Site icon Senef.fr

Discours d’Emmanuel Macron à la communauté française du Sénégal

Discours d’Emmanuel Macron à la communauté française du Sénégal

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs les Parlementaires,

Monsieur l’Ambassadeur,

Mesdames, Messieurs les Conseillers consulaires,

Chers Compatriotes, chers amis,

D’abord pardonnez-moi, il m’arrive d’être en retard ; ma femme dit même que c’est tout le temps le cas mais en l’espèce, je n’y suis pour rien parce que je sors d’une conférence qui a duré deux heures de plus que prévu pour le partenariat mondial pour l’éducation et c’est la cause de ce retard. Donc pardon de vous avoir fait attendre et merci à toutes et tous d’être là.

Voilà, je suis heureux en tout cas que nous puissions conclure la première journée de cette visite officielle au Sénégal avec vous, par une rencontre avec les Français du Sénégal, les binationaux, les amis de la France, toutes celles et ceux qui font cette relation, la font vivre depuis quelques mois pour quelques-uns, pour d’autres, des années et pour certains d’entre vous depuis plusieurs générations. La relation entre nos deux pays ne fait pas partie des choses totalement normales : elle est unique, elle est faite de nombre d’histoires communes et elle vit à travers les plus de 25.000 Français qui correspondent à la fois à cette force, cette histoire qui lie nos deux pays. Il y a parmi vous beaucoup qui sont arrivés en effet depuis plusieurs générations, certains qui font partie de ces générations qui ont versé du sang pour notre pays et j’y reviendrai ; et d’autres qui, étudiants, femmes ou hommes d’affaires, ou contribuant à l’action de l’Etat et à nos services, portent ici nos couleurs.

Ces liens humains, ce que vous représentez, c’est un atout unique, irremplaçable dans la relation entre nos deux pays. La présence française binationale au Sénégal, celle qui constitue ce lien que nous avons forgé, est au cœur de nombre de projets de ce beau pays.

Et ce que vous représentez, le président Macky SALL me l’a encore dit tout à l’heure, c’est aussi une part de ce chemin que nous voulons faire pour les années qui viennent et pour l’émergence du Sénégal.

Nombre d’entre vous, et ils ont jalonné cette journée passée ensemble, sont justement les acteurs des projets que nous faisons vivre, que vous faites vivre et que nous avons consolidé encore aujourd’hui. Et même dans ce contre-jour ou cette pénombre, je reconnais les visages amis qui ce matin les ont portés.

Ce déplacement a ainsi permis de consacrer plusieurs axes de ce partenariat qui en 2018 continuera à faire avancer la relation : le TER bien sûr, essentiel pour fluidifier les mobilités urbaines et qui fait partie des grands projets ici portés ; les 50.000 lampadaires solaires de l’entreprise FONROCHE ; les 16 ponts de l’entreprise Matière ; le super calculateur d’ATOS ; l’acheminement de l’eau à Dakar, le renforcement du réseau électrique, la révolution agricole que connaît la Vallée du fleuve ; l’essor du numérique – je ne pourrai pas citer tous les projets – mais il y a à chaque fois des grandes entreprises françaises que vous faites vivre depuis des décennies ici, il y a à chaque fois des PME qui sont en train pour certaines, de s’installer pour la première fois au Sénégal et il y a toujours des histoires d’amour entre les deux pays et des femmes et des hommes qui ont décidé d’investir, de faire derrière ces projets, bien souvent, des fondations, des projets caritatifs et un engagement.

Rien n’est acquis et il y a encore beaucoup à faire et je souhaite vraiment que cet engagement, celui que vous portez, que nos entreprises, qu’elles soient de taille intermédiaire ou grandes, portent, soit pleinement respectueux de nos partenaires, de toutes les règles sociales et environnementales et contribue à la formation et à notre effort collectif en matière d’éducation. Alors justement, l’une des raisons de ma présence ici avec plusieurs de nos ministres, ce sont les sujets d’éducation – je voulais ici vous en rendre compte – je l’ai évoqué, nous avons avec le président Macky SALL coparrainé cette reconstitution des fonds du partenariat mondial pour l’éducation.

Cet enjeu, je l’ai mis au cœur de notre politique en Afrique mais aussi au cœur de notre politique internationale pour les biens communs. Vous le savez, vous qui vivez ici, vous qui d’ailleurs participez de ce combat pour nombre de celles et ceux qui sont là ce soir en enseignant vous-même, en éduquant, ce combat pour l’éducation est fondamental et la France doit le porter. Nous avons aujourd’hui près de 300 millions de jeunes gens et pour majorité des jeunes filles qui n’ont pas accès à l’éducation.

