Site icon Senef.fr

Selon l’Insee, 50% des cuisiniers franciliens et 61% des employés de maison sont immigrés

Selon l’Insee, 50% des cuisiniers franciliens et 61% des employés de maison sont immigrés

Ce jeudi, l’Insee Île-de-France dévoile une étude sur les métiers exercés par les actifs immigrés en région parisienne. Ces derniers sont notamment très représentés dans le bâtiment et l’aide à domicile.

En 2018 (chiffres complets du dernier recensement), 1,25 million d’immigrés travaillent en Île-de-France. C’est l’Insee qui le dévoile dans sa dernière étude rendue publique ce jeudi 27 octobre. Cela représente 22 % de la population active de la région-capitale, une part deux fois plus élevée que la moyenne en France métropolitaine.

« Ce chiffre n’a pas beaucoup varié dans le temps, observe Mustapha Touahir, directeur adjoint de l’Insee IDF. En 2008, ce pourcentage était de 21,4 %. » Dans son étude, l’institut régional de statistique précise qu’il entend par immigré « une personne née à l’étranger et résidant en France » ce qui « inclut les personnes ayant acquis la nationalité française ». En Île-de-France, 38 % des immigrés ont acquis la nationalité française.

Alors, que dit cette étude ? D’abord, qu’il y a des métiers où les immigrés sont surreprésentés. Sans beaucoup de surprises, on retrouve en premier lieu l’aide à domicile et les employés de maison (61,4 % des gens qui y travaillent sont immigrés), suivi des ouvriers du bâtiment (plus de 60 %) et des cuisiniers (50 %). Ils sont nombreux également, plus de 40 %, chez les agents de sécurité, les agents d’entretien ou dans l’hôtellerie-restauration.

Des niveaux de diplômes assez élevés, mais pas le métier qui va avec
Est-ce à dire que les immigrés qui viennent travailler en Île-de-France sont forcément peu qualifiés ? « Pas du tout, remarque Mustapha Touahir. Nous avons étudié le niveau de diplômes des 25-34 ans des immigrés qui travaillent en le comparant au reste de la population. Ainsi, en 2018, 37,2 % des immigrés étaient titulaires d’un bac + 5 ou supérieur. C’est seulement 2 points de moins que dans la population non-immigrée. Et cet écart se réduit progressivement chez les jeunes générations. »

Malgré ce constat, l’Insee relève toujours « des immigrés davantage confrontés à l’inadéquation entre niveau de diplôme et métier.

En Île-de-France, près de 40 000 actifs immigrés détenteurs d’un diplôme Bac + 5 occupent un emploi d’ouvrier ou d’employé. Et seuls 56 % des immigrés détenteurs d’une licence accèdent aux professions intermédiaires ou supérieures, contre plus de 80 % des non-immigrés. » Les rares exceptions concernent les patrons et cadres d’hôtels, cafés, restaurants ou… le clergé (un tiers de ces actifs sont des personnes immigrées).

Dans son étude, l’Insee avance plusieurs facteurs qui permettraient d’expliquer cette situation : « une arrivée récente sur le territoire, des réticences de l’employeur, mais aussi l’obligation de disposer d’un diplôme européen comme certaines professions médicales ». Mais aussi dans l’armée, la police ou chez les pompiers, où les immigrés ne représentent que 5 % des emplois en Île-de-France, ou dans les professions du droit (9 %).

Les difficultés de recrutement dans des métiers avec des conditions de travail souvent contraignantes ou des horaires décalés ou tardifs expliqueraient aussi, selon l’Insee, cet appel à la main-d’œuvre immigrée. « Les enjeux sont d’autant plus forts qu’il s’agit souvent de métiers clés dits essentiels. Certains ont même été en première ligne lors de la crise sanitaire, à l’image des agents de propreté dont 76 % sont immigrés ».

Originaires d’Afrique pour plus de la moitié
Parmi les travailleurs immigrés travaillant en Île-de-France, plus de la moitié est née en Afrique. Ceux nés au Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) sont les plus représentés. Parmi les immigrés d’origine européenne (un quart du total), les natifs du Portugal sont les plus nombreux. Enfin, le dernier quart est constitué des travailleurs originaires d’Asie ou d’Amérique et d’Océanie.

Enfin, dernière particularité de cette main-d’œuvre immigrée, une « spécialisation » de fait selon les origines.

Ainsi, parmi les immigrés originaires d’Afrique, les 330 000 natifs du Maghreb sont très présents parmi les conducteurs de véhicules et les agents de sécurité ; les travailleurs originaires d’Afrique sahélienne ou centrale sont pour une part importante agents d’entretien ; enfin, et, ce n’est pas un cliché, les natifs du Portugal (130 000) sont particulièrement représentés dans les métiers du bâtiment et des travaux publics.

Olivier Debryune

Quitter la version mobile