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Marche blanche pour Mamadou Lamine Diedhiou tué à Besançon

Près de 500 personnes ont défilé dans les rues de Besançon samedi après-midi pour une marche blanche en l’honneur de Mamadou Lamine Diedhiou. Le videur de la boite de nuit le Styl a été poignardé à mort le week-end dernier devant la discothèque.

Une manifestation qui se voulait pacifiste. Comme l’a souhaité la famille du jeune homme. Une marche silencieuse jusqu’à la place de la Révolution. Leatitia, l’épouse de Mamadou-Lamine Diedhiou, a trouvé le courage nécessaire, malgré son intime douleur, pour prendre le micro et remercier la foule venue rendre un dernier hommage au videur du Styl. Sa femme a réussi à dire ces quelques mots : « C’était l’ange de ma vie ». Avant de repartir dans le cortège en pleurs.

Près d’elle, le cousin de Mamadou, Kaoussou venu de Lille : »C’était trop dur mais maintenant ça va mieux. J’appelle la famille au Sénégal pour les rassurer sur la situation ici. Parce qu’il faut rester digne et qu’il ne doit pas y avoir de débordement ».

« Mamadou était quelqu’un de gentil, de discret, qui était contre la violence. Son visage était toujours limpide, c’était important d’organiser une manifestation à son image », expliquait Matar Diouf, à qui la famille avait confié la mission de coordonner cet adieu collectif.

La centaine de tee-shirts blancs à l’effigie du vigile sénégalais donnait le ton : pas de polémique, pas de haine. Mais alors que l’auteur présumé des coups mortels a été mis en examen, et que ses complices dans la rixe sont, eux, toujours recherchés par la police, les proches de la victime portaient en tête de cortège une banderole avec un message clair : « Justice pour Mamadou ». Derrière eux, d’autres pancartes. Autant de portraits de Mamadou-Lamine Diedhiou, brandis bien haut, comme pour mieux le retenir ici-bas, parmi les siens.

« Que ce soient des arabes, des blancs, des chinois, des gitans, ça ne change rien, on est tous pareils ».

Mar était son collègue. Son binôme « à la porte », comme on dit dans le milieu. « Je l’ai vu tomber… ça aurait pu être moi. Tout le monde doit mourir un jour, mais pas comme ça. Il ne faut pas que ça se reproduise. Il y a une forte mobilisation et c’est bien. On n’est pas là pour s’entretuer, mais pour vivre tous ensemble. » En écho, Matar Diouf poursuit : « Que ce soient des Arabes, des blancs, des Chinois, des gitans, ça ne change rien, on est tous pareils. C’est l’œuvre de quelqu’un d’isolé, on n’a aucune animosité envers quelle communauté que ce soit. » Le consul du Sénégal avait fait le déplacement de Paris pour exprimer sa solidarité, et délivrer lui aussi un message d’apaisement.

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Après un passage Grande rue, rue des Granges, place de la Révolution, pont Battant puis place Marulaz, le défilé est revenu sur ses pas pour un ultime instant de recueillement devant la discothèque du Styl, où s’est noué le drame. Au sol, le sang avait laissé place à un parterre de mots d’adieu et d’hommage, de fleurs et de bougies.

Les larmes de sa famille et amis proches ont coulé, discrètes. Certains ont prié. Tous ont respecté la minute de silence proposée pour clore la manifestation. Le groupe s’est alors disloqué, lentement, comme à contrecoeur. Le visage apaisé de Mamadou restera gravé dans la mémoire de chacun.


« Rester digne » Kaoussou, le cousin de Mamadou
Matar Diouf s’est occupé de l’organisation. Et le mot dignité était le seul ordre de la journée : « C’est le message qu’a voulu la famille. Parce que nous n’avons aucune animosité envers n’importe quelle communauté. C’est pourquoi nous lançons un message de paix. Ce drame qui s’est passé, c’est l’œuvre de quelqu’un d’isolé, ce n’est pas l’œuvre d’une communauté ».

« Pour nous, on est tous pareils, nous voulons continuer à vivre ensemble. » Matar

Dans la foule, des pancartes « plus jamais ça », des t-shirts avec la photo de Mamadou. Beaucoup ne le connaissaient pas. Mais peu importe, il fallait être présent. Pape est sénégalais, il voulait être là pour manifester sa douleur et montrer aux gens qu’il ne faut pas que ça se reproduise : « L’important, c’est d’être digne, parce que l’on pourrait faire la même chose qu’eux, mais ça ne nous ressemble pas. »

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Pape, sénégalais venu montrer le soutien de la communauté

Des gens sont aussi révoltés de voir autant de violence dans une ville comme Besançon. Anne-Cécile a voulu faire cette marche parce qu’elle est indignée : « Quelqu’un qui a des diplômes, qui faisait son travail et qui est tué lâchement par des gamins, c’est tellement fou. »

« Je suis révoltée de voir autant de violence » Anne-Cécile
« Il a été tué, assassiné alors qu’il ne faisait que son travail » Yadicole

Yadicole ne connaissait pas Mamadou mais elle est aussi sénégalaise et c’est sa communauté qui est touchée : « Il travaillait et il a été tué alors qu’il ne faisait rien de mal, juste son travail. On ne doit pas tuer les gens comme ça. C’est pourquoi il y a des pancartes avec marqué « Plus jamais ça ». Il faut montrer aux gens pour qu’ils prennent conscience de ce qui s’est passé. »

« Il faut faire prendre conscience aux gens de ce qui s’est passé »

Yadikole

Les habitués de la boite de nuit sont venus lui rendre un dernier hommage, comme Tom, présent le soir du drame : « Je pense qu’il faut montrer que l’on peut rester pacifique en faisant une marche comme ça, même si on ne le connaissait pas, on le croisait quand on allait à la boite de nuit ».

« On était présent et on l’a vu s’effondrer » Tom
Une marche qui a terminé devant le Styl où l’oncle de Mamadou a déposé une rose blanche. Et où une minute de silence a été demandée. Le jeune homme sera enterré au Sénégal dans la semaine.

 

Fany Boucaud avec France Bleu et l’Est Republicain

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