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«Etre noir en France, c’est toujours avoir à s’excuser pour sa couleur»

Certaines remarques sont revenues de nombreuses fois, en particulier : Tu sais que tu es noir en France quand…

… on te demande si tu sais parler africain.

… les Blancs veulent te toucher les cheveux.

… tout le monde se retourne vers toi quand il y a une chanson de Magic System.

… on te demande de sourire pour pouvoir te voir dans le noir.

… le prof parle d’esclavage en cours et tout le monde se retourne vers toi.

 

Francis, 32 ans, pianiste classique, pianiste accompagnateur et compositeur : «J’ai souvent eu l’occasion de jouer en piano solo pour les Journées du patrimoine. Il m’est arrivé plusieurs fois que l’on me prenne pour le vigile et non pour le pianiste au vu de ma tenue de concert (costard). J’ai beau affirmer le contraire, le rire se mêle à l’incrédulité jusqu’à ce que je me mette à faire mon récital. J’ai même eu droit à « Ah, je ne savais pas que des Noirs pouvaient jouer de la musique classique, c’est plutôt curieux. Ceci dit, bravo Monsieur ». Limiter un style de musique à une couleur de peau est abject. Il est même arrivé pour une programmation qu’on accole à côté de mon nom « pianiste de jazz ». Je n’ai rien contre le jazz, au contraire. Mais ma sensibilité musicale reste tournée vers la musique classique.»

Lili : Tu Sais Que Tes Noir En France Quand les vigiles parlent déjà de toi avec leur talkie-walkies 2 secondes après avoir passé la porte de Sephora.

Christophe : «Vous savez que vous êtes noir quand, bien qu’issu de plusieurs dizaines de générations françaises (1830 côté Antilles et 1453 côté «gaulois»), il vous faut toujours justifier de votre nationalité française.»

Diarra, étudiante en médecine : «Tu sais que tu es noire en France quand on te demande en permanence si, « quand tu auras fini tes études tu retourneras dans ton pays », sachant que je suis née et que j’ai grandi en France. A plusieurs reprises, les familles de patients m’ont prise pour l’aide-soignante et m’ont demandé de ramener le bassin à leur proche ou de leur faire la toilette…»

Claude : Tu sais que tu es noir en France quand tu es un intellectuel et qu’on te demande de te « situer » par rapport à Thuram ou Dieudonné

Lunise : Tu sais que tu es noire en France quand une vieille dame dans un bus pose son sac sur le siège vide à côté d’elle qd elle voit que tu vas t’asseoir

Cécile, avocate : «Tu sais que tu es noire en France quand, dans une soirée réunissant des chefs d’entreprise, on te prend pour le personnel de service et pas pour un chef d’entreprise, alors que c’est ce que tu es. Tu sais que tu es noire en France quand ton interlocuteur a les yeux écarquillés quand tu lui apprends quel est ton métier. Tu ne peux pas être une femme, être noire et être avocat. Tu sais que tu es noire en France quand on te dit que tu parles un excellent français. Où est ton accent ?»

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CW : Tu sais que tu es noir en France avec ces jours de canicules, tes potes te disent  » ça va tu as l’habitude  » alors que tu es né dans le 77

Aurore, installée à Londres : «Tu sais que tu es noire en France quand tes « camarades » blancs de la fac n’arrêtent pas de te demander : « Mais comment ça se fait que ton nom de famille soit français alors que tu es noire ? ». Je vis maintenant à Londres où personne ne m’a jamais interrogée sur mon nom de famille. Pour les Britanniques, je suis française. Jamais mes amis anglophones noirs qui portent des noms de famille anglais, écossais ou irlandais ne se sont fait interroger par leurs compatriotes blancs sur l’origine de leur nom. Parce que, pour eux, ces Noirs sont britanniques à part entière et c’est tout.»

Ashley : Tu sais que tu es noire en France on te dit que tu es mignonne … Pour une noire.

Ibra Khady, journaliste : «Je suis journaliste dans la chaîne d’information Africa 24, à Paris. Mes camarades de classe sont à RFI, BFM… mais les journalistes noirs sont dans les médias communautaires.»

