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En Bretagne, un curé haïtien « victime de racisme » veut changer de paroisse

En Bretagne, un curé haïtien « victime de racisme » veut changer de paroisse

Mikerson Olivier, prêtre à Callac (Côtes-d'Armor) en Centre-Bretagne, s’en va avec le sentiment que ses origines haïtiennes n’étaient pas acceptées par des paroissiens

Répondant à une crise des vocations, l’Église est souvent amenée à faire appel à de jeunes prêtres venus d’ailleurs. Mais il arrive que ceux-ci soient confrontés au racisme de quelques-uns, au point de devoir changer de paroisse. C’est ce qui arrive au père Olivier, venu d’Haïti et officiant à Callac (22).

Il n’est resté que six mois dans la paroisse de Callac (Côtes-d’Armor). Mikerson Olivier, un prêtre haïtien de 36 ans qui vit pourtant depuis huit ans en France, a dû demander à changer de lieu d’office. Il disait souffrir du racisme de certains de ses paroissiens. « Il en a beaucoup souffert, au-delà de ce qui lui était possible de supporter », rapporte au journal Le Télégramme le prêtre Francis Morel, de Guingamp. Le journal local évoque des « bons chrétiens du cru » ayant proféré des propos racistes, mais aussi des tags retrouvés sur les murs du presbytère, puis effacés.

L’homme, arrivé d’Haïti en 2008 et qui connaît bien le département des Côtes-d’Armor, ne semblait pas jusqu’ici avoir été confronté à des aberrations racistes de la part de ses paroissiens. Mikerson Olivier a d’abord étudié la théologie au séminaire de Rennes, avant de faire un stage dans le diocèse de Saint-Brieuc. Il a été ordonné prêtre en 2012 et nommé dans la commune de Callac, 2000 habitants et située entre Guingamp et Carhaix, il y a six mois. C’est à ce moment-là qu’ont débuté les premiers commentaires racistes, selon lui.

« Ses origines avaient du mal à être acceptées »

Gérard Nicole, le vicaire général du diocèse de Saint-Brieuc, revient sur la décision du prêtre de quitter sa paroisse, dans les pages de Ouest-France: « Lorsqu’il m’a fait part de son mal-être, l’abbé m’a dit qu’il a progressivement eu le sentiment que ses origines et ses initiatives pastorales avaient du mal à être acceptées. » Elles « n’étaient pas accueillies comme des chances pour vivre ensemble l’Évangile et servir la mission de l’Église », continue-t-il.

Pour une meilleure intégration, l’homme d’église haïtien, fervent supporter de l’équipe de foot de Guingamp, avait même commencé l’apprentissage du Breton.

Mikerson Olivier a pris un peu de repos, et officiera bientôt dans le pays de Dinan, de l’autre côté du département. « Ce sera l’occasion de ramener un peu de paix dans la communauté. Le temps, pour chacun, de s’interroger sur sa façon de vivre l’Évangile, l’accueil de l’autre et de la différence. Et ce, quels que soient l’âge, l’origine ou la sensibilité religieuse de l’autre », rappelle l’abbé Nicole.

Contactée par l’Express, la mairie de Callac dénonce l’attitude de « quelques ouailles égarées » et demande « de ne pas confondre le séculier et le spirituel, à savoir le territoire laïc de la Commune et celui, chrétien, de la paroisse. »

 

L’express

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