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Les pêcheurs du Guilvinec mobilisés contre l’expulsion de Pape Ndiaye, un marin sénégalais

Les pêcheurs du Guilvinec mobilisés contre l’expulsion de Pape Ndiaye, un marin sénégalais

Pas un jour ne s’écoule sans que Pape N’diaye ne doive pointer à la gendarmerie. Ce pêcheur du Guilvinec, originaire du Sénégal, est menacé d’expulsion et assigné à résidence. Il a reçu son obligation de quitter le territoire français (OQTF) le 16 février dernier.

Depuis, la mobilisation grandit, dans ce port de pêche du sud-Finistère, la solidarité des gens de mer s’organise. Et l’incompréhension domine. « Ce serait un coup dur pour moi s’il partait, explique Kevin Le Fourn, patron du « Manona », un palangrier sur lequel Pape travaille depuis trois ans. J’ai des projets avec lui, on a de l’avenir ensemble ».

« J’ai ma vie ici »
Le patron du Manona a dû adapter sa marée pour que son matelot puisse se rendre à la gendarmerie entre 10 h et 12 h. « On ne peut plus sortir trop loin au cas où il y aurait un problème, souligne Kevin Le Fourn. Donc je calcule le coup pour que l’on finisse tôt ». « C’est une grave perte pour l’entreprise, se désole Pape N’diaye. On travaille avec les marées, la lune, les vents, il n’y a pas d’horaires en mer ».

Pape N’diaye est un marin aguerri qui affiche 22 ans d’expérience. « Je ne sais faire que ça, je n’ai pas d’autre métier. Et puis, j’ai ma vie ici ». Le pêcheur est arrivé en France il y a sept ans, « il est entré légalement sur le territoire, avec un visa de travail » précise son avocat Jean-Marc le Crane.

Un mariage avec une Française change la donne : il perd son titre de séjour salarié et bascule vers la case administrative « conjoint de Français ». Le couple se sépare et le pêcheur sénégalais se retrouve en situation irrégulière puisque la préfecture du Finistère s’appuie sur cette séparation pour refuser sa demande de carte de résident. « Alors que le couple s’est reformé depuis, note l’avocat de Pape N’diaye. La préfecture ne retient que les éléments à charge, passe sous silence toute son activité salariée et le dossier n’est pas actualisé ».

Une cagnotte de soutien
La ligne de défense de Jean-Marc Le Crane s’appuie sur un accord franco-sénégalais qui prévoit la délivrance d’un titre de séjour salarié. « C’est ce titre que nous voulons qu’il récupère car c’est prévu par des textes internationaux que la France a signés ».
L’association Pleine Mer a, de son côté, mis en place une cagnotte pour aider Pape N’diaye à payer ses frais d’avocat.

Charles Braine, le président de Pleine Mer, note l’ironie de l’histoire. « La France tente d’expulser les travailleurs étrangers dans le domaine de la pêche mais elle va exploiter les zones de pêche comme le Sénégal qui, historiquement, est riche en poissons. Résultat : moins de travail pour les pêcheurs locaux qui doivent aller chercher du travail ailleurs et notamment chez nous ».

Une pétition pour dire « non à l’expulsion de Pape N’diaye » circule également et sera adressée à la préfecture du Finistère. Celui que ses collègues qualifient « d’excellent marin » collecte des attestations pour prouver son insertion professionnelle. « Pêcheur, c’est une passion. De toute façon, tu ne peux pas être marin sans passion. Je suis bien au Guilvinec, j’y ai un avenir ».

Carole Collinet-Appéré avec Muriel Le Morvan

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