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Accusé de violences, le sénégalais portier d’une discothèque relaxé à Reims

Accusé de violences, le sénégalais portier d’une discothèque relaxé à Reims

L’agent de sécurité avait gazé une étudiante alcoolisée et un ami qui était venu la rejoindre pour protester contre le refus de la laisser entrer. La légitime défense a été reconnue par le tribunal correctionnel de Reims.

Physique impressionnant, Patrick travaille « depuis 20 ans » dans la sécurité. Ses employeurs n’ont jamais eu à se plaindre de lui, il n’a jamais été condamné ni mis en cause dans sa façon de gérer les incidents, et s’investit dans la vie municipale où tout le monde le décrit comme une personne irréprochable, « un monsieur très respectueux à l’écoute des autres ».

Pourtant, pour la première fois de sa vie, cet homme de 40 ans s’est retrouvé à la barre du tribunal correctionnel, poursuivi pour des « violences avec arme » à la suite d’une altercation survenue devant le Curt’N, discothèque du boulevard du Général-Leclerc où il exerce en tant que portier.

Skate à la main et coups dans la porte
Les faits remontent au 11 septembre 2019. Cette nuit-là, vers 2 heures, le vigile posté à l’intérieur de l’établissement refuse l’entrée à trois jeunes femmes au motif qu’elles sont « très alcoolisées ». Mécontentes, les demoiselles – toutes les trois étudiantes en médecine – alertent un ami qui débarque skateboard à la main ! « Il a tambouriné à la porte en exigeant de “voir le patron”. J’ai refusé. Il m’a insulté. »

“L’une des filles m’a donné un coup de pied. Je l’ai gazée. Comme son copain me menaçait avec sa planche de skate, je l’ai gazé aussi »

Des remarques déplaisantes en lien avec sa couleur de peau – le portier est d’origine sénégalaise – se font également entendre. À cet instant passent des « Maghrébins » qui captent les paroles. « C’est qui ce raciste ? », s’écrie l’un d’eux.

« C’est à ce moment-là que j’ai décidé de prendre ma gazeuse et de sortir pour empêcher la situation de dégénérer », explique l’agent de sécurité. « Moi qui suis sur le terrain au quotidien, je sais que ça peut partir à tout moment. Je suis sorti. Je me suis approché et l’une des jeunes filles m’a donné un coup de pied dans les parties. Je l’ai gazée. Comme son copain me menaçait avec sa planche de skate, je l’ai gazé aussi. »

Le jeune homme affirme s’être fait gifler par l’agent de sécurité lorsque celui-ci est sorti, ce qu’il conteste. La demoiselle, quant à elle, nie le coup de pied. Elle a déposé plainte – imité par le skater une semaine plus tard, à sa demande – et réclame 1 720 euros de dommages-intérêts lors du procès du portier qui s’est déroulé le 17 mai dernier.

« Riposte nécessaire, légitime et proportionnée »
« 1 720 euros ? Ça rapporte de venir complètement ivre en boîte de nuit ! », s’exclame Me Fanny Quentin, l’avocate du vigile contre lequel le parquet a requis quatre mois d’emprisonnement avec sursis.

« Voilà trois étudiantes en médecine qui arrivent à deux heures du matin alors qu’elles sont manifestement alcoolisées. Elles se font refouler. Au lieu de partir, que font-elles ? Elles restent et attendent un ami qui arrive avec un skateboard à la main, et que j’imagine bien vouloir faire le cador devant ses trois copines. Il tambourine à la porte, se fait repousser, s’énerve avec son skate tandis que l’une des jeunes filles donne un coup de pied à mon client. C’est dans ces conditions qu’il a fait usage de sa bombe lacrymogène. Sa riposte me paraît nécessaire, légitime et proportionnée. » Aussi Me Quentin plaide-t-elle la relaxe sur le fondement de la légitime défense.

Par jugement rendu en délibéré la semaine dernière, le tribunal a relaxé le portier.

Dakarecho avec l’Union

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