Site icon Senef.fr

Le vrai coût de l’immigration en France

Le vrai coût de l’immigration en France
Le débat fait rage sur l’intégration des étrangers et de leurs descendants. Des faits et des chiffres pour évaluer sereinement leur rôle.

La façon dont la question de l’immigration est abordée n’est pas toujours subtile. En général, le débat public se limite à une sorte de face-à-face stérile entre deux thèses découpées à la serpe et pareillement caricaturales.

D’un côté le discours cotonneux de la gauche irénique : les immigrés sont une chance pour la France, ils ne coûtent rien aux finances publiques, ne posent pas de problème de sécurité, s’intègrent fort bien dans notre société, et ne nourrissent les statistiques du chômage que parce que nos entreprises et nos préjugés les chassent impitoyablement du marché du travail – rien de leur faute en somme.

De l’autre, les anathèmes habituels des partisans du Kärcher, les immigrés (en particulier ceux qui viennent du Maghreb et d’Afrique noire) sont juste là pour profiter du système, ils coûtent des milliards à la collectivité, ne font aucun effort pour s’intégrer et ne trouvent pas d’emplois parce qu’ils préfèrent se livrer au trafic de drogue jusque dans la cour des mosquées – tout de leur faute donc.

Quelle est au juste la contribution réelle des étrangers et de leurs descendants (ceux que l’on appelle couramment les deuxième et troisième générations) au développement de la France ? Quelle proportion de prestations sociales consomment-ils ? Pourquoi une partie d’entre eux ne parvient-elle pas à trouver sa place dans la société française?

Premier constat : Sans ses immigrés, la France ne serait pas la cinquième puissance économique du monde.

Loin s’en faut ! Au classement de la richesse nationale, elle serait distancée par le Royaume-Uni, l’Italie, le Brésil et peut-être même talonnée par la Russie. Cela tient à une simple question arithmétique. Selon les calculs, les étrangers accueillis sur le sol français depuis 1960 représentent aujourd’hui avec leurs descendants une masse de près de 10 millions d’habitants, autrement dit 15% de la population. Or, comme les 55 millions d’autres, ces personnes consomment des biens, travaillent, se logent, bref, nourrissent l’activité dans l’ Hexagone.

En outre, la «diversité» au sein du personnel accroît la rentabilité des entreprises. Et beaucoup d’entre elles auraient les pires difficultés à demeurer compétitives. Celles qui ne pourraient pas compter sur le personnel étranger pour accomplir des tâches ingrates à bas coût, bien sûr. Dans certains secteurs, comme le bâtiment et le nettoyage, elles sont des milliers à profiter de l’aubaine. Mais aussi celles qui emploient une main d’ ouvre venue d’ailleurs ou issue de l’immigration dans des postes qualifiés, et qui auraient beaucoup de mal à s’en passer.


Deuxième constat : Oui, les immigrés de première et de deuxième génération consomment plus d’aides sociales que les autres.

Selon les estimations, les résidents originaires du Maghreb et d’Afrique noire étaient 1,6 à 1.7 fois plus nombreux que le reste de la population à percevoir des allocations chômage, et 3.8 fois plus nombreux à bénéficier des minima sociaux. Même s’ils sont en revanche moins gourmands en remboursement de soins, leur surconsommation coûte chaque année plusieurs centaines de millions d’euros.

Elle n’a cependant rien de surprenant ni de scandaleux, puisqu’elle est l’exact reflet statistique de la situation sociale de ces habitants, et non le fruit d’on ne sait quelle déviation perverse de comportement. Selon l’Insee, le taux de pauvreté des foyers immigrés est un peu plus de trois fois supérieur à celui des «autres ménages».

 

Troisième constat : Le taux de chômage des enfants d’immigrés africains dépasse 24%

Le processus d’intégration par l’économie fonctionne beaucoup moins bien avec les familles arabo-musulmanes et sub-sahéliennes qu’avec les vagues d’immigration précédentes. Même si une bonne partie de ces populations s’en tire plutôt bien, et parvient à faire des étincelles, un chiffre suffit à le démontrer.

Selon l’Insee, le taux de chômage moyen était en 2014 de 8,8% pour les personnes dont les parents étaient nés en France, de 16% pour les immigrés proprement dit et de… 24% pour les enfants d’étrangers d’origine non européenne. «C’est la première fois que la deuxième génération s’en sort globalement moins bien que la première», confirme le sociologue Philippe d’Iribarne.

Bien sûr, cette mauvaise surprise tient en partie à la dureté de la crise. A la différence de ceux des Polonais ou des Portugais, les enfants des africains ont dû faire leur trou au moment où le chômage explosait.

Trois fois moins de chance d’être embauché pour un musulman (selon les résultats du «testing Diouf»).

Pour jauger les DRH, Marie-Anne Valfort, chercheuse à la Sorbonne, a envoyé trois CV exactement semblables à des dizaines d’entreprises.

Le premier, établi au nom d’Aurélie Ménard, a obtenu un taux de réponse de 25% ;

le second, au nom de Marie Diouf, «bénévole au Secours catholique», 21% ;

le troisième, supposé être envoyé par Khadija Diouf, «bénévole au secours islamique», seulement 8%.

Mais – l’éclatante réussite des Asiatiques, dans un contexte socio-économique similaire, le prouve mieux que tous les discours – l’échec d’une partie des deuxièmes générations maghrébine et subsahélienne tient sans doute aussi aux immigrés eux-mêmes et à leurs familles. A leur façon d’aborder l’éducation. D’appréhender l’école. A leur refus, parfois, d’accepter les règles de la société et d’en intégrer les codes.

Torts partagés, en somme.

 

 

© Capital
Quitter la version mobile