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Les Diagne, une famille d’origine sénégalaise, française et fière depuis 3 générations

Avec Blaise Diagne (1872-1934), ses fils Adolphe (1907-1985) et Raoul (1912-2002), son petit-fils Blaise Diagne, cette famille a connu quatre membres représentant la France et les Français.

A une époque où le ‘débat sur l’identité nationale’ apparaît souvent comme un euphémisme sur l’impossibilité de l’intégration des Noirs et des musulmans issus de l’immigration africaine, il peut être intéressant de conter, à l’endroit de Noirs cherchant à lutter contre cette soi-disant fatalité, l’histoire de la famille Diagne dont les membres, depuis trois générations ont représenté la France et les Français.

Blaise Diagne (1872-1934)

Blaise Diagne, 1921

Le premier et le plus ancien d’entre eux est Blaise Diagne (1872-1934).

Fils de Niokhor, un Sérère de Gorée qui était cuisinier et marin, et Gnagna Preira, une mandjaque originaire de Guinée-Bissau, Blaise Adolphe Diagne, naît à Gorée le 13 octobre 1872. Il s’appelait Gaiaye M’Baye Diagne.

C’est à l’Ecole des Frères de Ploërmel de Gorée où son père adoptif, Adolphe Crespin, l’inscrivit, qu’il fut baptisé « Blaise ». Plus tard, il l’envoya poursuivre ses études dans le sud de la France, à Aix-en-Provence.

Il termine ses études à Saint-Louis, au Nord du Sénégal et en 1891, est reçu au concours des douanes coloniales. C’est ainsi qu’après le Dahomey, le Congo, Madagascar, La Réunion, (où il est accepté par le Grand Orient ce qui fait de lui l’un des premiers Noirs francs-maçons), il réside en Guyane.

Je suis noir, ma femme est blanche, mes enfants sont métis, quelle meilleure garantie de mon intérêt à représenter toute la population ?

En 1913, alors que le Sénégal fait partie de l’A.O.F., il revient dans son pays d’origine pour se présenter aux élections législatives et, le 10 mai 1914, il est élu député du Sénégal au sein de l’assemble nationale française. C’est une première. La vie politique sénégalaise est contrôlée, jusqu’en 1914, par les Européens vivant dans la colonie et les métis. À cette date, Blaise Diagne met fin à leur hégémonie.

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En 1918, alors que la France est en guerre, Blaise Diagne parvient à convaincre des dizaines de milliers d’Africains de s’engager volontairement pour ce pays et promet qu’ils accèderont à la citoyenneté pleine et entière à l’issue du conflit. Il y eut bien une loi « Blaise Diagne », promulguée en 1916, permettant d’obtenir et de conserver la citoyenneté française aux originaires des « quatre communes » (Gorée, Dakar, Saint-Louis, Rufisque) et plus tard à leur descendants.

En 1931, il est nommé sous-secrétaire d’Etat aux colonies. De 1920 à 1934, Blaise Diagne est maire de Dakar.

‘Français avant d’être Noir’, comme il se décrivait, il vantait les mérites du droit des Noirs dans la société française et par la liberté que la France avait apportée en Afrique. Il mourra en 1934 en France, laissant derrière lui trois enfants issus de l’union avec son épouse blanche Odette : Adolphe, Rolland et Raoul.

Gnagna Preira et les trois petit-fils de Blaise Diagne

La mère et de Blaise Diagne et ses trois petit-fils

 

Raoul Diagne

Raoul Diagne, premier Noir/Métis à être sélectionné en équipe de France

Ce dernier, né en 1910 lors d’une mission de son père en Guyane, devint joueur de football professionnel en 1932, marquant les deux premiers buts de l’histoire du Racing Club de Paris en Championnat de France, bien qu’il ait joué comme défenseur.

Car la polyvalence de Diagne, était un de ses principaux atouts. Défenseur, il a également évolué au poste de milieu, d’attaquant et même de gardien de but. Il remportera le Championnat, la Coupe de France et sera le premier joueur ‘de couleur’ à intégrer l’équipe de France avec qui il participera à la Coupe du Monde 1938. Il terminera sa carrière de joueur à Gorée, la ville natale de son père au Sénégal.

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Une carrière d’entraîneur qui allait le voir entraîner à l’étranger, notamment au Sénégal, allait suivre. En 1963, entraîneur de la première équipe de foot sénégalaise d’après l’indépendance, il bat l’équipe de France lors des « Jeux de l’amitié ». Il est considéré au Sénégal comme le « grand père du football sénégalais ».

Il mourra en 2002.

 

Adolphe Diagne

Adolphe DiagneAdolphe Diagne est né en 1907 à Paris.

Après avoir été médecin-lieutenant dans les troupes coloniales en Mauritanie, il est médecin-capitaine en 1936 et est affecté au Sénégal puis au Tchad. En 1946, il est médecin-chef du service d’hygiène de Dakar avant d’être promu médecin lieutenant-colonel en 1949. Premier conseiller du haut-commissaire auprès de la République du Sénégal en 1959, il est chargé de mission auprès du ministre de la Coopération en 1962.

Adolphe Diagne, commandeur de la Légion d’Honneur (son père l’avait, quant à lui, refusée) est décédé en 1985 et enterré à Lourmarin.

 

 

Blaise Diagne (né en 1954)

Blaise DiagneFils d’Adolphe Diagne, médecin militaire pendant la seconde guerre mondiale, Compagnon de la Libération et de son épouse d’origine bretonne, Blaise Diagne (né en 1954) est devenu en 2001 maire de la ville de Lourmarin.

Né en région parisienne, il déménage à Lourmarin en Bretagne à l’âge de 27 ans où sa mère possédait une ferme et où ses parents s’étaient rencontrés. Il y devint agriculteur puis obtint l’opportunité d’entrer au Conseil Municipal.Du Sénégal, il ne lui reste plus que quelques souvenirs d’une année et demi passées. Il ne lui reste selon lui pas non plus de choses à apporter au Sénégal, qu’il ne souhaite pas visiter dans l’immédiat. Sa vie est ici, à Lourmarin en France. Ne serait-ce pas là un cas de réussite d’une intégration, voire d’une assimilation, présentées comme impossible d’Africains dans la société française?

 

 

Source : Nofi

 

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2 commentaires sur “Les Diagne, une famille d’origine sénégalaise, française et fière depuis 3 générations”