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La difficile intégration des immigrés de la deuxième génération

Alors que l’Ined parachève sa grande enquête « Trajectoires et origines » sur la diversité des populations en France, les chercheurs s’inquiètent du sort des minorités visibles masculines nées en France.

C’est un travail qui fait enfin œuvre, après huit années de recherches publiées au fil de l’eau. L’Institut national d’études démographique (Ined) vient de rendre public dans sa collection « Grandes enquêtes » la synthèse de ses conclusions sur la colossale étude « trajectoires et origines » menée en 2008-2009 concernant l’intégration des immigrés en France.

Pour en arriver là, pas moins d’une vingtaine de chercheurs ont été mobilisés, pour examiner un échantillon de 22 000 personnes sur un spectre très large (emploi, religion, famille, éducation…). Cette étude est aussi une exception dans la tradition sociologique française, très réticente aux statistiques ethniques.

L’ÉCOLE, MAILLON FAIBLE DES POLITIQUES D’INTÉGRATION

Les conclusions de l’ouvrage montrent que l’intégration est en panne pour une partie des descendants d’immigrés. Pas dans les familles d’origine européenne, ni chez les filles d’immigrés, mais parmi les minorités visibles masculines de la deuxième génération. L’exclusion sociale de ces derniers est très précoce, « dès l’école primaire et le collège », atteste Cris Beauchemin, l’un des auteurs de l’enquête.

En effet, 20 % d’entre eux n’obtiennent pas le brevet des collèges, et 32 % quittent l’enseignement secondaire sans diplôme général technologique ou professionnel, contre 16 % dans la population majoritaire.

« Une des hypothèses, pour expliquer ce décrochage énorme, est que les garçons ont moins de cadre, sont plus libres d’aller et venir,, alors que pour les filles, dans les familles les plus sexistes, la mobilisation à l’école peut être vécue comme une stratégie d’émancipation par rapport aux hommes », explique Cris Beauchemin.

Cette mise en échec précoce détermine largement les parcours professionnels. Un enfant de Portugais aura 72 % de chances de décrocher un emploi un an après ses études, contre 57 % pour un enfant d’Algérien.

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LE POIDS DES DISCRIMINATIONS

L’enquête met en lumière une « intégration à sens unique » les concernant. Car 93 % de la deuxième génération d’immigrés se dit« d’accord » avec les phrases « je me sens Français » ou « je me sens chez moi en France ». Mais ce n’est pas toujours ce qu’ils ressentent dans le regard des autres : plus de 50 % des immigrés originaires d’Afrique, même naturalisés, « pensent qu’on ne les perçoit pas comme Français ».

L’étude tente de cerner la part des discriminations  : 47% des personnes originaires d’Afrique subsaharienne, 32 % du Maroc, 30 % d’Algérie disent en avoir fait l’expérience.

Les chercheurs se montrent en revanche très prudents sur le « racisme anti-Blancs ». Certes, 15 % de la population majoritaire déclare en avoir été victime, mais ce rejet reste sans conséquence sur la carrière professionnelle, ou la réussite scolaire.

L’Ined voudrait « prendre régulièrement la mesure » de ces inégalités dans notre société. Une deuxième étude reprenant les mêmes questions que « Trajectoires et Origines » est programmée pour 2018.

 

 

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