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L’Espagne demande à Frontex de se déployer au large du Sénégal, de la Mauritanie et de la Gambie pour contrer les départs de migrants

L’Espagne demande à Frontex de se déployer au large du Sénégal, de la Mauritanie et de la Gambie pour contrer les départs de migrants

Le ministre espagnol de l’Intérieur a demandé jeudi à l’Agence européenne de surveillance des frontières de se déployer au large du Sénégal, de la Mauritanie et de la Gambie et de contribuer à « sauver des vies » en empêchant les traversées dans l’Atlantique.

Cette année, les départs depuis les côtes ouest-africaines vers l’archipel espagnol connaissent des records : plus de 30 000 migrants sont arrivés aux Canaries depuis janvier, contre 15 000 à la même période de 2023, soit une hausse de 105%.

C’était une demande de longue date du gouvernement autonome des Canaries. Le ministre de l’Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, a réclamé jeudi 10 octobre, lors d’une réunion à Luxembourg avec ses homologues européens, l’aide de Frontex dans l’Atlantique.

Le ministre a demandé à l’agence européenne de surveillance des frontières de se déployer au large de la Mauritanie, du Sénégal et de la Gambie et de contribuer à « sauver des vies » sur la route des Canaries en freinant les départs et en traquant les passeurs.

« Affronter plus efficacement les mafias, les organisations criminelles »
« Il est particulièrement important d’améliorer sa capacité à agir à l’étranger, tant en termes de retour [des migrants en situation irrégulière] que de gestion des frontières », a déclaré Fernando Grande-Marlaska. Il a également souligné « l’importance de la coopération et de la coordination dans les pays d’origine et de transit afin de pouvoir affronter plus efficacement les mafias, les organisations criminelles qui se livrent au trafic d’êtres humains et les mettent en danger ».

Début septembre, le directeur de Frontex, Hans Leijtens, avait estimé que la pression migratoire aux îles Canaries était « très préoccupante » et avait exhorté le gouvernement espagnol à agir dans cette zone.

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L’agence européenne doit maintenant demander l’autorisation aux trois États africains concernés pour mener des actions sur leur sol.

La Gambie, le Sénégal et la Mauritanie sont devenus les principaux pays de départs vers les Canaries cette année, à mesure que la côte marocaine s’est considérablement militarisée. Les contrôles policiers renforcés au large du Maroc ont poussé les migrants à tenter leur chance de plus bas pour rejoindre l’archipel espagnol.

Plus de 1 500 km séparent le Sénégal des Canaries, contre près de 300 entre le sud-ouest du Maroc et les îles espagnoles.

Record d’arrivées aux Canaries
Malgré les risques d’une telle traversée, où les migrants sont soumis aux vents violents et aux fortes vagues qui peuvent faire dériver les embarcations précaires, les exilés n‘ont jamais été aussi nombreux à prendre la mer. Du 1er janvier au 30 septembre, plus de 30 000 personnes ont débarqué aux Canaries, contre près de 15 000 à la même période de 2023, selon les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur. Soit une hausse de 105%.

Les autorités s’attendent à dépasser le record de 2023 où 35 000 exilés avaient atteint l’archipel. C’était déjà plus que les 31 000 arrivées enregistrées en 2006 lors de la « crise des cayucos » – du nom espagnol des embarcations précaires utilisées par les migrants – qui avait déjà établi un record historique d’arrivées aux Canaries.

Face à ces débarquements massifs, le gouvernement canarien peine à accueillir les nouveaux arrivants, notamment mineurs. Il réclame inlassablement l’aide de Madrid pour permettre la répartition des migrants dans d’autres régions de la péninsule espagnole. Mais les tensions entre la coalition de centre gauche au pouvoir (PSOE) et les partis conservateurs (PP) compliquent la mise en œuvre de ce processus.

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Si des personnes parviennent à rejoindre l’archipel espagnol au prix d’une périlleuse traversée, d’autres n’ont pas cette chance. L’Organisation internationale des migrations (OIM) estime à un peu plus de 800 le nombre de morts dans l’Atlantique cette année. L’ONG espagnole Caminando Fronteras évoque quant à elle 4 800 décès pour les cinq premiers mois de l’année 2024, contre 6 000 pour l’ensemble de 2023.

Cet écart entre les données de Caminando Fronteras et de l’OIM s’explique par des méthodologies distinctes. L’ONG espagnole s’appuie sur les appels de détresse des migrants en mer ou de leurs familles pour élaborer ses rapports. L’agence onusienne quant à elle répertorie « tous les naufrages dont on est certains à 100%, nous sommes très strictes à ce sujet », avait expliqué en janvier à InfoMigrants Flavio di Giacomo, porte-parole du bureau de coordination méditerranéen de l’OIM. Des articles de presse, et des témoignages indirects font partie des sources exploitées.

« Il est plus facile d’avoir des certitudes sur la route de la Méditerranée que sur celle de l’Atlantique, plus longue, et dont les bateaux sont plus difficiles à repérer, avait-il admis. Ce chemin en plein océan est très dangereux, c’est donc probable qu’il y ait beaucoup de naufrages dont personne n’entend parler », avait ajouté le responsable de l’OIM.

Avec Infomigrants

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