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Saint-Ouen (93): Un foyer de travailleurs étrangers délogé pour y installer le futur village olympique

Environ 300 travailleurs étrangers vont devoir quitter le foyer dans lequel ils vivent depuis des années dans le nord de Paris, à Saint-Ouen, pour laisser place aux travaux du futur village olympique des JO d’été 2024. Les résidents, pour la plupart originaires du Mali et du Sénégal, vont être relogés provisoirement dans des préfabriqués à proximité du chantier. Mais cette réinstallation, au milieu des gravats, ne satisfait pas les membres du foyer.

« Ils nous obligent à quitter le foyer alors qu’on vit là depuis des années. Les JO ne durent qu’un mois, nous on est là depuis 40 ans ! » Boubacar Diallo a du mal à masquer sa colère. Comme lui, près de 300 personnes – pour la plupart originaires du Mali et du Sénégal – vont être délogées du foyer de travailleurs migrants de Saint-Ouen, en région parisienne.

L’Adef, qui gère les lieux, cède en effet le terrain à la société Solidéo – chargée de la livraison des futurs ouvrages olympiques – qui souhaite y installer le prochain village qui accueillera les athlètes du monde entier en vue des JO 2024.

Le bâtiment doit être libéré au plus tard fin octobre 2020 pour permettre « la mise en œuvre du projet dans des délais compatibles avec les Jeux », précise Solideo au Parisien.

« On ne nous a même pas consultés »

Les résidents du foyer, qui pour la plupart y vivent depuis de nombreuses années, seront relogés dans deux nouvelles résidences d’environ 150 places chacune, prévues pour 2022. En attendant leur construction, le relogement provisoire est assuré par Solidéo pour une durée de deux ans.

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« On ne nous a même pas consultés ! À aucun moment, nous n’avons eu notre mot à dire », s’insurge Boubacar qui vit dans le foyer depuis plus de 15 ans. « Le jour où les autorités nous ont avertis de la cession du bâtiment, elles n’avaient rien prévu pour nous reloger », continue le porte-parole des résidents du foyer de Saint-Ouen, originaire du Mali.

En réaction à la colère des habitants, Solidéo a donc fait plusieurs propositions. La première était de les réinstaller sur les docks de Saint-Ouen, dans la zone industrielle. Mais l’absence de transports, de commerce, d’habitations et la proximité avec une usine de traitement des déchets ont douché les espoirs des résidents.

Face à leur refus catégorique, la société a fait marche arrière et leur a proposé une autre solution : installer les travailleurs étrangers dans des préfabriqués à quelques mètres du futur village olympique.

Un site sera choisi « à proximité immédiate du foyer actuel et des transports en commun, en limite du village olympique », explique la société.

Et la société d’évoquer des « logements modulaires de qualité, qui garantiront les conditions de confort et sécurité des résidents. » Les travaux de construction des logements provisoires sont prévus à partir du printemps 2020 pour une livraison à la rentrée scolaire suivante.

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« Même le bétail est mieux considéré que nous »

Là encore, cette proposition ne convient pas aux habitants du foyer. Les nuisances sonores liées aux travaux et le manque d’espace les inquiètent. « On va vivre pendant deux ans au milieu des gravats ! Et puis, on ne pourra pas tous loger là, c’est trop petit pour tout le monde », signale Boubacar. « On n’est pas des objets ou des sacs de marchandises. Même le bétail est mieux considéré que nous », estime l’homme de 50 ans.

« Peu importe que l’on parte aujourd’hui ou fin 2020… Ce que l’on veut, ce sont des logements acceptables dans des conditions humaines, poursuit celui qui habite le foyer depuis août 2003. Si tous les éléments sont réunis, nous sommes prêts à quitter les lieux dès demain. »

Mercredi 18 décembre, un deuxième rendez-vous avec le préfet a relancé les espoirs des résidents, même s’ils préfèrent rester prudents. « Il nous a promis que d’ici mi-janvier il nous trouverait un autre terrain mais on est méfiants », explique encore Boubacar.

Après les Jeux olympiques, le village devrait être réhabilité en un éco-quartier durable avec des bureaux, des habitations et des commerces. Mais les résidents du foyer en seront exclus. « Pourquoi on ne peut pas revenir une fois les JO terminés ? », se demande Boubacar. « C’est notre quartier à nous aussi. »

 

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