Hadès : Tu sais que tu es noire en France quand les gens n’osent pas dire « Noir » en ta présence

Rokhaya Diallo :  Tu sais que tu es noire en France quand on t’appelle « black » tellement la mention de ton existence est gênante.

Marie, élève interne dans une institution catholique, seule Noire de sa classe : «Je crois que ce qui me faisait le plus mal, c’est quand j’entendais « Tu viens d’où ? » ou « T’es quoi ? ». Dans ces moments-là, j’aurais aimé leur dire que je suis aussi française qu’eux, que je viens de France, que j’y suis née et que je ne vais dans les pays de mes parents que pour les vacances. Mais, habituellement, je réponds tout simplement : « Mali par ma mère et Congo par mon père. » Et généralement, on me laisse tranquille. Finalement, j’ai le sentiment qu’être noir en France, c’est toujours avoir à s’excuser pour sa couleur, c’est avoir à faire face à des insultes et des brimades, mais surtout se dépasser, travailler plus dur que les autres pour avoir droit à la même chose. Etre noir en France, c’est un défi au quotidien.

Marc-Antoine : «Tu sais que tu es noir quand un élève te demande :« Combien de temps prend une négresse pour chier une merde ? Neuf mois ! Pourquoi tu te fâches ? C’est une blague. » Tu sais que tu es noir quand tu te fais traiter de «sale race» dans le bus et que personne ne semble y prêter attention, sauf ta fille de 8 ans qui pleure pendant que l’on nous menace de « nous péter la gueule ».

Tu sais que tu es noir quand tu as un entretien, que celui qui te reçoit dit, surpris, « Ah, c’est vous monsieur XXXXX ». Tu sais que tu n’auras pas le poste. Ton nom et ton prénom étant ce qu’il y a de plus français, il ne pouvait pas t’écarter avant l’entretien. Courtisé pour le CV, rejeté pour l’apparence que tu n’as pas choisie à la naissance.

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Tu sais que tu es noir le jour où tu comprends que tu dois accepter ces humiliations toute ta vie. Généralement, on te répondra que tu « affabules », que tu « fais dans la victimisation », « que tu fais chier avec tes histoires de Noirs et de Blancs », « que tu n’as pas bien compris, je le connais, il n’est pas raciste », « tu as forcément une part de responsabilité dans cette altercation ». Autrement dit, souffre et tais-toi.»

Nana : Tu sais que tu es noir quand les médias disent « Ce français d’orgine… », dès qu’il s’agit d’un noir

Adja : Tu sais que tu es noire quand il fait nuit et qu’on te demande de sourire pour te voir

Amy, 18 ans : «Tu sais que tu es noire lorsque tu montres la photo de ta petite cousine métisse à une de tes camarades et que, lorsque tu lui dis qu’elle s’appelle Victoria, elle te répond : « Mais c’est un prénom de Blanc ça. »»

Teas : Tu sais que tu es noire quand on te demande si tu sais parler Africain et si tu peux prendre des coups de soleil.

Thierry, Savoyard blanc marié à une femme originaire de Côte d’Ivoire, Française depuis 2003, témoigne de ce qu’elle vit en Haute-Savoie : «Combien de fois, marchant seule, des personnes, toujours en voiture, se sont permis de la traiter de singe, retourne dans ta brousse… Lorsqu’elle s’est inscrite à une auto-école pour passer le permis, le responsable lui a demandé, avec un petit sourire en coin, s’il y avait des panneaux de signalisation en Afrique. Un individu qui l’a accostée un jour dans la rue se permet de lui dire : « Moi peux t’aider si toi pas de papiers, toi jolie fille, venir avec moi ? » Enceinte de 7 mois de notre enfant métis, une fille accompagnée de sa mère l’insulte à la caisse d’un magasin : « Y en a marre de ces gens-là, on paye tout pour eux et en plus ils viennent faire leurs gosses ici. » Je dois préciser que nous n’avons jamais demandé ou bénéficié d’aide sociale.»

Lasko : Tu sais que tu es noir en France quand tous les blancs de ta classe se retourne vers toi quand on parle de l’esclavage en histoire géo

 

Source – Libération

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