Ces 300 millions de personnes vont venir s’ajouter à toutes celles et ceux qui ont déjà basculé ou dans l’obscurantisme ou dans la peur du changement ou dans les pires trajectoires. C’est une bombe à retardement, en partie dans tous les pays d’Afrique où il y a une vitalité démographique, où il y a une jeunesse qui constitue l’essentiel du pays. Si nous ne savons la former, si nous ne sommes pas à hauteur de cela, de cet enjeu, nous n’arriverons pas à créer la croissance de demain et donc nous construirons le malheur des différents pays concernés mais surtout, nous donnerons encore plus de force à l’obscurantisme, à celles et ceux qui utilisent justement cette jeunesse qui n’est pas formée pour l’attirer vers les chemins du malheur, vers le pire.

Et donc ce combat, c’est un combat pour aujourd’hui et pour demain, mais nous devons le livrer. La France s’est engagée à verser 200 millions d’euros au Partenariat mondial pour l’éducation ; elle était à 17 millions jusqu’à aujourd’hui ; et nous développerons en plus de cela 100 millions d’euros d’aide bilatérale. Et je veux ici remercier évidemment les ministres, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’Innovation et le ministre de l’Education nationale, de nous avoir accompagnés avec le ministre de l’Europe, des Affaires étrangères, son secrétaire d’Etat et la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, pour porter ces sujets et montrer l’engagement de la France.

Nous changeons d’échelle, nous changeons de méthode et notre engagement va être à la fois de construire davantage – ce que nous avons commencé à faire de manière croissante avec l’Agence française de Développement – et nous l’avons vu ce matin dans un projet très concret que nous avons inauguré avec le président Macky SALL, et de faire davantage pour former les enseignants ; et là, l’école française peut faire beaucoup plus et je souhaite que nous puissions justement développer ce partenariat.

Nous pourrons d’ailleurs nouer celui-ci en lien avec vous qui le faites vivre ici, en lien avec les organisations non gouvernementales et les enseignants qui, sur le terrain, le font déjà vivre pour aller plus loin. Mais nous pourrons aussi le faire vivre à travers un projet que nous venons de lancer en matière d’éducation lors de ce déplacement, c’est ce beau projet de Campus franco-sénégalais.

Ce campus qui a vocation à associer les meilleurs établissements français et les meilleurs établissements sénégalais, proposera autour d’un programme pédagogique partagé et en prise avec les besoins du marché économique local – et je veux ici remercier les présidents d’écoles, d’universités françaises, de centres de recherche qui m’ont accompagné à cette fin aujourd’hui: l’institut Mines Telecom, le Conservatoire national des arts et métiers, l’université de technologie de Troyes, l’université d’Aix-Marseille de même que les partenaires de longue date du Sénégal que sont l’IRD et le CIRAD. Et je voudrais qu’autour de ce campus, nous arrivions à consolider justement aussi une école de formation des maîtres, que la France puisse, en lien avec le Sénégal depuis Dakar, depuis ce nouveau campus, former aussi les enseignants de tous les pays de la région, du bassin, qui pourront ainsi porter notre ambition en matière éducative.

De même, la France portera cet engagement en continuant à accueillir près de dix mille étudiants sénégalais et comme je m’y suis engagé à Ouagadougou, elle octroiera désormais des visas de circulation de longue durée à ceux qui rentrent au Sénégal pour y mener leur vie professionnelle pour qu’ils gardent – et c’est bien normal – un lien spécial avec notre pays.

Je veux aussi ici saluer les jeunes Français et Franco-Sénégalais qui sont nés en France ou ont grandi en France et qui reviennent placer leurs compétences au service de la croissance et du développement du Sénégal et dont certains m’accompagnent. Il paraît qu’on les appelle les « repats » par analogie avec les « expats » et l’ambassade de France s’efforce de les accueillir et de les accompagner aux côtés des autorités sénégalaises. Ils montrent cette nouvelle façon, à travers l’éducation et les compétences, de penser les mobilités entre nos deux pays et de les assumer.

Alors bien sûr, je ne peux pas parler d’éducation sans évoquer un atout essentiel qui est le nôtre : le réseau d’enseignement français à l’étranger ; un réseau unique ; aucun autre pays que le nôtre ne met autant de moyens dans un réseau éducatif ainsi à l’international. Le Sénégal, avec ses 13 établissements affiliés, ses centaines d’enseignants français, en est l’un des fers de lance. Cela ne va pas sans efforts, sans rationalisation des moyens et je sais là-dessus toutes les inquiétudes qui existent.

