit pour soulager ses collègues débordés, dans l’Oise, fortement touché par le virus. Autre symbole : Aïcha Issadounène, caissière à Saint-Denis, décédée du Covid le 26 mars. Selon l’Insee, en Seine-Saint-Denis, la hausse des décès a été particulièrement forte (+127 % en mars-avril 2020). Elle a été de 95 % pour les personnes nées en France, de 191 % pour les personnes nées au Maghreb et de 368 % pour celles nées ailleurs en Afrique.

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Les personnes issues des migrations ont été à l’initiative d’actions solidaires
Pourtant, en dépit de la surexposition au virus, les personnes issues des migrations ont été à l’initiative d’actions solidaires en France, mais également en direction de leurs pays d’origine. Cette mobilisation a été individuelle et collective : fabrication et distribution gratuite de masques, mais aussi constitution de cagnottes solidaires pour l’achat et la distribution de denrées alimentaires à destination des foyers de travailleurs migrants et de familles défavorisées.

Des actions de solidarité se sont aussi rapidement menées en direction des pays d’origine. Des associations de la diaspora tunisienne ont fourni du matériel aux hôpitaux en Tunisie, des associations de la diaspora haïtienne ont appuyé la décontamination de l’eau en Haïti. Au sein de la diaspora marocaine, malienne ou sénégalaise, de multiples cagnottes ont été créées en Europe pour des transferts dans les villages d’origine. De telles initiatives fleurissent en direction de tous les pays d’origine des diasporas et renforcent les solidarités entre les territoires.

Ces actions ont été le fait de personnes issues des migrations, et ce, dans un esprit d’ouverture. À l’inverse d’une démarche « communautariste », des personnes de toutes provenances ont fait « communauté de vie » à l’échelle d’un territoire, associant sans distinction les forces de la région. Ainsi, parmi les « travailleurs essentiels », les personnes issues des migrations ont pris une place éminente dans notre réponse collective aux défis lancés par la pandémie. Agissant ainsi, elles ont pleinement trouvé leur place dans le récit national, au sein de la société française. »

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Le collectif des signataires : Annabel Desgrée du Loû, directrice adjointe de l’Institut convergence migrations ; Chadia Arab, géographe, chargée de recherche au CNRS ; Christophe Bertossi, directeur du Centre migrations et citoyennetés de l’Institut français des relations internationales ; Damien Carême, député européen et président de l’Association nationale des villes et territoires accueillants ; Francis Monthé, président du GRDR Migration-Citoyenneté-Développement ; François Héran, directeur de l’Institut convergence migrations ; Hélène Ngarnim Ganga, directrice du département Transition politique et citoyenne/gouvernance à l’Agence française de développement ; Jacques Ould Aoudia, vice-président de l’association Migrations & développement ; Mackendie Toutpuissant, président du Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations ; Mams Yaffa, directeur d’Esprit d’ebène et adjoint au maire du XVIIIe arrondissement de Paris ; Marc Noailly, président de Forum réfugiés-Cosi ; Matthieu Tardis, chercheur au Centre migrations et citoyennetés de l’Institut français des relations internationales ; Philippe Jahshan, président de Coordination SUD ; Rahdia Oudjani, directrice du département gouvernance démocratique et droits humains à Expertise France ; Wilfrid Lauriano Do Rego, coordinateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique.

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