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De Dakar à la Lorraine, la belle histoire des pépites sénégalaises du FC Metz

A l’origine de l’éclosion de Sadio Mané ou d’Ismaïla Sarr, le partenariat entamé voilà plus de vingt ans entre le FC Metz et l’Académie Génération Foot de Dakar est toujours florissant.

Entre le FC Metz et le Sénégal, c’est déjà une vieille histoire. Dans une lointaine filiation avec le regretté Jules Bocandé, le fameux attaquant messin des années 1980, de jeunes Sénégalais déferlent par vagues régulières sur la Lorraine depuis vingt ans.

Papiss Cissé, Diafra Sakho, Sadio Mané, Ismaïla Sarr… Voilà pour les plus célèbres d’entre eux. Toutefois, le club lorrain peut s’enorgueillir d’avoir détecté, formé, importé et lancé plus d’une trentaine de pros grâce à son partenariat unique avec Génération Foot, l’académie fondée à Dakar en 2000 par Mady Touré.

Une classe biberon pleine de promesses
Les Messins « made in Sénégal » d’aujourd’hui se nomment Habib Diallo (tout juste transféré à Strasbourg contre 10 millions d’euros), 25 ans, Ibrahima Niane (auteur de 6 buts en 6 journées, il s’est malheureusement rompu les ligaments croisés du genou et sera absent plusieurs mois), 21 ans, Lamine Gueye, 22 ans, et Papa Ndiaga Yade, 20 ans.

Ce sont aussi Cheick Sabaly, 21 ans, prêté à Pau (L2), Amadou Dia N’diaye, 20 ans, et Ababacar Lo, 20 ans, tous deux prêtés au RFC Seraing (2e division belge), club filiale du FC Metz. Enfin, les tout derniers arrivants sont Ousmane Ba, un gardien de 20 ans, et Pape Matar Sarr, un milieu d’à peine 18 ans déjà convoité par l’Europe entière…

La belle histoire commence en 2000, quand Mady Touré, 62 ans aujourd’hui, un ex-pro stoppé par une blessure, convainc Carlo Molinari, le président historique du FC Metz, de le soutenir financièrement dans son projet. L’académie démarre petitement avec une dizaine de jeunes, sur un terrain sablonneux et sans hébergement dédié. Pourtant, les premiers joueurs émergent. Notamment un certain Emmanuel Adebayor, attaquant togolais qui débarque à Metz à 15 ans et dont la carrière le mènera à Monaco, Arsenal, City et au Real…

Bernard Serin succède à Carlo Molinari en 2009 mais le courant passe également entre les présidents Serin et Touré. Leur partenariat se développe. En 2011, Sadio Mané, 19 ans, pose à son tour sa valise à Metz (2011). La suite le conduira sur le toit de l’Europe avec Liverpool, via Salzbourg (2012) et Southampton (2014).

Comme un club de Ligue 2
« Dans un premier temps, on a fait venir des joueurs comme Adebayor, Babacar Guèye ou Papiss Cissé alors qu’ils étaient très jeunes, explique Philippe Gaillot, le directeur général-adjoint du FC Metz. Ils passaient trois ou quatre ans au centre de formation et à 18-19 ans, ils étaient prêts pour les pros.

En revanche, quand le règlement Fifa a évolué (NDLR : restreignant drastiquement les transferts de mineurs, fin 2009), on n’était pas armés à Dakar pour former les joueurs sur place en attendant qu’ils aient 18 ans. C’est pourquoi on a dû finir leur formation ici. Sadio Mané a dû travailler deux ans avant d’être capable de suivre un entraînement avec les pros. Ismaïla Sarr (NDLR : 22 ans, Metz, Rennes, Watford) a été le premier à arriver (en 2016) et à être opérationnel tout de suite. »

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Entre les promos « Mané » et « Sarr », l’académie a changé de dimension. En septembre 2013, Génération Foot reçoit de nouvelles installations, assimilables à celles d’un club de Ligue 2. A Deni Birame Ndao (35 km de Dakar), non loin du Lac Rose où était jugée jadis l’arrivée du Paris-Dakar, l’activité se professionnalise et s’intensifie.

Aujourd’hui, 40 recruteurs du cru quadrillent le Sénégal en vue de ramener dans leurs filets les petits footballeurs à fort potentiel. Le pensionnaire entre en préformation à 12 ans au plus tôt, tout en suivant sa scolarité sur place. Vers 15-16 ans, il bascule dans le groupe pro d’une quarantaine de joueurs et ne tarde pas à jouer avec l’équipe première, championne du Sénégal 2017 et 2019.

« L’équipe pratique un jeu offensif, très positif, explique Olivier Perrin, le responsable des structures de formation du FC Metz, en poste au Sénégal entre 2013 et 2018. Comme il y a 4 à 5 départs par an, il faut approvisionner le groupe de 4 à 5 nouveaux joueurs par an, sans descendre. Etre champion, c’est bien, mais l’idée consiste à faire avancer nos plus jeunes joueurs, de sorte qu’ils partent en Europe avec déjà un vrai bagage de football d’adultes. »

Un partenariat gagnant-gagnant
Ça a été le cas de Niane, recruté tardivement à 15 ans, lancé en équipe première à 16 ans et arrivé à Metz à 18 ans et demi, après avoir terminé la saison 2016-2017 meilleur buteur du Sénégal de tous les temps – 19 buts en 18 matchs. Une fois chez les Grenats, sa post-formation a encore duré deux ans et demi mais directement au sein du groupe pro.

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Dernier exemple en date : Pape Matar Sarr, 18 ans et 1 mois. Il a disputé son premier match de L1 sénégalaise à 15 ans. Il était sur le banc messin pour la première fois face à Angers la en Ligue 1 dimanche (1-1), seulement quinze jours après son arrivée.

Génération Foot s’apparente-t-elle à une unité de production délocalisée dont Metz tirerait les plus gros profits de la vente de joueurs ? « A l’arrivée d’un joueur, on n’a jamais raisonné en se disant : Tiens, lui, on va le vendre 40 millions d’euros dans deux ans, argue Gaillot. On se demande plutôt quand il va être opérationnel et nous aider à performer. Après, il se trouve que depuis quelque temps, ces joueurs sont ceux qui se sont développés le plus vite et nous ont permis de réaliser beaucoup de ventes, lesquelles sont indispensables à notre équilibre financier. Mais nous restons dans cette réalité qui place les objectifs sportifs tout en haut. »

100% de réussite au bac
De son côté, Perrin souligne la contribution de la structure au « développement social de la région » : les emplois créés sur place, les 110 à 120 élèves scolarisés avec 100 % de réussite au bac et même certains dossiers orientés vers des universités américaines.

« Il y a les réussites visibles et puis, il y a celles de beaucoup de joueurs qui font une carrière dans de petits clubs ou dans des championnats secondaires, poursuit Perrin. D’autres encore reviennent dans la société sénégalaise avec une qualification. A Metz, Ame Sylla, issu de Génération Foot, a échoué pour s’être été blessé trois fois aux trois ligaments croisés. Aujourd’hui, il est surveillant de nuit au centre de formation et entraîneur à l’école de foot. Et c’est une vraie fierté qu’il puisse vivre de sa passion autrement. »

Lionel Chami avec Le Parisien

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