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Noirs de France : « Les gens ne voyaient que mes dreadlocks »

« Noir regards » fait sourire et parfois grimacer. 79 pages dont on ne fait qu’une bouchée. L’idée est pourtant simple. Le journaliste Hubert Prolongeau et le dessinateur Marc Faivre ont demandé à quatorze travailleurs immigrés africains de leur raconter la France. Celle qu’on ne voit plus si on est né ici. Extraits sans filtre.

« T’as pas un bédo ? »

Blondin est prof de fac à Paris-VII. Et visiblement, même en 2015, un Sénégalais éduqué, c’est douteux. Il a dû faire ses preuves plus qu’un autre.

Et gagner en légitimité lui a coûté sa coupe de cheveux.

« Quand j’ai commencé à enseigner, j’avais des dreadlocks. Les gens ne voyaient que ça. Quand les étudiants me rencontraient dans la faculté sans savoir qui j’étais, il me demandaient un “bédo”. » (p. 28.)

« Tant qu’on a ses parents, on est enfant »

Tchadienne, Kady est infirmière dans une maison de retraite. Ses collègues lui reprochent souvent d’en faire trop, et la surnomment « la rebelle ». Un jour, elle a osé faire la lessive d’une patiente, sur son temps libre !

« Dans mon pays, tant qu’on a ses parents, même malades, on est encore enfant. Ce n’est que quand on les perd que l’on devient adulte. Moi, je préfère rester une enfant ». (p. 11.)

Manger, c’est sentir les coudes de ses voisins

Ousseynou est cuisinier. Pour adapter ses plats aux palais français, il a fini par commettre deux sacrilèges : séparer les aliments et retirer le piment.

« Quand on prépare le tiep, le plat sénégalais, il faut que l’huile coule sur le bras. Ici on présente le plat en évitant que la sauce déborde alors que cela participe chez nous d’une idée d’abondance. » (p. 39.)

Dans son resto, il a aussi mis des assiettes et des couverts. Mais pour Ousseynou, manger c’est sentir les coudes de ses voisins et racler le plat avec les doigts. En un mot : partager.

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Une Camerounaise au Picard de Neuilly

Pour payer ses études, Cathie est caissière chez Picard à Neuilly. Passée par Lidl, elle n’est pas mécontente de son job. Mais Cathie à parfois du mal à se contenter d’un « bonjour », et encore.

« Quand quelqu’un parle au téléphone, met sa Carte bleue et la reprend sans s’arrêter de parler, j’ai l’impression d’être quoi, moi ? Un distributeur ? » (p. 34.)

Son patron lui a avoué s’être posé la question avant de l’embaucher. Il n’était pas certain qu’une Camerounaise soit des plus appréciée parmi ses rayons surgelés. Ouf, il a tenté l’expérience.

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