Alors je vais vous dire très franchement ce que nous allons faire : d’abord j’ai pris un engagement ferme pour l’AEFE : les moyens seront en 2018 et 2019, totalement maintenus ; il n’y aura aucune coupe ni en amont ni en gestion. Et évidemment, cela va avec un maintien des engagements et des frais d’écolage. Mais nous pouvons faire beaucoup mieux, nous pouvons changer les choses et éviter ce qui s’est parfois passé ces dernières années en matière d’ajustement sans changer les structures ; c’est pourquoi j’ai demandé au ministre des Affaires étrangères, de me proposer pour l’été prochain, un projet de réforme en profondeur de l’AEFE qui permettra de davantage travailler avec les partenaires locaux, de labelliser parfois des offres formidablement innovantes qui sont faites et qui ne demandent qu’à rentrer dans le cadre de l’offre française, de mieux mobiliser des financements privés sur le réseau de tête parfois aussi, pour là aussi continuer à faire mieux sans rien désengager de nos financements sur les deux années qui viennent comme je viens de le dire.

Mais nous devons là aussi repenser notre réseau parce que si nous nous endormons, même ici où il est triomphant, il sera bientôt dépassé, bousculé par d’autres pays qui ne ménagent pas leurs efforts et ont envie de faire davantage.

La France n’oublie pas les siens, en particulier ceux qui sont aussi en difficulté et elle accorde à ses compatriotes au Sénégal la première enveloppe dans le monde en matière d’octroi de bourses scolaires : près de 6 millions d’euros par an, deux mille élèves concernés, ce qui est considérable et je souhaite ici saluer l’action peu visible mais essentielle des conseillers consulaires qui sont à votre service pour cela. Je sais aussi que le projet de changement peut parfois heurter certains, c’est pourquoi il se mènera sous l’autorité du ministre avec un grand esprit de concertation.

Parler d’éducation et de cette ambition que nous sommes venus porter dans le cadre du partenariat mondial et dans la relation bilatérale me conduit bien entendu à vous parler aussi de francophonie ; ce que nous avons en commun entre nos deux pays, ce qui fait notre force, c’est la langue. Je l’ai dit à Ouagadougou il y a quelques semaines et je le réaffirme avec beaucoup de force ici : la francophonie n’appartient pas aux Français ; ce qui d’ailleurs parfois a été la source de tous les blocages, du choix fait par certains de se tourner vers d’autres langues, c’était ce sentiment. Ici même, le français est en recul et nous devons regarder cette situation en face ; c’est une forme d’échec. C’est d’autant plus une forme d’échec et de perte du sens de l’histoire que la francophonie a été voulue et inventée par des grands présidents africains qui voulaient marquer leur fierté de la langue, et non pas par la France.

Et en particulier par le président SENGHOR qui a fait partie de ses grands promoteurs. Et donc le wolof est une chance formidable comme toutes les langues qui existent ici, mais penser que se détourner du français, c’est revendiquer la force du Sénégal, je crois que c’est faire un véritable contresens historique. C’est pourquoi la francophonie, l’Afrique en particulier, doit s’en saisir parce que l’épicentre de la francophonie, sa vitalité, sa force, à la fois en termes d’inventivité linguistique mais aussi en termes culturels, artistiques et de projets, elle se joue en Afrique beaucoup plus qu’ailleurs et son épicentre est quelque part autour du fleuve Congo, résolument.

Cette francophonie, je l’assume, je voudrais aussi que vous la fassiez vivre, que vous la portiez – je sais que c’est le cas de beaucoup d’entre vous – c’est pour ça que j’ai d’ailleurs confié la mission d’être la représentante spéciale, personnelle du Président à une femme, écrivain des deux rives, Leïla SLIMANI, Franco-marocaine, et c’est aussi pour cela que j’ai décidé d’être accompagné aujourd’hui par des jeunes Sénégalais et Franco-sénégalais qui sont artistes, photographes, stylistes, entrepreneurs et incarnent ce rayonnement.

La francophonie du 21e siècle, ce sera une francophonie de projets, d’opportunités ; c’est donc vous qui la ferez vivre, mais ne mésestimez pas l’importance de ce combat ; il est important pour vous, il est important pour la relation bilatérale mais, j’en suis convaincu, il est important pour le Sénégal et sa capacité à rayonner, à réussir dans la région et bien au-delà.

