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S’expatrier au Sénégal : une offre d’aide au retour peu lisible

L’État sénégalais ne cesse de multiplier les programmes pour encourager les membres de la diaspora à s’implanter au pays. Au risque d’égarer les candidats les plus motivés.

Le Sénégal a les yeux rivés sur sa diaspora. Et pour cause, elle joue aujourd’hui un rôle socio-économique de premier plan grâce aux transferts d’argent chaque année plus importants.

De 2001 à 2017, leur part dans le PIB est ainsi passée de 6 % à 13 %. Sur ce plan, la diaspora sénégalaise est l’une des plus généreuse. En 2017, selon la Banque mondiale, elle a transféré près de 2 milliards d’euros. Mais cette contribution extérieure reste essentiellement dirigée vers la consommation des ménages.

Fort de ce constat, l’État a décidé de faire revenir les entrepreneurs et les investisseurs capables de contribuer au développement économique du pays en développant divers services d’accompagnement au retour. Mais à trop vouloir les courtiser, les initiatives se sont multipliées et l’offre finit par ne plus vraiment être lisible.

Bureau d’information et mission sur place
Le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (PAISD) fait partie de ces initiatives. « Par le biais de ce levier, les membres de la diaspora peuvent mobiliser leur épargne et leurs compétences afin d’investir dans des projets locaux et sociaux.

La ligne de bus Dakar-Kédougou est par exemple née grâce aux moyens financiers de la diaspora sénégalaise de Paris », note Emmanuel Noutary, délégué général du réseau ANIMA Investment Network, une plateforme de coopération pour le développement économique de la Méditerranée.

Depuis 2009, le PAISD a lancé une campagne d’identification et de mobilisation des compétences sénégalaises établies à l’étranger par le biais d’un site web : www.senexpertise.gouv.sn. La plateforme qui a identifié 3 000 sénégalais dans le monde leur propose des missions d’expertise sur place de plus ou moins long terme.

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L’État demeure un acteur central dans l’appui au retour de la diaspora par l’intermédiaire de la direction générale des Sénégalais de l’Extérieur (DGSE). Ce dernier s’appuie sur les bureaux d’accueil d’orientation et de suivi (BAOS) qui jouent le rôle d’interlocuteur local. Ils informent, d’accompagnent et suivent des Sénégalais de retour et des potentiels candidats au départ.

IL EXISTE DE NOMBREUX FREINS À L’ÉCHELLE DES VILLAGES ET DES PETITES VILLES ».

Aide au financement de projet locaux
Parmi cette multitude d’offres, le fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais extérieur (FAISE) occupe une place de choix. « Grâce à ce fonds, chaque Sénégalais de l’extérieur peut se faire financer à hauteur de 15 millions de FCFA pour son projet de retour », indique Cheikh Kébé, président de l’association Roma-Dakar.

En 2014 et 2015, la DGSE a reçu plus de 1 000 demandes de financement soumis par la diaspora. « Malheureusement, l’offre ne suit pas. C’est de plus en plus difficile d’obtenir des fonds. De nombreux candidats au retour ont peur d’être mal accompagnés », raconte le président qui suit des « retournés » dans leurs démarches.

Depuis 2013, son association Roma-Dakar s’engage à informer les pouvoirs publics sur les réalités de la migration, ses problèmes et ses solutions. « Ce n’est pas seulement une question macro-économique mais aussi micro-économique. Il existe de nombreux freins à l’échelle des villages et des petites villes notamment dans le foncier pour les projets agricoles », détaille Cheikh Kébé. Les réseaux professionnels prennent également le relais pour corriger les manquements du gouvernement.

IL N’Y A PAS UN DÉFICIT DE DISPOSITIFS AU SÉNÉGAL. MAIS ILS SONT SOUVENT MÉCONNUS OU MAL COMPRIS PAR LES MEMBRES DE LA DIASPORA. »

Vers une meilleure coordination des acteurs
« Il n’y a pas un déficit de dispositifs au Sénégal. Mais ils sont souvent méconnus ou mal compris par les membres de la diaspora. C’est souvent à eux d’organiser leur réinstallation », explique Emmanuel Noutary. Lancé en 2017 et mis en œuvre dans le cadre du dialogue euro-africain sur la migration et le développement, « DiafrikInvest » vise ainsi à mieux coordonner les acteurs qui travaillent avec la diaspora : ministères, agences d’investissement, incubateurs… « Dans tous les pays du Sud de la Méditerranée, la diaspora est sollicitée par un nombre important d’acteurs qui ne communiquent pas entre eux et se chevauchent. Cela peut donner une mauvaise image du pays et freiner les porteurs de projets », ajoute-t-il.

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Co-financé à 90 % par l’Union Européenne, DiafrikInvest développe également un réseau de co-investissement, un programme de mentorat et un accélérateur de start-ups qui accompagne les porteurs de projets sur une période de 12 mois à travers des ateliers. Conjugués aux forces en présence, ce type d’initiative innovante pourrait changer la donne pour les futurs entrepreneurs.

Hélène Porret

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