Karim Goudiaby, 34 ans, est le patron du premier site de colocation en France, appartager.com. Cet entrepreneur français d’origine sénégalaise croit en une Afrique «pleine d’opportunités». Portrait.
Né en France, à Sèvres, Karim Goudiaby a grandi à Bobigny, une banlieue française défavorisée. Ses parents déménageront par la suite dans l’Oise pour offrir à leur famille un cadre propice aux études.
« J’étais un enfant turbulent », se souvient-il.
Après des études de commerce dans une grande école du Nord Pas-de-Calais, il part six mois en stage au Japon, puis à New York où il intègre la jeune startup appartager.com. Courte expérience professionnelle à l’étranger avant son retour à Lille où il est embauché chez Coca-Cola. Une « très grande entreprise » qui lui plaît moins. Dans un contexte mondial de crise financière, il décide alors de retourner chez W3, entreprise à laquelle appartiennent les marques vivastreet et appartager, dont il devient en 2014 le président directeur général.
Basée à Londres, son entreprise grandit rapidement et devient leader de la colocation en ligne. Elle enregistre près de 50 000 inscriptions par mois et a cumulé 14 millions de vues l’an dernier. La recette du succès : une plateforme qui met en relation des étudiants et jeunes actifs vivant dans plus de 25 pays différents, pour leur permettre de trouver des logements moins chers. Ainsi, pour ces jeunes qui ne souhaitent pas vivre seuls dans des studios souvent minuscules, l’idée est de partager leurs toits, mais aussi des tranches de vies.
« L’Afrique a un potentiel phénoménal »
Si Karim Goudiaby aime à dire que ses héros sont ses parents, il n’en demeure pas moins qu’il a l’art de mener son équipe. Ses collaborateurs disent de lui :
« Il nous apprend à nous surpasser ! Courageux et positif, il a toujours le sourire aux lèvres… Sauf lorsqu’il perd un match de foot ».
Même loin de son continent d’origine, Karim observe aussi attentivement sa croissance. Il a contribué à la création d’Afrikrea, une place de marché dédiée aux artistes africains. Il planche actuellement sur des versions africaines d’appartager afin de répondre à l’épineux problème de logement sur le continent. Il affirme que l’Afrique regorge de solutions pour les problèmes que rencontre le monde. Et il entend d’ailleurs bien s’y installer un jour.
« Il y a en moi cette envie de rentrer, de rendre à cette Afrique oubliée son dû »
Car comme il aime le répéter : « Aint no mountain high enough, aint no river wild enough, aint no valley long enough ». Traduction : « Aucune montagne n’est assez haute, aucun fleuve assez sauvage, aucune vallée assez profonde ».
Le jeune entrepreneur n’est cependant pas très pressé.
« Il faut voir le développement du continent à long terme. Je souhaite être un pont entre l’Occident et l’Afrique ».
Et pour y arriver, sa solution est simple : diffuser les bonnes pratiques entre pays africains, mais « c’est un travail. Une question de conscience collective avant tout ».
Source : RFI