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Naturalisation: Fierté, intégration et selfies… Les premiers moments de ces nouveaux Français

Vendredi, à Nantes, 72 hommes et femmes ont officiellement obtenu la nationalité française…

Il avait préparé un discours, pensant qu’un temps lui serait donné pour le prononcer. « C’est un grand jour pour moi, une fierté », avait écrit Thierno, 50 ans, sur une feuille de papier qui est finalement restée pliée en quatre. Ce vendredi matin, ce père de famille originaire de Guinée est devenu Français. Comme 71 autres personnes, ce réfugié politique participait à l’une des cérémonies d’accueil dans la citoyenneté qu’organise régulièrement la préfecture de Loire-Atlantique, comme ailleurs en France.

Dans la salle des audiences, où les trois imposants lustres se reflètent à l’infini dans le miroir, l’excitation se mêle à l’émotion. Car la naturalisation, que l’on peut demander en général après cinq ans passés en France (et si l’on réunit plusieurs critères comme la maîtrise de la langue) ou quatre ans après un mariage avec un conjoint français, est la fin d’un long processus. «

C’est une démarche volontaire et courageuse qui demande de la ténacité », estime la préfète Nicole Klein avant d’appeler un par un et de remettre à chacun de ces hommes et ces femmes leur décret et un livret d’accueil. Dans une ambiance solennelle, les noms s’égrainent. Les poignées de mains et selfies avec la préfète s’enchaînent, accompagnés de chaleureux applaudissements. A la fin, on chante la Marseillaise.

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« J’en avais besoin, personnellement »

Sheila, 28 ans, affiche un sourire ému. Quinze ans après son arrivée en France, et alors que son titre de séjour était encore valable plusieurs années, elle a pourtant voulu obtenir la nationalité française. « Et même si je n’ai pas sauvé d’enfant suspendu à un balcon », sourit-elle, en référence à Mamoudou Gassama. Plus sérieusement, la jeune femme reprend : « J’en avais besoin, personnellement, pour aller au bout de mon parcours qui n’a pas été facile. Je revois toute mon histoire, mon départ du Gabon avec ma mère et mes frères et soeurs, le mal du pays, les premières copines… Le proviseur du lycée grâce à qui j’ai obtenu mon premier titre de séjour ».

Comme cette amatrice de fromage et de foie gras, Saoudath, 30 ans, assure qu’elle n’avait pas besoin d’être française pour se sentir intégrée. Il n’empêche que cette serveuse, qui a passé des heures aux guichets de la préfecture, apprécie de découvrir ce vendredi les dorures de la salle des audiences. « Quand tu n’es pas français, il y a des freins, raconte Saoudath. C’est normal, mais tu ne peux pas voyager comme les autres. On m’a refusé un crédit immobilier alors que j’ai un CDI et une carte de séjour, que je me suis battue pour trouver un travail. Désormais, je vais pouvoir voter, porter les valeurs de la France… Je vais le faire avec plaisir. »

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Des Européens aussi

Si la naturalisation est en général l’aboutissement d’un parcours motivé par des études, un projet professionnel, une rencontre ou par un besoin de sécurité, d’autres sautent le pas pour des raisons encore plus personnelles. Brian, 72 ans, a découvert la France il y a quarante ans « grâce à de superbes vacances en camping à Saint-Brieuc ». Ce Britannique, qui a mis sa plus belle cravate pour la cérémonie, s’est décidé à remplir son dossier l’an dernier. « J’ai un véritable lien affectif avec ce pays, où j’habite, mais le Brexit a constitué une incitation en plus, confie cet universitaire. Dès que j’y pense j’ai envie de pleurer. On ne sait pas ce qu’il va se passer… »

Comme lui, sept autres européens ont participé à la cérémonie. Mais en 2017, en Pays de la Loire, les 2.069 personnes naturalisées étaient essentiellement originaires du Maghreb puis dans une moindre proportion du Cameroun, de la Côte d’Ivoire et de l’ex-URSS. Au total, 6.000 dossiers avaient été réceptionnés en 2017, soit une augmentation de 14,5 % par rapport à l’année précédente, indique la préfecture.

 

20Minutes

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