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Nouvelle mobilisation en France contre les violences policières

Dans toutes les grandes villes de France, des milliers de manifestants sont de nouveau attendus samedi contre le racisme et les violences policières, sur fond de colère chez les forces de l’ordre et à la veille d’une allocution du président Emmanuel Macron.

Des milliers de personnes rassemblées à Paris en début d’après-midi sur la place de la République ont commencé à défiler peu avant 15H00 en direction de la place l’Opéra, à l’appel du comité Adama Traoré, jeune homme noir mort en juillet 2016 après son interpellation par des gendarmes en région parisienne.

Assa Traoré, la soeur du jeune homme et figure du comité, a appelé à marcher pour « dénoncer le déni de justice, pour dénoncer la violence sociale, raciale, policière », réclamant à nouveau la mise en examen des gendarmes impliqués dans l’interpellation de son frère.

« La mort de George Floyd – cet Afro-américain tué le 25 mai à Minneapolis par un policier blanc – a fait directement écho la mort de mon frère. C’est la même chose en France, nos frères meurent (…) », a-t-elle dit, promettant de « continuer le combat » pour la justice.

Dans la foule, de nombreux jeunes sont vêtus d’un T-shirt noir floqué de la demande portée depuis quatre ans par la famille Traoré: « Justice pour Adama ». Des pancartes proclament: « Au pays des droits de l’homme, la police tue, on veut les videos » ou « tant que nous n’aurons pas la justice, vous n’aurez pas la paix ».

Binta Kamara, 18 ans, est venue « pour soutenir les noirs, les minorités, pour qu’on soit solidaires. Je suis jeune et l’avenir c’est nous. Il faut faire changer les choses ». Elisa, étudiante de 27 ans, est aussi là pour « maintenir la pression », refuse le « discours antiflic » mais estime « évident qu’il y a un problème de racisme et de peur des policiers aujourd’hui ».

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Le 2 juin, le comité Adama a réussi à mobiliser 20.000 personnes devant le tribunal judiciaire de Paris, et s’est imposé comme le fer de lance de la lutte contre les violences policières. Son discours s’est élargi, de la dénonciation de violences policières à celle d’un « racisme systémique », trouvant un écho puissant après la mort de George Floyd, qui a suscité une vague planétaire d’indignation.

Samedi, participeront notamment à la marche les actrices Adèle Haenel et Aïssa Maïga ainsi que le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Arrivé place de la République, ce dernier a appelé la police à « changer son comportement ». « Si on laisse s’instiller l’idée que à raison de leur couleur de peau ou de leur religion certains peuvent être traités de manière indigne, alors ce n’est plus la France ».

Peu avant le début de la marche, une poignée de militants identitaires ont déployé, depuis le haut d’un immeuble, une banderole rouge et blanche portant l’inscription: « Justice pour les victimes du racisme anti blanc ».

D’autres défilés sont prévus samedi, notamment à Marseille, Lyon,Montpellier, Nantes, Saint-Nazaire, à Bordeaux (avec des « gilets jaunes ») ainsi qu’à Strasbourg dimanche.

Contact rompu

« Il ne faut pas perdre la jeunesse », s’est inquiété jeudi le chef de l’Etat, dont l’allocution dimanche soir sera autant scrutée par les militants antiracistes que des policiers épuisés, écœurés d’être « jetés en pâture » par leur ministre, Christophe Castaner.

Le racisme est « une maladie qui touche toute la société », a déclaré mercredi en Conseil des ministres Emmanuel Macron, tout en défendant les forces de l’ordre « dont l’écrasante majorité ne saurait être salie ».

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Samedi, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a suggéré dans une tribune au Monde de rouvrir « de manière apaisée et constructive le débat autour des statistiques ethniques » et de « revenir avec force aux outils de lutte contre les discriminations raciales ».

Le ton est à l’apaisement après une semaine difficile pour l’exécutif. Pressé d’agir, le ministre de l’Intérieur avait annoncé des sanctions de policiers en cas de « soupçon avéré » de racisme, avant de reconnaître une erreur.

Dans un communiqué vendredi soir, il a en revanche confirmé la suppression de la technique d’interpellation dite « d’étranglement », qui ne sera plus enseignée.

Évoquant une lettre adressée par le ministre aux forces de l’ordre, Frédéric Lagache, du syndicat Alliance, affirme que cela ne suffira pas à apaiser la colère de policiers « blessés et touchés dans leur honneur » et qui attendent « d’être reçus » par M. Macron. « La balle est maintenant dans le camp du président », a-t-il dit à l’AFP.

Jean-Paul Mégret, le secrétaire général du syndicat indépendant des commissaires de police, estime lui dans Le Parisien que « le contact » avec Christophe Castaner « est largement rompu ».

Samedi matin, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), où avait lieu un hommage au couple de policiers tués par un jihadiste à Magnanville en 2016, Christophe Castaner a été accueilli dans une atmosphère glaciale par des dizaines de policiers, qui avaient empilé au sol menottes et brassards. Il est reparti sans avoir fait de discours.

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