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Pourquoi la nomination de Sibeth Ndiaye dérange-t-elle tout le monde ?

Rarement annonce de remaniement avait fait couler autant d’encre. Tout juste désignée porte-parole du gouvernement, en remplacement de Benjamin Griveaux, Sibeth Ndiaye est au cœur de la polémique. Elle n’a pas encore pris ses fonctions mais se voit déjà rattrapée par ses erreurs passées, qu’elle devra certainement justifier.

Même dans le camp des macronistes, on s’en inquiète. Pourquoi donc le président et le Premier ministre ont-ils choisi de nommer Sibeth Ndiaye au poste de porte-parole du gouvernement ? Pour certains, l’idée semble complètement folle. « Depuis que le communiqué du remaniement est tombé, on s’appelle tous entre nous. On est sciés, pour ne pas dire dubitatifs. On ne comprend pas », confie ce lundi 1er avril un conseiller ministériel au Parisien. Dans les colonnes du quotidien, un autre affirme, sous couvert d’anonymat, que Sibeth Ndiaye a souvent une attitude « dure » et « cassante ».

C’est d’ailleurs cette personnalité clivante que les Français ont découvert, au lendemain de l’élection de mai 2017. Dans le documentaire Emmanuel Macron, les coulisses d’une victoire, diffusé sur TF1, celle qui était alors conseillère presse et communication se montrait virulente face à un journaliste du magazine Les Inrocks : « Faites votre boulot les gars aussi. Non mais là, ça me saoule. Franchement, là, je suis saoulée. C’est pas du travail de journaliste, c’est du travail de sagouin. »

Le ton était donné. Son deuxième fait d’arme est un sms envoyé à un journaliste, le 30 juin 2017, puis révélé dans les pages du Canard Enchaîné : « Yes, la meuf est dead ». La « meuf », c’était Simone Veil, ancienne ministre de la Santé admirée pour ses nombreux combats. Même si Sibeth Ndiaye avait démenti sur LCI avoir écrit ces mots, son image en est restée considérablement ternie. À partir de ce jour, elle devient même « la risée du microcosme » macronien, comme l’expliquait la journaliste Charlotte Chaffanjon dans une enquête publiée dans Vanity Fair, primée aux Assises du journalisme.

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Avant même sa prise de fonction, Sibeth Ndiaye est donc contestée, à l’intérieur comme à l’extérieur du Palais. Un mauvais point pour la porte-parole d’un gouvernement qui n’arrive pas à sortir d’une crise sociale sans précédent. Pour les Insoumis, cette nomination est même perçue comme « une provocation à peine déguisée ». Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, parle lui d’un « poisson d’avril » fait quelques heures trop tôt.

Un pognon de dingue

C’est aussi le poste attribué à Sibeth Ndiaye qui pose problème. Comment celle qui a fait tant d’erreurs de communication, quand elle n’était que conseillère à l’Élysée, peut-elle désormais être la voix du gouvernement ? Sibeth Ndiaye est en effet à l’origine d’une polémique politico-médiatique qui a nui à l’image d’Emmanuel Macron. En juin 2018, elle avait tweeté une vidéo controversée dans laquelle le président, derrière son bureau, déclarait : « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens sont quand même pauvres. » Une petite phrase qui a nourri la colère des gilets jaunes.

Autre erreur au compteur : en juillet 2017, elle avait assuré à L’Express « assumer parfaitement de mentir pour protéger le président. » Une petite phrase que chacun a ressortie dès hier soir sur les réseaux sociaux. « Le mensonge devient officiellement porte-parole du gouvernement », s’est insurgé Julien Sanchez, porte-parole du Rassemblement national.

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Tous les mercredis, elle devra pourtant porter la bonne parole du conseil des ministres devant les journalistes. Un point hebdomadaire avec la presse qui constituera l’une de ses missions fondamentales. Les relations entre Sibebth Ndiaye et les médias ne sont pourtant pas au beau fixe.

Comme le relate l’enquête de Vanity Fair « Emmanuel Macron et la presse, histoire d’un mépris », c’est elle qui a chassé les journalistes de la salle de presse de l’Élysée. C’est également elle qui se félicitait de « punir » les médias qui avaient déplu au président en « annulant systématiquement leurs rendez-vous ».

On aurait pourtant pu se réjouir de la nomination de Sibeth Ndiaye. Elle qui représente un profil inédit dans le gouvernement d’Édouard Philippe : une femme jeune et noire, d’origine sénégalaise et naturalisée française en 2016. Mais si sa promotion ne satisfait personne, c’est également parce qu’elle souligne l’actuel chaos de la Macronie. Depuis quelques semaines, les observateurs de la vie politique affirment que le président est de plus en plus seul au pouvoir et qu’il n’arrive plus à s’entourer.

C’est pour cette raison qu’il puiserait désormais dans sa garde rapprochée – celle qui l’a porté à l’Élysée – pour constituer son gouvernement. Une chose est sûre, plus que ses deux collègues nommés le même jour – Amélie de Montchalin et Cédric O – Sibeth Ndiaye devra faire ses preuves, pour tenter d’effacer les erreurs du passé.

Avec Vanity Fair

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