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Corte : Abbé Léon Pape Gnacadja une vie au service des autres

Il remplace désormais l’abbé Mondoloni, parti à la retraite. Rencontre avec un personnage surprenant qui, même s’il multiplie les centres d’intérêt, garde toujours l’Homme au coeur de ses attentions.

Le premier contact au téléphone est un brin sérieux. Mais une fois face à face, dans son bureau encombré de piles de dossiers et de livres, le père Léon Pape n’est pour ainsi dire plus le même homme. Les manières se détendent, le sourire apparaît. En homme méticuleux, il avait « préparé quelques notes pour notre entretien ». Histoire de ne rien oublier.

Sur une feuille dactylographiée et ensuite, avec des phrases toutes simples, il raconte son enfance au Sénégal, le pays qui l’a vu naître. Un papa médecin, une maman mère au foyer, à qui revient la charge d’élever treize enfants. Léon Pape Gnacadja occupe la sixième place. « Enfant terrible », comme il se décrit lui-même.

Né en 1962 à Dakar de parents Béninois, Léon n’est qu’un tout jeune garçon quand il manifeste, pour la première fois, sa volonté d’entrer dans les ordres : « Ma famille est très religieuse, confie-t-il, et j’ai côtoyé beaucoup de prêtres et hommes d’Église. D’ailleurs, j’ai deux frères et deux soeurs qui se sont, un temps, engagés dans la même voie que moi, même si cela n’a pas abouti. Quand j’étais petit, je disais à mes parents que je voulais me consacrer à Dieu pour soigner les malades. »

La santé d’abord

Tout jeune donc, il entre au petit séminaire. « Quand j’ai eu le bac, je suis entré au grand séminaire où j’ai suivi six ans de formation dans plusieurs domaines. »

Spiritualité, philosophie, théologie, ou encore islamologie, patrologie et droit canonique… Sa curiosité fait rapidement de lui un homme cultivé.

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Après son ordination en la cathédrale Sainte-Anne de Thiès, il est nommé vicaire pendant cinq ans : « J’ai alors suivi deux missions de brousse, pendant lesquelles j’ai essayé de me mettre au service des plus démunis. J’ai travaillé sur le terrain pour permettre aux paysans d’avoir accès à l’eau potable, à l’électricité, à une bonne alimentation, à l’éducation et à la santé. »

La santé, Léon Pape la place au centre de ses attentions. Sans doute le métier qu’exerçait son père n’y est-il pas tout à fait étranger.

C’est d’ailleurs à ce domaine qu’il se consacrera, pendant un temps : « Quand je suis arrivé en France, j’ai d’abord été curé dans le Var et à Nice, précise-t-il. Puis, je suis venu en Corse pour faire un stage en tant que psychologue clinicien et psycho-gérontologue au centre de rééducation du Finosello à Ajaccio. »

Mais la vocation avec laquelle il vit depuis l’enfance n’est pas de celles que l’on fait taire comme ça. Elle finit toujours par se réveiller : « J’ai été poussé par l’Esprit saint, sourit-il, et c’est comme cela que je me suis retrouvé curé de la paroisse de Ponte-Leccia, avec l’accord de mon évêque du Sénégal et de monseigneur de Germay, évêque de Corse. »

« L’homme d’Eglise n’est pas un robot »

Arrivé en successeur de l’abbé Mondoloni qui prenait sa retraite, Léon Pape a apporté dans ses bagages l’homme qu’il est, avec ses expériences et son vécu, qui l’ont amené « à faire du bien-être des prêtres et des religieux, une priorité ». « D’ailleurs, quand j’étais étudiant, j’avais choisi comme sujet de thèse Les conflits intrapsychiques dans le milieu clérical, et ensuite, j’avais orienté mes recherches vers la valeur thérapeutique de la parole chez François de Sales. J’ai toujours cherché à faire valoir que l’homme d’Église n’est pas un robot que l’on peut actionner dès qu’on en a besoin. Il est doté d’organes et de sentiments comme tous les autres humains, et il peut entrer en conflit avec lui-même si on ne le ménage pas. Et, puisque les gens le considèrent malgré tout comme une sorte de Superman, il doit faire le choix de se ménager lui-même par la prière, la récréation, le sport et le travail, qu’il soit manuel ou intellectuel. »

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« Je me plais beaucoup ici »

Cette main tendue vers l’autre, et même si elle constitue l’essence même de l’engagement de n’importe quel prêtre, Léon Pape en a presque fait un art de vivre.

À tel point qu’il est également, en plus de son rôle au sein de son espace interparoissial qui va de Francardo au Niolu en passant par Moltifao et San-Lorenzu, délégué diocésain chargé des migrants pour la Corse.

Convaincu que sa vocation est en pleine crise, le prêtre n’en demeure pas moins habité par sa mission. Et sur ses nouvelles terres, il devient déjà difficile de faire quelques pas avec lui sans être arrêté et salué par un paroissien. « Je me plais beaucoup ici, confie-t-il, grâce à la beauté de l’île et, surtout, grâce à la sympathie des gens. Ma paroisse est très rurale et cela représente énormément de distance et de temps sur les routes. Mais quand j’arrive, et que je vais à la rencontre des gens, tout cela est effacé. »

Par MOQ

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