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Grâce aux immigrés, nos entreprises sont plus compétitives

Ils sont 1,3 million d’immigrés à occuper un emploi dont les Français ne veulent pas. Des pans entiers de l’économie dépendent d’eux.

Ce matin de janvier, à l’usine du recycleur Paprec de la Courneuve (93), Marie-Sol Marques (née en Espagne) orchestre le retour des camions de Salif Bagaga (Mali) et Saho Kajally (Gambie). Dans l’entrepôt de tri, Lassana Mete (Mali) supervise les caristes Abderrahim Djennane (Algérie) et Sacko Soybou (Mauritanie), sous l’œil attentif du directeur adjoint, Antonio Monteiro (Portugal). Un tour dans les bureaux ? Les commerciales Meri Milos (Croatie), Meyriem Uysal (Turquie) et Fatima Pico (Algérie) sont pendues au téléphone. A la Communication, Mourad Kerkeni (Tunisie), Alexandra Fanartzis (Grèce) et Régis Faour (Bretagne) restent rivés à leur écran tandis qu’au service du personnel, Nabila Benchiheb (Algérie) échange avec le directeur de l’informatique, Anton Diaconu (Roumanie).

Troublant, cet organigramme black-blanc-beur de la base au sommet, non ? Mais, pour le président fondateur de Paprec, Jeanluc Petit-Huguenin, la diversité ethnique est tout sauf un artifice de communication. «Juste un formidable avantage compétitif», assure sa DRH, Sylviane Troadec. Avec 33 nationalités parmi ses 3.755 salariés, il vaut mieux ! Les résultats sont là : en vingt ans, les ventes du groupe ont littéralement explosé, passant de 3,5 à 800 millions d’euros.

Certes, rares sont les entreprises à compter autant d’immigrés, et à tous les échelons. Il n’empêche, des pans entiers de notre économie sont dépendants de ces 1,3 million d’actifs nés étrangers à l’étranger, et occupant un emploi légal. S’ils restent nombreux dans les secteurs piliers des trente Glorieuses comme la construction, ils n’ont pas échappé au boom du tertiaire. Concentrés en Ile-de-France, 73% d’entre eux travaillent dans les services aux entreprises (nettoyage, gardiennage, restauration, logistique) ou aux particuliers (aide aux malades, garde d’enfants).

Eh non, ils ne viennent pas pour «manger le pain des Français». «La plupart exercent dans des secteurs délaissés par les nationaux ou en pénurie de main-d’œuvre qualifiée, affirme Hippolyte d’Albis, professeur à la Sorbonne. Ils sont donc complémentaires, pas concurrents.» ils ne tirent pas non plus les salaires vers le bas. «La rémunération des moins qualifiés est bloquée au Smic, rappelle El Mouhoub Mouhoud, enseignant à Paris-Dauphine. En revanche, ils sont souvent contraints d’accepter du temps partiel et des horaires discontinus.»

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Pour les employeurs, cette flexibilité est le premier atout de la main-d’œuvre immigrée. «Sans eux, je ferme», avoue Daniel Vasseur. Sa société, la licorne, compte quinze agents de surveillance en Seine-Saint-Denis, dont douze nés hors de France. Un travail solitaire, des vacations de douze heures, souvent nocturnes, jours fériés inclus, payées à peine plus que le Smic… Pas étonnant qu’au niveau national, sur 150.000 vigiles répertoriés, plus de la moitié soient d’origine étrangère, selon Jean-Pierre Tripet, président du syndicat national des entreprises de sécurité (Snes).

Dans d’autres secteurs, c’est leur côté «durs à la tâche» qui rend les travailleurs immigrés si précieux. Notamment dans le bâtiment. D’ailleurs à la question «le BTP peut-il se passer de la main-d’œuvre étrangère ?», 65% des chefs d’entreprise interrogés par «le moniteur des travaux, publics» en 2011 ont répondu «non». Coffreurs, plaquistes ou couvreurs, ces jobs physiques, de plein air, s’apprennent souvent sur le tas. «Mon arrière-grand-père embauchait des portugais, mon grand-père des italiens, mon père des maghrébins et, moi, je recrute des polonais et des roumains, ça fait partie de notre histoire», rappelle Jacques Chanut, entrepreneur dans l’Ain et président de la Fédération française du bâtiment (FFB).

Troisième atout de ces employés venus d’ailleurs, ils n’hésitent pas à faire les boulots méprisés des autochtones. Les premières à s’en féliciter sont les entreprises de nettoyage. Pour vider les poubelles des bureaux, la connaissance du français n’est pas vraiment indispensable… «Plus d’un quart de nos 27.000 employés sont étrangers, en provenance notamment du Maroc, de Tunisie et du Mali», témoigne Philippe Maurette, DRH France du géant danois ISS. Souvent embauchés au Smic et pour moins de vingt heures par semaine, nombre de ces travailleurs doivent cumuler deux jobs.

Plus surprenant, les métiers d’aide à la personne rebutent aussi les Français de souche. «On garde une image «petits boulots», déplore Frank Nataf, fondateur du réseau d’assistance aux handicapés Advitam. Alors qu’on embauche à tour de bras et que nos intervenantes sont formées au BEP-CAP.» Une opportunité que de nombreuses femmes immigrées savent saisir, même si leur paie plafonne à 1.500 euros brut pour trente heures par semaine, auxquelles s’ajoutent de longs temps de transport. Mais cette bonne volonté n’est pas leur seul atout. «Nos clients apprécient leurs habitudes économes et leur empathie», note Frank Nataf. Des qualités également prisées des agences de nounous. «Avec les Africaines, tout se passe toujours très bien», constate Jean-François Bouffaut dont la société parisienne Kids’Home emploie 110 salariées, dont la moitié sont étrangères.

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Dans d’autres secteurs, plus qualifiés, c’est la pénurie de jeunes bien formés qui conduit les employeurs à recruter des étrangers. C’est notamment le cas des SSII, en manque d’informaticiens. L’an dernier, elles ont embauché quelque 800 ingénieurs issus d’écoles marocaines et tunisiennes. Et moins chers que leurs homologues français. «Autour de 1.800 euros brut par mois, contre 2.500 euros», avance régis Granarolo, de l’association professionnelle des informaticiens Munci.

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Plus d’une nounou sur trois vient de l’étranger

Alors que les femmes immigrées occupent en moyenne 8% des emplois, on en trouve proportionnellement quatre fois plus dans les métiers d’employées de maison. Chez Kids’Home, par exemple, une agence parisienne de nounous, la moitié des 110 salariées sont nées hors de France et, parmi elles, une sur deux hors de l’Union européenne.

Un quart des employés dans le gardiennage sont des immigrés 

Sachant que les hommes immigrés (nés étrangers à l’étranger) occupent en moyenne 9% des emplois en France, on considère qu’ils sont en surreprésentation dans les secteurs où ils excèdent cette proportion. Comme dans le gardiennage et la sécurité : chez La Licorne, l’entreprise implantée à Epinay- sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, douze des quinze vigiles sont d’origine étrangère.

Les 4 métiers où les immigrés occupent le plus de postes

. Ouvriers textile : 24%
. Ouvriers en bâtiment : 24%
. Ouvriers de sécurité : 21%
. Employés de restauration : 19%

 

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