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Football : Philippe Diallo, dans les coulisses des clubs

Fils d’un Sénégalais et d’une Française, le secrétaire général du syndicat des clubs professionnels est l’un des personnages les plus influents du football français.

Quand il interroge sa mémoire et revoit le trombinoscope de sa promo à Sciences-Po, Philippe Diallo est persuadé d’une chose : il est le seul à avoir fait une carrière dans le milieu du football. Ceux qui squattaient avec lui les amphithéâtres du prestigieux établissement parisien ont presque tous tracé leur route en politique. « Ils se destinaient pour la plupart à ce monde. À l’époque, le football n’était pas ce qu’il est aujourd’hui. Il y a vingt-cinq ou trente ans, ceux qui s’y intéressaient ne le disaient pas ouvertement, et la lecture de L’Équipe restait très marginale. Lors de nos soirées, nous parlions beaucoup de politique, de société, mais quasi jamais de foot. »

Depuis, la France est devenue championne du monde en 1998, les joueurs ont vu leur statut passer à celui de rock stars, et se balader ostensiblement avec le (seul) quotidien sportif français sous le bras n’est plus moqué par les élites. « Avant, celui qui s’intéressait au foot était un peu regardé de travers. Plus maintenant », explique l’homme qui gère au quotidien l’Union des clubs professionnels de football (UCPF), le puissant syndicat des clubs professionnels français, depuis sa création, en 1992.

Sportifs de père en fils

« Je suis né à Saint-Nazaire et j’ai vite joué au FC Nantes, le grand club de la région, raconte-t-il. J’y ai signé ma première licence à 6 ou 7 ans et j’ai même eu comme entraîneur Jean-Claude Suaudeau, un véritable mythe, là-bas. J’étais un bon joueur, mais, à Nantes, ils placent la barre très haut. Je n’ai pas franchi le cap et je devais poursuivre mes études. »

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L’unique garçon de la famille – il a une sœur – n’a pas emprunté la même voie que son père, Souleymane, né à Dakar en 1937, dont la carrière de boxeur a vraiment débuté quand il est arrivé à Toulon, vingt ans plus tard. « Il était marin. Il a fait carrière dans ce sport, en disputant le championnat de France amateur. Il a intégré l’équipe de France, participé aux Jeux olympiques de Rome en 1960 et même décroché un titre de champion du monde militaire », explique Philippe Diallo, qui ne garde pourtant aucun souvenir de son père sur les rings.

« J’aime bien la boxe, j’ai un peu pratiqué, mais j’avais une vraie préférence pour le foot », dit-il. Son père, qui a ouvert avec sa mère un restaurant à Saint-Nazaire à la fin de sa carrière, ne lui en a jamais tenu rigueur. « Les études étaient prioritaires. J’étais un élève moyen. J’ai eu mon bac et j’ai ensuite obtenu une maîtrise de droit des affaires, avant d’intégrer Sciences-Po en 1986. » Rue Saint-Guillaume, Philippe Diallo suit les cours de Gilles Kepel et de Bertrand Badie, mais aussi d’un certain François Hollande, lui-même ancien étudiant à Sciences-Po.

Dans la capitale, l’agenda du jeune Diallo est bien rempli, entre les cours qu’il reçoit, ceux qu’il donne à la faculté de Cergy-Pontoise, les articles qu’il écrit pour Ouest France lorsque des équipes bretonnes viennent jouer en Île-de-France, un passage dans une boîte de communication et la découverte de la vie parisienne. « Quand j’ai quitté Sciences-Po, j’ai fait un passage à l’Assemblée nationale en tant qu’assistant parlementaire de la députée Élisabeth Hubert (RPR) pendant un an. C’était intéressant, notamment le travail en commission. »

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Veiller sur les intérêts des sportifs

Pas assez, pourtant, pour le faire hésiter quand Max Bouyer, alors président du FC Nantes, fonde avec Gervais Martel (Lens) et Jean-Michel Aulas (Lyon) l’UCPF. « Il fallait un syndicat pour défendre les intérêts des clubs professionnels. On m’a proposé le poste de secrétaire général. Au départ, nous étions deux salariés, une secrétaire et moi. Les locaux étaient situés rue de Ponthieu… Je ne l’ai plus quitté. »

Depuis 1992, Philippe Diallo a vu le football français se réformer et l’UCPF se développer, même si plusieurs clubs de Ligue 1 ont créé leur propre syndicat l’année dernière. À 53 ans, il fait partie intégrante du paysage footballistique du pays.

« C’est quelqu’un que je connais très bien. On se respecte, tout en défendant les intérêts de ceux que nous représentons, intervient Philippe Piat, le président du syndicat des joueurs (UNFP). Il est habile, souple, il semble consensuel, mais ne fait pas de concessions facilement. Il appartient à un syndicat qui se libéralise de plus en plus et qui ne cesse de demander des avantages pour les clubs. L’UCPF, c’est un peu le Medef du foot, et je trouve certaines de ses revendications très exagérées. Mais Diallo est un homme compétent, qui connaît très bien ses dossiers. C’est un adversaire de taille. »

Diallo, qui est également président du Conseil social du mouvement sportif (Cosmos), pourrait se porter candidat à la présidence de la Ligue de football professionnel (LFP), dont les élections auront lieu à l’automne. « Il a les qualités pour », résume Olivier Delcourt, président de Dijon (Ligue 1) et trésorier de l’UCPF. L’intéressé ne s’interdit rien, il consulte.

 

Jeune Afrique

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