Les sculptures peuplent son jardin, à Nortkerque. Minotaure, masques, lampes, tables, fauteuils… attendent des acquéreurs audacieux car la matière est peu banale. Les créations d’Amadou Fatoumata Ba sont faites à partir de pneus recyclés.
Tout a débuté à Dakar il y a quatre ans lorsqu’Amadou, qui se promenait sur la plage, s’est mis à ramasser des pneus usés. Là-bas, rien ne se jette et tout se recycle. Amadou les étudie, les manipule pendant un an. C’est le coup de foudre pour cette matière résistante qui cède sous sa force. Un fauteuil naît de ses mains, puis un autre objet. Les possibilités sont infinies.
« C’était très dur au début pour pouvoir dompter la matière, couper les pneus, les tordre. Avec de l’expérience et de la force, j’arrive à communiquer avec la matière. Dieu a tout créé. À nous d’utiliser ses créations. » Amadou expose chez lui, transformant le rez-de-chaussé en galerie, et attire l’attention de ses compatriotes et d’étrangers de passage.
Reportages et exposition en Allemagne
Ainsi, Canal+ et la BBC lui consacrent des reportages et, consécration suprême, deux de ses œuvres sont depuis 2014 en exposition permanente au Vitra Design Museum en Allemagne. Son rêve est de créer un lieu dédié aux artistes qui se consacrent au recyclage, un lieu d’échange, une pépinière de talents. Mais au Sénégal où les préoccupations sont avant tout essentielles, il est difficilement réalisable. Par contre, en Europe…
Et c’est ainsi que la petite famille arrive à Nortkerque en décembre 2014 où réside la mère de Chantal, l’épouse d’Amadou. Des amis, puis le maire, apportent de la matière au sculpteur qui a laissé tout ce qu’il avait réalisé au Sénégal. Depuis, Amadou ne cesse de travailler, la nuit surtout, le seul moment de la journée où il est tranquille. Il aimerait intégrer d’autres matières dans ses créations comme il l’a déjà fait à Dakar où il utilisait des cornes de zébu. Il aimerait en faire venir en France.
Mixage des matières
« Le mixage des matières est très joli. L’endroit fait émerger la création : les sculptures vivent selon les lieux et les matières qu’on y trouve », explique Amadou qui devrait prochainement passer un accord avec le Sevadec pour récupérer des matières dont il aura besoin. Il songe à travailler le fer à l’avenir avec toujours ce mot d’ordre : uniquement de la récupération !
Amadou aspire à être connu. Il aimerait participer à des manifestations, des expositions, et compte pour cela sur le bouche-à-oreille. Il n’oublie pas son projet de centre participatif ouvert à tout créateur où il pourrait développer le Baye Fall, mouvement spirituel. Il aimerait connaître un destin à la Ousmane Sow qu’il cite comme un maître.
Amadou Ba, 13 route d’Audruicq, 62370 Nortkerque. Tél. : 03 21 35 61 55 ; ame.ba@laposte.net ; www.amadouba.e-monsite.com
La Voix du Nord
