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Faute de visas pour Lannion, les jeunes du lycée Saint-Charles Lwanga de Ziguinchor bloqués au Sénégal, l’échange scolaire annulé

Faute de visas pour Lannion, les jeunes du lycée Saint-Charles Lwanga de Ziguinchor bloqués au Sénégal, l’échange scolaire annulé

Ils ont attendu plusieurs jours devant le consulat français à Dakar. En vain et sans explication. Le voyage de cinq jeunes du lycée Saint-Charles Lwanga de Ziguinchor et les deux professeurs prévu à Lannion a dû être annulé faute des visas nécessaires à leur déplacement.

Leur accueil était prévu à Lannion entre le 4 et le 12 avril. Les jeunes lannionnais sont en colère.

« On a été super bien accueillis là-bas »
On a été super bien accueillis là bas en janvier dernier. C’était incroyable alors qu’ils n’ont pas les mêmes moyens que nous et nous ne pouvons pas les accueillir. C’est désespérant. Les lycéens de Saint-Jo-Bossuet

Les élèves de terminale du lycée Saint-Jo-Bossuet accusent le coup. « On y travaille depuis plusieurs mois. On a fait des actions pour aider à financer leur voyage et tout tombe à l’eau ».

Les jeunes et leurs professeurs n’ont pas eu vraiment d’explication. Tous les papiers, les documents, les certificats avaient été adressés par l’établissement français pour accueillir ces cinq jeunes sénégalais.

« Ont-ils peur qu’ils restent en France ? «
Est-ce la faute aux relations en ce moment un peu tendues entre la France et l’Afrique en général ? Est-ce parce que le gouvernement a peur qu’ils restent ensuite sur le territoire français ?

Pour les jeunes du Sénégal la désillusion est à la mesure de l’engouement qu’a suscité cet échange. Pour des raisons économiques tous ne pouvaient pas venir en France. Seuls les cinq meilleurs élèves avaient été sélectionnés.

« Il s’agit d’un échange tout à fait officiel avec une convention tripartite avec les deux lycées sénégalais et nous-mêmes » expliquent Nathalie Verdier et Eric Le Maître, les professeurs qui suivent cet échange à Lannion. « On ne comprend vraiment pas. Nous avons en plus l’agrément de l’Unesco. Impossible de remettre ça à plus tard car les visas ne pouvaient être valables qu’entre le 4 et le 12 avril. »

Une semaine d’attente devant le consulat
Pour les jeunes de Casamance, le voyage avait même commencé quelques jours plus tôt : « Il a fallu qu’ils prennent un bateau pendant une nuit entière pour se rendre à Dakar. Là, heureusement, ils ont été accueillis dans des familles pour leur permettre d’attendre durant toutes ces journées en vain un visa de la France ».

Le problème s’est accentué car les jeunes sénégalais qui avaient laissé leurs passeports au consulat de Dakar ne pouvaient pas non plus rentrer chez eux, le passeport étant indispensable pour traverser le fleuve Casamance. « Il y a eu un enchaînement avec un jour férié, mardi 4 avril étant fête nationale, puis il y a eu le week-end de Pâques. » Une situation ubuesque qui a duré une semaine.

Tout avait été réservé
Les billets d’avions avaient été pré-réservés : « Ici nous avions réservé aussi les visites que nous devions faire avec eux pour leur faire découvrir le Trégor. »

L’abbé Marcel, le directeur du lycée de Ziguinchor, joint par les enseignants lannionnais vendredi 7 avril au téléphone, ne comprend pas non plus une telle réaction.

Un parent d’élève français installé là-bas est même intervenu pour tenter de débloquer la situation, en vain.

« C’est scandaleux de ne pas donner aux jeunes l’occasion de bâtirun monde meilleur axé sur la tolérance et l’égalité » Denis, professeur au lycée de Ziguinchor

Un rendez-vous à l’Unesco, point d’orgue de cet échange
Nous avons fait un travail en commun de sociologie sur une figure emblématique du Sénégal, Aline Sinoé Diatta. Nous devions tous ensemble remettre ce travail à l’Unesco à Paris cette semaine.

Mais les jeunes lannionnais ne veulent pas en rester là. Un courrier a été adressé au ministère. « Nous voulons aussi réaliser un reportage vidéo sur notre voyage là bas afin de témoigner de tout l’accueil que nous avons reçu ».

Une maigre consolation pour ces lycéens qui maintiennent le contact par messages avec leurs amis du Sénégal. Des liens qui se sont encore plus renforcés.

Christophe GANNE

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