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Angers : La Sénégalaise enceinte refuse d’embarquer dans l’avion pour Dakar

Angers : La Sénégalaise enceinte refuse d’embarquer dans l’avion pour Dakar

Une Sénégalaise, habitant à Angers, mariée à un Français et enceinte de trois mois, a été emmenée à l’aéroport de Roissy, mardi 23 juin. Sa reconduite à la frontière a échoué.

« Elle avait rendez-vous à 10 h chez sa gynécologue. » À cette heure-là hier, Khady filait vers l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle dans une voiture de police. Ce mardi 23 juin, cette Sénégalaise de 37 ans devait prendre place dans un avion à destination de Dakar. La faute à un arrêté portant obligation à quitter le territoire français. Malgré sa grossesse de trois mois.

Obligation de quitter le territoire malgré son mariage

Arrivée en France en octobre 2011 avec un visa de court séjour, elle s’installe à Angers. Elle y rencontre Ludovic, 47 ans, avec qui elle se marie en octobre 2013. Sa demande de titre de séjour de mai 2014 est court-circuitée par les conditions de son arrivée. La préfecture prend un arrêté d’expulsion le 19 juin.

l y a quelques semaines, la pression des services de l’État s’accroît. « Depuis deux mois, elle est assignée à résidence, retrace son époux, directeur dans une entité d’entreprise. Tous les matins à 9 h, elle doit pointer au commissariat Dupetit-Thouars, enceinte. La dernière signature devait être ce mardi. »

Vers Roissy sous escorte

Mais le rendez-vous tourne court. Et le SMS rassurant du matin se transforme en coup de fil alarmiste. « J’ai tout arrêté », lance le mari. Khady a juste le temps de passer prendre des affaires. Direction : Roissy sous escorte. « J’ai réussi à lui dire au revoir. »

Tout s’accélère. Ludovic part pour Paris. « À Roissy, j’ai erré d’aérogare en aérogare. » Il pense sa compagne partie. Mais Khady refuse d’embarquer. « Sinon, je ne la revoyais pas. » Il est invité à passer la chercher. Malgré sa grossesse, elle n’a rien mangé de la journée.

Restée irrégulièrement en France

À la préfecture, on se range derrière la loi. « Elle est entrée et s’est maintenue irrégulièrement sur le territoire français. » Ce qui « ne lui permet pas d’obtenir une carte de séjour temporaire « vie privée et familiale » en qualité de conjoint de Français. »

Me Julien Roulleau, avocat du couple avec Me N’Gom, nuance. « L’article L 313-14 stipule que, pour des raisons exceptionnelles et des considérations humanitaires, on peut régulariser une personne ».

« Absurdité de l’administration »

« On est face à des articles de loi », souffle Ludovic qui pointe « l’absurdité de l’administration ». Malgré le soutien du maire d’Angers. Me Roulleau s’étonne lui aussi de la célérité préfectorale. « Le recours contre l’obligation de quitter le territoire n’est pas suspensif, mais habituellement, la préfecture attend. Surtout quand une femme est enceinte. »

La préfecture annonce qu’elle convoquera Khady « ultérieurement pour examen complémentaire de sa situation administrative ». Inflexible, elle l’invite à « retourner au Sénégal pour y solliciter la délivrance d’un visa long séjour ». « On veut l’obliger à faire le yo-yo entre les deux pays », souffle Me Roulleau. Ludovic n’en revient pas. « Qu’est-ce qu’on a fait ? Elle est traitée comme une vulgaire criminelle. »

 

Ouest France

 

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