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Ce sénégalais dandy des nuits parisiennes est-il un violeur ?

Figure des soirées branchées de la capitale, un trentenaire est accusé d’avoir commis deux viols à trois ans d’intervalle dans des conditions similaires. Il aurait abusé ses victimes dans leur sommeil au petit matin.

Champagne, cocaïne et jolies filles. Un cocktail diablement addictif dont Thierno (les prénoms du mis en cause et des deux victimes ont été modifiés) s’est longtemps abreuvé avant qu’il ne soit accusé de deux viols, l’un commis sur une adolescente mineure, l’autre sur une jeune femme sous l’emprise de produits stupéfiants. Les faits auraient été commis en 2014 et 2017. «

Dragueur, beau parleur et manipulateur » pour les uns, « charismatique et charmant » pour les autres, ce trentenaire sénégalais navigue alors avec aisance dans les soirées parisiennes, passant d’un établissement branché à l’autre, de Saint-Germain-des-Prés au quartier des Champs-Elysées, son port d’attache.

Une vraie célébrité dans le microcosme de la nuit ce Thierno. Mais que fait-il le jour ? Sur ses cartes de visite, le jeune homme, mannequin à ses heures, se présente à l’époque comme un consultant en stratégie digitale, spécialiste des réseaux sociaux. La police, elle, le connaît pour une petite affaire de détention de cocaïne.

En cette fin juillet 2017, Paris commence à sonner creux. Tiré à quatre épingles comme toujours, Thierno débute sa soirée par une halte au Montana, une boîte très select de la rive gauche, avant d’enchaîner au Matignon, un repaire de fêtards fortunés. L’oiseau de nuit atterrit ensuite au Titty Twister, une boîte de nuit à deux pas des Champs-Elysées. C’est là qu’il croise la route de Lisa. Elle a 24 ans. Ils se connaissent depuis plusieurs années, s’apprécient mais disent n’avoir jamais flirté ensemble. Etudiante en école de commerce, elle aussi fréquente assidûment les nuits parisiennes.

Une trace de sperme retrouvée sur le body
Thierno et Lisa trinquent à la vodka sans se soucier de l’addition, réglée par un ami. Le jour va bientôt se lever et personne n’a envie d’aller se coucher. Avec une connaissance commune, ils embrayent vers 6 heures du matin au No Comment, un bar de nuit de la rue de Ponthieu.

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Leur périple festif aurait pu s’arrêter là. Mais non. Thierno connaît du monde partout. On lui propose un « after » dans un bel appartement du VIIe arrondissement, à côté de la tour Eiffel. Ambiance « champagne et cocaïne » à l’heure du petit-déjeuner. Il embarque Lisa avec lui. Dans le taxi, les deux jeunes gens nettement éméchés finissent-ils par s’embrasser ? Lui affirme que oui. Elle conteste fermement.

Arrivée sur place, Lisa constate qu’elle ne connaît personne en dehors de Thierno. Contrairement aux autres convives, elle n’a pas consommé de drogue et finit par tomber de fatigue. La maîtresse de maison la conduit alors jusqu’à la chambre de sa fille. Lisa s’endort immédiatement. Avant d’être réveillée en sursaut quelques minutes plus tard.

A cet instant, elle dit avoir ressenti une vive douleur au bas-ventre puis constaté que Thierno s’est glissé dans le lit et a entrepris de la pénétrer en écartant son body et sa culotte. Les autres convives retrouvent ensuite Lisa en pleurs, prostrée dans la salle de bains.

Thierno se défend et quitte les lieux rapidement. La jeune femme dépose plainte le jour même pour viol et maintient ensuite, de manière constante, sa version des faits, accréditée par plusieurs témoignages recueillis par les enquêteurs du 3e district de police judiciaire et par deux éléments matériels. Une trace de sperme appartenant au jeune homme a été retrouvée sur son body. Par ailleurs, la victime a été infectée par une maladie sexuellement transmissible dont son agresseur était porteur. Pour sa défense, Thierno avance l’hypothèse d’un acte furtif, consenti mais aussitôt regretté par la jeune femme.

Le mis en examen parle de relations consenties
Dans les semaines suivantes, Lisa, plutôt que de s’effondrer, est déterminée. Elle cherche à savoir si d’autres jeunes noctambules auraient pu subir des expériences semblables à la sienne en côtoyant le dandy sénégalais. C’est ainsi qu’elle entend parler d’Elsa. Elle aussi aurait été victime d’un viol commis en août 2014 par le beau Thierno. Lisa transmet cette information aux policiers qui décident d’auditionner cette autre possible victime à la fin du mois d’octobre 2017. En amont, les deux jeunes femmes n’ont pas eu l’occasion d’échanger.

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Elsa livre pourtant un récit similaire en de nombreux points au scénario décrit par Lisa : une soirée bien arrosée en boîte de nuit suivie d’un « after » en appartement, son endormissement dans un lit interrompu par un viol de plusieurs minutes qu’elle subit « sans réaction », « tétanisée », « en état de choc », dos à son agresseur. Elle n’a alors que 17 ans et préfère enfouir ce souvenir, de peur, semble-t-il, de devoir en parler à ses parents. Le mis en cause, lui, reconnaît l’existence d’une relation sexuelle mais prétend que la jeune fille était consentante et même très entreprenante. Deux versions radicalement opposées, donc.

Le parquet de Paris a préconisé que l’affaire soit renvoyée devant un tribunal correctionnel. Mais les victimes s’y sont opposées, préférant un jugement devant la cour d’assises. « La pratique de la correctionnalisation, fréquente en matière de viol, est souvent proposée aux victimes au motif que la procédure serait moins lourde, moins longue ou moins difficile pour elles, expose Me Pauline Rongier, l’avocate d’Elsa et de Lisa. Mais pour mes clientes, cela serait revenu à minimiser les faits dont elles ont été victimes. Or, la gravité de ceux-ci justifie que leur auteur en réponde devant un jury populaire. »

De son côté, la défense de Thierno a fait appel de l’ordonnance de mise en accusation, dernière étape avant son renvoi définitif aux assises. « Nous avons relevé certaines incohérences dans les récits des plaignantes qui sont de nature à créer un doute sur le fait que les relations étaient non consenties », pointe Me Karim Laouafi, l’avocat de Thierno. Cet appel doit être examiné le 6 octobre par la chambre de l’instruction.

Ronan Folgoas

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