Bien sûr, pour ce faire, nos instituts français et les Alliances françaises ont un rôle absolument essentiel ; nous avons ici des instituts formidables qui ont fait d’ailleurs émerger nombre de grands artistes sénégalais, qui les ont portés, fait connaître du monde entier parce que les ateliers de la pensée qui réunissent certains des plus grands intellectuels africains se réunissent pour réfléchir à l’Afrique d’aujourd’hui et de demain sans tabou, ils le font à l’Institut français de Dakar et nous pouvons en être fiers.

Faites vivre cette relation, portez-la, soyez-en fiers et soyez fiers de cette part de langue que vous avez en héritage et qui est indispensable ; et Dakar par ce truchement est ainsi un pôle incontournable pour la recherche, qu’elle soit appliquée à la santé, l’agriculture, aux écosystèmes marins, à l’étude des changements sociaux, justement par la francophonie et la vitalité de la relation académique et scientifique.

Je veux aussi vous dire quelques mots d’un des combats que nous menons, au-delà de l’éducation, qui est un des biens communs que nous avons en partage, c’est celui de l’environnement parce qu’il rythme également le déplacement que nous aurons et en particulier la visite que nous ferons demain à Saint Louis. Je me suis engagé tôt dans ce combat contre le réchauffement climatique pour défendre les accords de Paris, pour aussi faire de ces accords des accords concrets, tenir à Paris le 12 décembre dernier le One Planet Summit, non pas en hommage à la francophonie à travers ce titre, mais pour résolument engager des financements et des projets concrets.

Lors de ce sommet, le maire de Saint-Louis m’a interpellé. Je lui ai dit que je me rendrai sur place ; nous le ferons demain matin et nous allons investir à Saint-Louis pour lutter de manière très concrète avec un plan d’urgence que portera l’AFD contre l’érosion côtière et pour mettre un coup d’accélérateur au projet porté par la Banque mondiale. C’est aussi une façon pour la France d’être aux côtés, concrètement, du Sénégal et de mener ensemble un des combats essentiels pour le présent et notre avenir qui est celui contre le réchauffement climatique mais aussi pour montrer à la planète entière que quand on parle des impacts du réchauffement climatique, on parle de vies directement menacées, on parle d’activités économiques parfois détruites, on parle de villes qui menacent d’être effacées, on parle de déstabilisations qui font parfois progresser, là aussi, les pires idéologies. Cet engagement, il irriguera la relation bilatérale ; nombre de projets signés ce matin étaient dans ce droit fil et nombre des projets que nous porterons, le seront aussi.

Enfin, je veux vous parler, pour ce qui concerne notre relation, au-delà de ces sujets économiques, de l’éducation, de la langue, de la recherche, de l’environnement, je veux évidemment vous parler de sécurité parce que nul n’ignore que vous êtes ici au milieu d’un continent, d’une région où tout peut parfois basculer, où l’inquiétude peut être présente et où nous savons tous dans notre chair l’importance de la lutte contre le terrorisme et de la menace qui rôde.

La France est pleinement engagée dans la région pour la sécurité collective, la vôtre ici, la sécurité de toutes les Françaises et de tous les Français car notre avenir se joue là ; notre action est évidemment conduite dans le Sahel à travers l’opération Barkhane, par nos contributions dans la Minusma et notre rôle permanent avec l’ensemble des pays du Sahel, dans le cadre du G5 Sahel. Cette lutte contre le terrorisme, la déstabilisation de plusieurs Etats du Sahel, contre l’obscurantisme, durera encore plusieurs années, c’est une évidence.

Elle s’est installée sur le manque d’éducation, sur les faiblesses du développement et sur le travail méthodique conduit par des groupes djihadistes qui ont exploité cette misère et ces déstabilisations. Nous continuerons à maintenir notre engagement militaire au moins au même niveau que le niveau actuel ; nous resterons parfaitement mobiles dans nos positions pour nous adapter à l’évolution de la menace et nous ne cesserons de travailler, comme je l’ai fait constamment depuis mon élection, avec l’ensemble des pays du Sahel pour continuer ce travail. Je vous promets une chose, c’est que nous vaincrons parce qu’il n’y a pas d’autre choix et que c’est indispensable.

De l’autre côté, c’est la menace de Boko Haram qui rôde et qui, je sais, effraie beaucoup aussi ; là aussi, nous resterons engagés avec plusieurs de nos partenaires, pour éradiquer celle-ci. Mais au-delà de cette situation régionale où la France est pleinement engagée et le pays leader pour la sécurité de la région et notre sécurité collective, nous sommes évidemment très fortement présents ici aussi et je veux saluer la coopération exemplaire entre la France et le Sénégal en matière de défense et de sécurité. Je vais saluer dans quelques instants les éléments français au Sénégal et je m’excuse auprès d’eux de ne pas avoir pu me rendre physiquement à leur contact comme j’avais initialement prévu de le faire, mais ils constituent une des facettes les plus visibles de notre coopération de sécurité et de défense au Sénégal, qui rayonne dans toute l’Afrique de l’Ouest. Et je veux les remercier pour leur engagement et leur présence.

