Après la disparition de Moussa, le cuisinier du Lutetia, ses désormais anciens collègues et patrons lui rendent hommage.
«Hier on était au bout, je n’avais aucune force pour servir les clients.» Ce dimanche 8 septembre, beaucoup de Beauvaisiens ont passé la porte du Lutetia, bar-restaurant-tabac de la place Jeanne-Hachette en amont de la frappadingue. Certains en ont profité pour remplir la cagnotte mise en place pour venir en aide à la famille de Moussa, le cuisinier de l’établissement décédé samedi 7 septembre dans un effroyable accident. Mais pour ses désormais anciens collègues et anciens patrons, la peine est dure à cacher.
Âgé de 37 ans et d’origine sénégalaise, Moussa avait été adopté à la naissance. Depuis quelques années, il exerçait dans la cuisine du Lutetia. «Il aimait son métier, il aimait les gens, raconte Turan, serveur et ami de Moussa. Quand je ramenais une assiette vide en cuisine, il demandait systématiquement si les gens avaient aimé. Il voulait faire plaisir aux gens avant tout. Même quand il n’avait rien, il donnait, jusqu’à se foutre dans la merde. Et malgré ses soucis, il ne se plaignait jamais. Aujourd’hui je perds plus qu’un collègue, c’était comme un frère. Il était toujours là pour moi, il croyait en moi. J’aurais aimé passer plus de temps avec lui.»
«C’était Monsieur grand sourire»
Denis, le barman, retient quelqu’un de jovial, heureux, gentil, et surtout solaire. «Il était toujours souriant, c’était Monsieur grand sourire. Dimanche, on a travaillé sans travailler, l’envie n’était pas là, il manquait son sourire…»
Samedi midi, Moussa était encore là, dans la cuisine du Lutetia, à préparer des bons plats dans la bonne humeur. Mais quelques heures plus tard, à 16h30, alors qu’il venait de terminer son service, le joyeux cuisinier n’est pas rentré chez lui. «On a appris par une tierce personne qu’il ne s’était pas rendu là où il devait aller», retrace Denis, non sans émotion. C’est là qu’ils ont compris que c’était lui, la victime du terrible accident de ce samedi après-midi.
En Chine au moment du drame, le patron du Lutetia a décidé de rentrer immédiatement en prenant le premier avion pour Paris. «Ils sont très émus de sa perte, on est une vraie famille pour eux, ajoute Denis. Ils ne pourront jamais le remplacer.»
Durant une semaine, au moins, la cuisine du Lutetia restera fermée. Et en attendant les obsèques de Moussa, la cagnotte restera elle bien en place sur le comptoir du bar.
Rappelons que le chauffard à l’origine de l’accident mortel qui a coûté la vie à Moussa conduisait sous l’influence de l’alcool et de la drogue.
Avec Oise Hebdo