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Les sénégalais de Bordeaux ont un nouveau président

Les sénégalais de Bordeaux ont un nouveau président

Les membres du bureau de l'Association des Sénégalais de Bordeaux

Il a fallu 7 tours d’horloge pour élire un président qui hérite d’une association en crise. Face à Philippe Salomon, dirigeant de longue date dans l’association, les membres présents ont voté à une bonne majorité pour le jeune et nouvel adhérent Khadim Ndoye, entrepreneur de son état.

Prévue à 14h et démarrée une demie-heure plus tard,  dans une salle quasi-vide, l’assemblée générale ordinaire de renouvellement des instances de l’association a vu une participation importante de ses membres. Sur environ 600 membres à jour de leur cotisation (nombre en recul par rapport aux 1000 adhérents des années passées), prés de 150 personnes ont répondu présent tout au long de la rencontre.

Aprés la lecture jouissive des fastidieux et ennuyeux rapports moraux, d’activité et financiers (franchement inutile étant donné que les membres pouvaient les avoir à disposition), un débat explosif s’est ouvert dans une ambiance alourdie par un changement de gouvernance redouté.

Nombreuses ont été les interrogations qui ont tourné autour des questions financières. La plupart des intervenants ayant salué le remarquable et inédit compte rendu financier dont la précision et la clarté, du trésorier Habib Ndoye, ont stupéfaits une assistance habituée à des bilans bâclés et opaques. Les questions liées aux différentes assurances rapatriement des corps ont occupé les esprits de beaucoup de sénégalais sur leurs modalités, leurs bénéfices financiers et leur fonctionnement. Le dynamique et dévoué responsable de la commission sociale, Philippe Salomon, ayant expliqué avec une évidente maîtrise les différences entre les offres souscrites par les adhérents.

L’éternel débat entre «les travailleurs» et «les intellectuels» est aussi revenu sur le tapis. Les premiers fondateurs de l’association se méfiant toujours de l’arrogance des seconds arrivés plus tard et pas «forcément plus compétents».

Le fonctionnement de l’équipe sortante, traversée par une crise larvée mais aussi par de forts ressentiments entre les membres du bureau, a été regretté. Beaucoup ont insisté sur la nécessité de l’unité pour faire fonctionner une association nécessaire à la vie des sénégalais de bordeaux.

Les bilans des différentes commissions sont revenus sur les traditionnels activités culturelles (Journée de la femme, Senefesti, etc), mémorielles (journée du tirailleur, Lectoure, armistice, etc), revendicatives (1er mai) et citoyennes (participation à des commissions départementales et nationales) qui si, elles ne génèrent pas des ressources suffisantes pour leur financement au moins permettent-elles à la communauté sénégalaise de se retrouver et de partager avec les valeurs républicaines locales.

L’équipement et le fonctionnement de la nouvelle Maison des Sénégalais, sise sur la rive droite (Cenon), sont également l’objet d’un enjeu. Mieux équipé notamment en informatique, avec l’ouverture prochaine d’un cyber café social, ce local joue un évident rôle social en accueillant diverses manifestations joyeuses comme plus tristes.

Consternés comme le furent les 80 membres qui restèrent lorsque, 5h aprés, débuta la phase la plus attendue et la plus redoutée du renouvellement du bureau de l’association. Une indescriptible cohue s’est installée. Un ring ouvert dans une salle trop petite pour les cris et gesticulations des uns et des autres.

Visiblement préparés à s’affronter quitte à s’affranchir de toute règle, certains ne se sont guère préoccupés de l’image qu’ils pouvaient laisser abusant d’invectives personnelles et dénégations d’adhésions reposant sur une ignorance totale et une volonté de faire dire aux textes ce qui arrange son camp. Ni plus ni moins que certains politiciens du pays qu’on se plait à critiquer.

Tant bien que mal un consensus fragile et précaire s’est fait. Pour en finir. Et face à Philippe Salomon, dirigeant de longue date dans l’association, les membres présents ont voté à une bonne majorité pour le jeune et nouvel adhérent Khadim Ndoye, entrepreneur de son état.

Si l’on peut se réjouir de cette image jeune et «intellectuel» que l’association va essayer d’insuffler, il ne faudrait surtout pas se cacher la persistance de cette crise qui, au-delà du renouvellement de l’association, concerne des inimitiés personnelles persistantes et chronophages.

Ce nouveau président va devoir s’atteler à la nécessaire Rectification de l’association. Rectification des textes, statuts et règlement intérieur, indispensable pour savoir qui fait quoi, comment, où. Rectification de la gestion financière toujours aussi approximative. Et surtout des comportements.

Quelque soient les textes, si les personnes qui sont chargées de les appliquer, non seulement ne l’interprètent que dans le sens de leurs intérêts mais sont prêts au sabotage pour y arriver, il est à craindre que ce renouvellement ne soit qu’un épiphénomène. Que l’association retombe dans ses travers. Que la crise de l’adhésion et de la participation s’approfondisse devant cette déplorable image. Que les jeunes, qui devraient être la relève, ne soit dégoûtés d’un spectacle qui, à force de se répéter, devient une farce.

 

Karfa Sira Diallo, Senenews.com

 

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