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Diaspora sénégalaise, de la gloire au rang de paria – Par Mariama Diallo

Plusieurs pays accueillant les sénégalais de l’extérieur, ont été fortement touchés par le coronavirus SaRS-cov2. Le 1er cas de contamination a été décelé en chine, le 17 novembre 2019. A cet égard nous pouvons rappeler la stupeur et le désarroi de nos compatriotes présents, dans la province de Wuhan, épicentre de l’épidémie.

En effet, la situation des étudiants sénégalais, avait fait couler énormément d’encre. Partant de l’absence du virus sur le territoire et la garantie que nos ressortissants sénégalais étaient en sécurité et suivis par les autorités compétentes, le Président de la République, Son excellence monsieur Macky Sall, avait fait le choix de les maintenir sur place en assurant un suivi et une logistique en adéquation à la situation. Dès lors, il était question d’assurer la protection des millions de sénégalais présents sur un territoire national, vierge de tout coronavirus SaRS-cov2.

Malheureusement, le 1er cas sur le territoire national du Sénégal, a fait son apparition, le 02 mars 2020. Quelques jours plus tard, le 11 mars plus précisément, l’épidémie coronavirus a été déclarée, pandémie coronavirus SaRS-cov2 par l’OMS. Depuis la liste des victimes du CoviD-19 ne cesse de s’allonger à travers le monde, affectant une partie nos ressortissants sénégalais établis à l’extérieur.

Face à cette ampleur, la diaspora ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur la nécessité de prise en charge de nos compatriotes qui décèdent dans les hôpitaux de France, d’Italie, d’Espagne, des Etats-Unis ou encore ailleurs. Des décès qui peuvent d’ailleurs être liés au Covid-19 pour certains et pas pour le reste. Malgré l’absence de restriction émanant des pays, concernant le transport des défunts, la diaspora sénégalaise se retrouve rejetée, stigmatisée par sa nation.

Pour rappel, la diaspora contribue à hauteur de 1200 milliards de francs CFA, par an sur l’économie sénégalaise. Parfois organisée sous forme d’association voire de fédération, elle épargne et investit sur des projets de tout genre, dont le rapatriement des corps.

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Sous des prétextes fallacieux, dépassant l’entendement, les autorités consulaires refusent toute remise de documents aux proches des défunts afin de permettre le rapatriement des corps. Depuis plusieurs jours nous assistons à une multiplication des décès des sénégalais de l’extérieur, qui de leur vivant ont toujours émis le souhait d’être inhumés, au plus près de leur famille en cas de décès.

Certains avaient même obtenu le document, leur permettant de transférer le corps, mais à la dernière minute, celui-ci leur a été arraché, et tout bonnement annulé, alors que les espaces aériens n’étaient pas encore fermés. En dépit de la présence du Covid-19, sur le territoire national et hors restriction des pays où a eu lieu le décès quel qu’il soit, nous demandons le rapatriement des corps des sénégalais de l’extérieur à travers le monde, selon leur demande et celle de leurs familles.

Le ministère de la santé et de l’action sociale par la voix de son ministre, nous a délivré le communiqué n*37 le 07 avril 2020, en des termes incompréhensibles. en voici un extrait : «au regard du fort risque de contagion lié à la manipulation des dépouilles, aucun transfert de corps provenant des pays infectés ne devra être permis.» Cependant, nous souhaitons porter à sa connaissance, qu’aucune des dépouilles provenant des pays infectés, ne peut être manipulée, car elles répondent, en ce qui concerne la France, à l’arrêté du 28 mars 2020, fixant les listes des infections transmissibles prescrivant ou portant interdiction de certaines opérations funéraires.

En plus de l’avis du 24 mars 2020, émanant du Haut conseil de Santé Publique coronavirus SaRS-cov2, concernant la prise en charge du corps d’un patient décédé, suivi du décret du 01 avril 2020 venant clarifier les mesures applicables concernant la prise en charge d’un Covid19, par le personnel funéraire.

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Ainsi, les mesures de la mise dans une housse étanche, hermétiquement close et désinfectée, la mesure de mise en bière immédiate, le placement du défunt dans un cercueil, qui n’est pas forcément hermétique, répondant aux caractéristiques définies à l’article R.2213-25 du code général des collectivités territoriales, qui a reçu les soins préalables par le personnel soignant, les agents des pompes funèbres et selon les rites religieux, n’expose en aucune manière aux risques d’exposition au sang, aux liquides biologiques et aux risques d’aérosolisation. Contrairement aux mesures drastiques prises par rapport à l’épidémie d’Ebola.

En d’autres termes, le HCSP à travers son avis et son arrêté n’entrave en rien le transfert et le transport des dépouilles du Covid-19, alors que dire des personnes décédées hors situation Covid-19. C’est pourquoi, nous demandons le rapatriement des dépouilles des sénégalais de l’extérieur, afin d’organiser des obsèques conformes aux souhaits du défunt et/ou de ses proches.

Conformément au communiqué du 07 avril 2020, émanant du ministère de l’intérieur portant l’arrêté n°008622, sur la suspension de délivrance des autorisations de circuler sur l’étendue du territoire, à l’exception de celle pour raison de maladie et pour transports de corps sans vie, la diaspora demande le même traitement.

En dernier lieu, conscient du caractère exceptionnel de la situation, nous souhaitons éviter la crémation et l’enterrement non consenti. en cela, nous en appelons, au Président de la République, Son excellence monsieur Macky Sall, afin d’éviter de faire porter les stigmates de cette mauvaise expérience a l’ensemble de la communauté sénégalaise vivant hors du territoire national.

 

Mariama DIALLO
Titulaire :
– Diplôme d’État Infirmier français
– DU médecine de catastrophe
– DU urgences vitales en soins infirmiers
– DU en psychotraumatologie
– Formation professionnelle, prise en charge des décès

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