Une association veut créer une ferme en Casamance pour fournir du travail aux Sénégalais et des camps chantiers à des Ébroïciens.
Il est né et a grandi au Sénégal avant que ses parents ne le fassent venir en France où il a fait sa vie. Mais Sidy Djiba n’a jamais rompu les liens avec son pays natal, où il séjourne tous les ans : « J’ai toujours eu dans la tête d’y retourner. Pas pour y faire du tourisme, mais pour y travailler. Et l’objectif, pour moi et l’association Inserchantier, c’est aujourd’hui de développer une ferme au Sénégal, en Casamance exactement, avec de l’élevage de porc, de poulet, du maraîchage… » Une expérience que Sidy Djiba a déjà menée là-bas avec succès.
Fixer les jeunes dans leur pays
Mais la ferme sera aussi le support à des formations en agriculture, « en direction des femmes pour qu’elles produisent, dans le jardin qu’elles auront créé, des légumes qu’elles vendront ensuite sur le marché. Mais aussi en direction de jeunes Sénégalais qui ne sont pas allés loin dans leurs études ».
La ferme sera créatrice d’emplois. Mais au-delà des revenus qu’ils généreront, l’objectif est aussi de fixer ces jeunes dans leur pays : « Je n’ai pas envie qu’ils prennent des risques en montant dans une pirogue pour traverser la Méditerranée », poursuit Sidy Djiba.
L’association Inserchantier, créée en 2013 à Évreux, a bien avancé dans son projet puisqu’elle dispose désormais de terres accordées par l’État sénégalais et que les demandes de subvention sont en cours : « Nous ne ferons pas de demande d’aide financière à la Ville d’Évreux ni au Département souligne Patrick Sarah, cofondateur de l’association. Nous irons voir du côté de Bruxelles, en direction d’ONG, ou encore d’un pays comme le Japon, très présent au Sénégal en termes d’aide au développement, de la pisciculture notamment. »
Des chantiers « réciproques »
Inserchantier, comme son nom l’indique, vise aussi l’insertion : « Celle de jeunes Ébroïciens, les 15-21 ans, d’origine étrangère ou non, qui auront pour point commun de ne pas faire grand-chose de leur vie mais qui seront décidés à adhérer à notre projet pour s’offrir des perspectives d’avenir plus enrichissantes que de traîner dans la rue », poursuit Patrick Sarah.
Adhérer au projet signifiera pour eux partir un mois en Casamance et élever de leurs propres mains les murs de la ferme : « Aller là-bas, c’est aussi leur montrer que d’autres sociétés existent, avec des fonctionnements et des valeurs différentes. » Pour les jeunes Ébroïciens originaires d’Afrique noire, « ce sera leur montrer leurs racines ».
L’échange réciproque constitue le dernier volet de cette aventure associative, puisque l’association vise aussi « à faire venir de jeunes Sénégalais en perte de repères à Évreux, pour les remotiver ».
INFOS PRATIQUES
Association Inserchantier, 1 rue Jean-de-la-Bruyère, Appartement 7 à Évreux.
Mail : inserchantier@gmail.com. Tél : 06 48 61 78 44.
Avec Paris Normandie