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Chilly-Mazarin : Un Sénégalais retrouvé mort intoxiqué dans sa voiture

Ibrahima Correia, originaire du Sénégal et de la Guinée-Bissau, a été retrouvé mort dans sa voiture qui lui servait de « domicile » temporaire. Il serait mort en raison d’une intoxication au monoxyde de carbone après avoir voulu se chauffer.

Ibrahima avait 22 ans. Il était en situation régulière, travaillait, avait une famille. Mais faute de logement, il lui arrivait de dormir dans sa voiture. Dans la nuit de lundi à mardi dernier, surpris par la première vague de froid, il a voulu se chauffer avec du charbon. Son corps sans vie a été retrouvé au petit matin par une patrouille de police et les pompiers.

La découverte macabre a été faite sur un parking du parc d’activités de la Butte-au-Berger, à Chilly-Mazarin (Essonne). Après avoir brisé l’une des vitres du véhicule, les secours mobilisés n’ont pu que constater le décès.

« Des traces de charbon ont été retrouvées à côté de lui, indique une source proche de l’enquête. Il a voulu se chauffer avec un brasero. La voiture était verrouillée de l’intérieur et le corps ne portait pas de trace de l’intervention d’un tiers ». Autrement dit, Ibrahima n’a pas été battu. Lors de l’autopsie réalisée mercredi dernier, aucune trace suspecte n’a en effet été notée par le médecin légiste. « Il n’y avait pas non plus de suie dans les poumons comme ça peut être le cas lorsque la mort survient par asphyxie durant un incendie », poursuit une source judiciaire. D’autres analyses ont été réalisées afin de confirmer la présence de monoxyde de carbone dans l’organisme. Les résultats seront connus dans 4 à 6 semaines.

Une demande de logement faite en mairie le 5 novembre dernier

Les secours ont également découvert un plaid dans l’habitacle. « Selon les éléments recueillis, il rentrait parfois dans sa famille mais il pouvait lui arriver de dormir dans sa voiture », reprend une source.

Une information que le patron de la société de transports pour laquelle Ibrahima travaillait depuis environ six mois n’avait pas. « Selon ses parents, qui habitent dans le secteur, il revenait parfois à la maison au bout d’un ou deux jours, confie-t-il. Mais je ne pense pas qu’il dormait dans sa voiture. »

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À côté de sa dépouille, les policiers ont aussi retrouvé une demande de logement qu’il avait faite auprès de la mairie de Chilly-Mazarin le 5 novembre dernier. Le maire (DVD) Jean-Paul Beneytou a précisé au Parisien qu’il s’exprimera après avoir eu « tous les éléments concernant la situation de ce pauvre homme ».

« Jeudi dernier, je lui avais donné une attestation de travail pour la demande de logement qu’il allait déposer, se rappelle le patron d’Ibrahima. Ce qui m’a paru bizarre, c’est que le lendemain matin [NDLR : vendredi], il n’est pas venu travailler, et il ne répondait pas au téléphone, indique-t-il. Or, depuis son arrivée au sein de l’entreprise, il n’avait jamais été absent une seule fois. »

Un cas qui n’est pas rare

Selon les services de la préfecture de l’Essonne, Ibrahima « était bien identifié par les services de l’État. Il disposait d’une carte de résident. Néanmoins, aucune demande d’hébergement n’avait été enregistrée auprès du 115 et l’OFII [NDLR : Office français de l’immigration et de l’intégration] ne disposait pas d’information sur la situation de logement de ce jeune homme. »

Ali Gattoufi, responsable de l’association Entraide et solidarité 91 qui réalise des maraudes dans l’Essonne à la rencontre des SDF, confirme que « beaucoup de personnes dorment dans leur voiture. Nous nous occupons régulièrement d’un groupe de Géorgiens. Nous leur fournissons notamment le kit hiver avec le sac de couchage moins de 15 degrés… »

Pour Nadia Nguyen Quang de RESF 91 (Réseau éducation sans frontières de l’Essonne), « il n’est pas rare que les personnes étrangères en situation régulière aient du mal à trouver un logement. Elles ont les mêmes démarches à effectuer que les Français nés en France pour qui c’est déjà compliqué ». Et de livrer l’exemple de ce jeune homme qui avait trouvé un travail mais qui a dû interrompre son contrat : « Il n’avait pas le temps de chercher un logement en travaillant. Il essayait de dormir dans sa voiture mais n’y arrivait pas. Ce sont des situations qui mettent en péril leurs projets de vie. Une personne qui dort dans sa voiture risque de mourir de froid et ne peut pas avoir une bonne hygiène, avoir des vêtements propres, se laver… Il y a de la honte à reconnaître qu’on dort dehors ».

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Beaucoup ont fait le choix de se taire. C’était le cas d’Ibrahima.

La dépouille mortelle rapatriée au Sénégal

Selon des informations d’Afrique Connection, Ibrahima Correia avait rompu tous contacts avec sa famille, notamment son père qui vit à Savigny, dans le même département. « Personne n’avait de ses nouvelles. Il était fâché avec son père. Il faisait la grosse tête à l’image des jeunes d’aujourd’hui. On a appris par la suite qu’il vivait chez sa copine », confie un proche de la victime à Afrique Connection.

C’est sa copine, sans nouvelles de lui pendant quatre jours, qui avait alerté sa famille, qui, elle, a signalé sa disparition à la police, tout en continuant à faire ses propres enquêtes. Son téléphone étant éteint, les appels tombaient systématiquement sur sa boîte vocale.

La question qui se pose est pourquoi Ibrahima ne dormait plus chez sa copine? S’était-il disputé avec cette dernière? L’enquête suit son cours.
En attendant, le corps a été restitué à sa famille. La dépouille mortelle d’Ibrahima Correia a été rapatriée au Sénégal et sera inhumée au village de Tobor, près de Ziguinchor.

 

Le Parisien avec Afrique Connection

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