Grâce à la mobilisation d’un couple de Forest-sur-Marque et du CHR de Lille, une petite fille du Sénégal a pu entendre pour la première fois de sa vie. Une belle histoire qui va peut être aider tous les enfants sourds de l’Afrique de l’ouest.
Abibatou n’a entendu la voix de sa mère qu’à l’âge de 4 ans. Cette petite Sénégalaise, sourde suite à des otites à répétition, peut depuis cinq semaines entendre le monde. « Elle a fait de gros progrès ! » s’étonne encore sa mère Khady-Moussa Diop devant la fillette qui commence à babiller. À son arrivée, elle ne pouvait parler que par geste. Comprenant qu’on parle d’elle, elle nous interpelle, montre son implant cochléaire reçu au CHR de Lille. Puis se met à mimer un avion en tremblant de peur. Ce mardi, après trois mois en France pour son opération, elle rentrait au Sénégal pour retrouver sa famille.
Un moment intense pour Pascal et Joëlle Percq, la famille de Forest-sur-Marque qui a soulevé des montagnes depuis deux ans pour lui offrir sa nouvelle vie. « Ça va nous faire un vide, souffle-t-il, ému, on avait peur que ça ne se fasse pas jusqu’au bout. Il a fallu attendre leur venue en France et un scanner pour savoir si cette opération était possible. »
25 000 euros de dons et le soutien de Martine Aubry
Le couple, qui a connu la mère lors d’un échange scolaire alors qu’elle avait 12 ans, a remué ciel et terre après avoir appris la surdité d’Abibatou il y a deux ans. L’opération coûte 35 000 €, inaccessible pour la famille sénégalaise. Il n’existe de toute façon pas de centre de soins adapté dans toute l’Afrique de l’Ouest. Alors Pascal Percq entre en contact avec Jean-Paul Francke, ancien doyen de la fac de médecine de Lille et fin connaisseur de l’Afrique. Et là, tout s’enchaîne, le CHR de Lille propose d’opérer la jeune fille. Avec l’aide de la Fondation de Lille et l’association Amis, ils récoltent 25 000 € de dons. Même Martine Aubry soutient le projet. Le 28 juillet, Abibatou entend enfin la voix de sa mère.
Bientôt un centre d’implants au Sénégal ?
« Mais l’histoire ne fait que commencer », assène Pascal Percq. Abibatou a besoin d’orthophonistes pour apprendre à parler – « elle arrive à prononcer «papou» déjà », s’émerveille Joëlle percq – et de spécialistes pour régler son appareil. Ils manquent cruellement au Sénégal. « Or, le CHR est partant pour former des médecins et la Fondation de Lille voudrait que soit créé un centre d’implants à Dakar. » Des liens ont été pris avec la faculté de médecin de Dakar à cet effet et le projet avance bon train. Abibatou va permettre à tous les enfants sourds comme elle d’entendre à nouveau.
La Voix du Nord