Au-delà de celui-ci, nous avons deux autres engagements forts qui marquent cette coopération : l’école de formation de l’armée de l’air et la décision prise en novembre dernier de faire ici, au Sénégal, une école de formation en matière de cybersécurité et cyberdéfense qui est un élément stratégique essentiel de notre engagement pour la sécurité collective dans la région et qui est parfaitement cohérent avec l’engagement de plusieurs industriels en la matière avec le Sénégal. Bien évidemment, cette relation militaire se décline aussi à travers notre relation en matière de sécurité intérieure, de coopération de services – et je remercie les gendarmes, les policiers qui font vivre au quotidien également cette relation et la sécurité collective.

Soyez certains que la sécurité du Sénégal et votre sécurité restent au cœur de l’attention de notre ambassade, de nos forces dans la région et de l’Etat français. Je tiens ici à saluer tous ceux qui y contribuent, et au-delà de ceux que j’ai déjà cités, la réserve citoyenne qui ici est exemplaire.

Nous serons toujours là fortement engagés, fortement soucieux de tous nos ressortissants, de tous les binationaux, de tous les amis de la France et du Sénégal parce que c’est aussi ce qui a fait notre histoire, parce que la relation entre la France et le Sénégal a toujours été une histoire de solidarité, y compris lorsque le risque était là, la menace était là ou lorsque les pires heures heure de l’histoire régnaient d’un côté ou de l’autre. C’est pourquoi en vous disant cela, j’ai aussi une pensée pour tous ces hommes de l’oubli, soldats de devoir et d’honneur, ces tirailleurs qui ont servi notre patrie ; je pense en particulier aux 200.000 qui ont combattu pendant la Grande Guerre, dont nous commémorerons le centenaire de l’Armistice le 11 novembre prochain et je salue avec respect ce soir la présence de plusieurs vétérans sénégalais de l’armée française ; ils traduisent ce lien qui fut parfois un lien dans le sang.

Voilà mes chers compatriotes ce que je voulais vous dire ce soir en quelques mots, je n’ai pas épuisé tous les sujets de la relation ; chaque vie, chaque biographie qui est là devant moi ce soir, porte infiniment plus de richesses que ce que je viens de rappeler rapidement. Nous continuerons à œuvrer parce que je me suis engagé tôt dans la relation avec l’Afrique, avec chacun des pays d’Afrique, parce que cette relation n’est pas à mettre en quelque sorte dans une forme de politique monocorde qui n’aurait plus de sens au service des pays, des peuples, mais de la relation bilatérale que nous portons et que vous faites justement vivre aujourd’hui.

Je ne peux pas achever ce discours sans avoir une pensée particulière à Dakar pour une grande amie du Sénégal qui nous a quittés il y a peu, France GALL : elle était appréciée de tous ici pour sa simplicité, sa discrétion et sa générosité. Et en retour, je sais qu’elle avait beaucoup d’amis sénégalais qui protégeaient sa sérénité dans son refuge de N’gor qu’elle avait acquis avec Michel BERGER ; elle a toujours été sensible à ce qui se passait ici ; elle a toujours apporté sa contribution, des gestes simples, un engagement réel pour construire la petite école de l’île, pour financer les études de ses élèves ; elle était l’amie des artistes, certains nous ont aussi quittés ces dernières années.

Au fond, France GALL et le Sénégal s’aimaient en douceur, sans le dire trop fort mais c’était là. Alors je sais qu’elle manque à beaucoup ce soir, pas qu’ici mais ici aussi tout particulièrement, et je voulais saluer son fils sénégalais présent parmi nous, qui perpétue la mémoire de sa mère qui habitera à jamais leur restaurant, un lieu de rendez-vous à l’écart du monde, les pieds dans l’eau, prisé de tous.

Voilà mes chers amis, c’est une histoire parmi d’autres mais une histoire qui dit beaucoup de cette relation, de ce que vous faites vivre entre nos deux pays et de ce pourquoi je vous remercie. Soyez fiers de cette amitié de tant et tant de générations entre le Sénégal et la France.

Vive la France ! Vive le Sénégal ! Et vive l’amitié entre la France et le Sénégal !

Quitter la version mobile