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Au Havre, la mémoire de l’esclavage s’invite dans la rue

Au Havre, la mémoire de l’esclavage s’invite dans la rue

Le collectif bordelais Mémoires & partages est venu, mardi 9 janvier 2018, interpeller les Havrais sur les noms portés par certaines rues. Objectif : que les riverains s’approprient la mémoire de l’esclavage et du commerce triangulaire dans lesquels le port havrais a joué un rôle majeur.

Reportage

« Savez-vous que le nom de votre rue honore un homme qui a participé à l’esclavage ? » C’est avec une opération de porte-à-porte que l’association Mémoires & partages a choisi de sensibiliser. Dans le cadre de leur campagne #expliquetaruedenegrier, plusieurs membres, rejoints par des Havrais, ont fait étape au Havre, mardi après-midi.

Point de ralliement : la rue Jules-Masurier. « Il était un armateur négrier qui, malgré le décret d’abolition de l’esclavage de 1848, a continué à déporter des captifs africains, en 1860, avant de devenir maire du Havre, lance Karfa Sira Diallo, directeur de l’association. Nous sommes là pour dire que c’est une honte d’honorer quelqu’un qui a contribué à l’asservissement d’êtres humains. »

En plein après-midi, beaucoup d’habitants ne sont pas chez eux. Mais les quelques riverains interpellés reconnaissent ne pas savoir, ou « avoir oublié », qui était Jules Masurier. Un nom comme un autre pour ceux qui empruntent la voie chaque jour. Igor, d’origine sénégalaise, approuve l’initiative : « Je vais écrire un courrier à la mairie, comme ils me l’ont demandé. »

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Ce que réclame l’association, ce n’est pas de débaptiser les cinq rues concernées dans la cité Océane (Masurier, Begouen, Boulongne, Eyrier et Massieu). « Ce serait trop facile, estime Karfa Sira Diallo. Nous voulons que les noms restent pour ne pas oublier ce crime contre l’humanité (reconnu par la loi Taubira en 2001) , mais en faisant de la pédagogie avec l’installation d’un panneau explicatif dans les rues. »

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Une demande adressée, en fin d’après-midi, à Jean-Baptiste Gastinne, adjoint au maire en charge de la concertation publique. L’élu promet « que la Ville va réfléchir à la question, mais dans un contexte plus global autour de ce devoir de mémoire. Nous avons déjà engagé une démarche pédagogique auprès de la jeune génération, en travaillant étroitement avec l’Université et les écoles ».

Karfa Sira Diallo a interpellé les riverains de la rue Jules-Masurier, au Havre. Karfa Sira Diallo a interpellé les riverains de la rue Jules-Masurier, au Havre. | Ouest-France

Parmi la quinzaine de personnes présentes, Halimata, une Havraise de 33 ans. « On a besoin de partager autour de la traite qui a marqué l’histoire de cette ville, estime-t-elle. D’autant plus que le passé permet de comprendre le présent. L’esclavage est encore un combat actuel dans certains pays. »

Après Le Havre, qui s’est partagé avec Honfleur « la déportation de 90 000 esclaves entre 1679 et 1791 », les membres de l’association vont poursuivre leur campagne avec des étapes prévues à Nantes puis Bordeaux, leur ville d’attache.

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Avec Ouest France

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