Senef.fr : Le site des Sénégalais de France
Le site des Sénégalais de France

À Chasselay, un cimetière pas comme les autres : le Tata sénégalais

tata sénégalais de Chasselay

La cité natale du compositeur Pierre-Octave Ferroud abrite le “Tata sénégalais” rappelant le massacre qui souilla son sol en 1940. À se rappeler en ce week-end de la Toussaint.

À mi-chemin entre Lyon et Villefranche-sur-Saône, Chasselay possède un patrimoine-souvenir classique : des vestiges de l’ancien château fort avec son traditionnel escalier à vis à l’église paroissiale qui date des années 1850, sans oublier le traditionnel lot de castels entourant la petite cité, du château de Machy au château de Bellescize, en passant par celui de Montluzin.

Mais la commune possède également un patrimoine autrement rare et peu commun : le Tata sénégalais. Un lieu où reposent les corps de 188 tirailleurs sénégalais nommés ou inconnus, morts là, mitraillés par l’armée allemande s’apprêtant à entrer dans Lyon en juin 1940. Un nom, tata, qui signifie justement “enceinte sacrée” en wolof, langue parlée au Sénégal. Un site devenu, comme d’autres en la matière dans l’hexagone, une nécropole nationale.

Du 19 au 20 juin 1940, à Chasselay et alentour, l’armée française et ses troupes coloniales sénégalaises retardent l’entrée des troupes allemandes dans Lyon, pourtant déclarée “ville ouverte” la veille, c’est-à-dire devant laisser faire. Mais l’info militaire n’est pas passée. Un régiment de Sathonay-Camp, un régiment de tirailleurs sénégalais et un groupe de civils dressent des barricades et combattent, luttant à un contre cent.

A LIRE  Les régimes autoritaires pourchassent leurs opposants en exil à peu de frais

Les Allemands l’emportent et font des prisonniers qu’ils divisent en deux groupes : les soldats blancs qui seront emmenés à Lyon et les soldats sénégalais noirs qui sont massacrés là, à la mitrailleuse, voire écrasés par des chars d’assaut. Alors que d’autres sont exécutés sur la commune voisine de Lentilly.

Horrifiés, les habitants de Chasselay rassemblent les corps des Sénégalais pour les enterrer dans un cimetière. Deux ans plus tard, ils sont transférés dans le Tata sénégalais, inauguré le 8 novembre 1942. Un lieu qui aujourd’hui témoigne encore, dans une enceinte rectangulaire de 2,8 mètres de hauteur, aux quatre angles surmontés de pyramides bardées de pieux. Avec un portail orné de huit masques africains et des pierres tombales enserrées dans de la terre venue par avion de Dakar, pour être mélangée avec de la terre française.

 

Gérard Corneloup

 

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *