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Sans le sous, le sénégalais escroque son ami à Nanterre

Sans le sous, le sénégalais escroque son ami à Nanterre

S’il était absent à son audience, un prévenu était jugé à Nanterre, mercredi 29 janvier, pour avoir extorqué plus de 1 000 euros à un ami alors qu’il avait des problèmes d’argent.

L’histoire d’amitié s’est terminée au tribunal. Un jeune homme de 25 ans était jugé pour une affaire d’escroquerie, mercredi 29 janvier au tribunal de Nanterre. Il était accusé par un ami de lui avoir soustrait un peu plus de 1 200 euros, en liquide, sous forme de nuits d’hôtel ou de résine de cannabis en le menaçant. Seule la victime était présente ce jour-là devant le tribunal. Il a finalement été condamné à une peine de prison avec sursis.

« Il ne fait même pas l’honneur à votre tribunal d’être présent, lâche la procureure à l’audience. Pourtant les faits sont graves. » En effet, le prévenu absent est accusé d’avoir menacé et extorqué plus de 1 200 euros à l’un de ses amis. « Ça fait trois ou quatre ans que l’on se connaît, illustre la victime devant le tribunal de Nanterre. Je travaillais dans le resto en bas de sa résidence étudiante. Au départ, il a commencé à me demander de l’argent pour le dépanner. Je l’ai fait. Mais, il a commencé à me mentir sur les motifs de ses besoins d’argent ».

Il refuse alors de lui venir en aide. Le prévenu commence donc à le menacer lui, mais aussi sa sœur et sa mère gravement malade. Il le force ainsi à lui payer des nuits à l’hôtel, à lui fournir quelques centaines d’euros de temps à autre. « Je lui ai donné plus de 6 000, voire 7 000 euros », explique ainsi la victime qui n’a cependant des justificatifs que pour un virement bancaire et une facture d’une nuit d’hôtel. Il reçoit régulièrement, des photos de sa mère ou de sa sœur, alors qu’elles sont dans la rue. « Je n’ai rien dit, je ne voulais pas qu’elles s’inquiètent », assure la victime.

Devant les policiers, le prévenu tentera de minimiser les faits. « Oui il m’a dépanné quelques fois, mais parfois, c’est moi qui le dépanne, expliquait-il, sans donner aucune preuve de ces supposés versements. Et puis, il ne m’a payé que quelques nuits d’hôtel. » Au tribunal, la victime nie avoir déjà demandé de l’argent à son ancien ami.

Le jour où l’escroquerie prend fin, le 24 septembre dernier, les deux hommes sont surpris par la police dans une ruelle à Châtillon. Le prévenu d’origine Sénégalaise est en possession des papiers d’identité de son « ami ». Ce dernier avait alors été chargé de lui fournir une centaine d’euros en liquide et 50 gr de cannabis. Les deux sont alors arrêtés et entendus par les forces de l’ordre.

Rapidement, la victime fournit des preuves que son « ami », venu en France pour étudier en 2014 et aujourd’hui en situation irrégulière sur le territoire, le fait chanter. Ainsi, en seulement quelques jours en août, le prévenu l’a appelé à 93 reprises. Ces appels restés sans réponse étaient accompagnés de messages de menace envers la mère et la sœur de la victime.

Si le prévenu a été placé en détention provisoire, les pressions sur la victime ne se sont pas arrêtées pour autant. « Depuis son incarcération, sa petite amie a sonné deux ou trois fois chez moi pour demander de l’argent, assure ainsi la victime. J’ai prévenu la police, ils m’ont dit de porter plainte si ça se reproduisait. C’est lui qui lui avait demandé de venir ».

Mercredi 29 janvier, le prévenu n’est pas présent dans la salle d’audience, ce qui agace particulièrement la procureure de la République. L’avocate de la partie civile le fait aussi remarquer au tribunal avant de demander à ce que son client soit remboursé des 1 200 euros escroqués. « La remise de fonds est constituée puisque l’on a un transfert Western Union », abonde la procureure avant de requérir six mois de prison avec sursis et une interdiction de port d’arme contre le prévenu absent.

Finalement, le tribunal suit en partie les réquisitions du ministère public, en plus des demandes de la partie civile. Le prévenu est reconnu coupable d’escroquerie et condamné à six mois de prison avec sursis. Il écope en plus d’une interdiction de port d’arme, d’une interdiction de séjourner sur le territoire français, puisque son visa est expiré depuis plusieurs années. Il devra, en outre, indemniser la victime d’un montant total de 2 200 euros.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

Elsa Taillandier

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